avril 18, 2024

Cuban Network – Fidel ou Pas?

Titre Original : Wasp Network

De : Olivier Assayas

Avec Penélope Cruz, Edgar Ramirez, Wagner Moura, Gael Garcia Bernal

Année : 2020

Pays : France, Espagne, Brésil, Belgique

Genre : Espionnage

Résumé :

Début 90. Un groupe de Cubains installés à Miami met en place un réseau d’espionnage. Leur mission : infiltrer les groupuscules anti-castristes responsables d’attentats sur l’île.

Avis :

Olivier Assayas est vraiment un réalisateur singulier dans le cinéma français. Réalisateur qui offre un cinéma qui pousse à la réflexion, un cinéma qu’on peut aisément qualifier d’intellectuel, Olivier Assayas est cependant capable du meilleur comme du pire. Si l’on se rappelle tous de films comme « Sils Maria » ou « Fin Août, Début Septembre« , il faut dire aussi qu’il a été capable de nous endormir et là, d’emblée, on pense à « Double vies« , son dernier film en date.

Présenté à Deauville, ayant l’honneur de boucler son édition 2019, jouissant d’un casting internationalement hispanique, Olivier Assayas nous revient avec « Cuban Network » et après l’échec de « Doubles vies« , le réalisateur nous livre un bon film. « Cuban Network » revient sur la crise entre Cuba et les États-Unis, dans une époque dont on parle assez peu, les années 90. Film politique, « Cuban Network » est aussi un bon film d’espionnage, qui malgré des longueurs arrive sans aucun mal à nous tenir en intérêt de bout en bout. On en ressort agréablement diverti, avec la sensation d’avoir aussi été instruit, car si l’on connaît les principales crises majeures entre les deux pays, comme la baie des cochons ou encore la crise des missiles, on connaît bien moins les faits que relate le cinéaste français.

Au début des années 90, plusieurs Cubains se sont installés à Miami, sous prétexte d’avoir fui le régime de Fidel Castro. Ensembles, ils ont monté une structure afin d’aider d’autres cubains à fuir l’île. Mais au-delà de cette image de traître à leur pays, peut être que finalement, ce groupe de personnes a d’autres idées en tête…

Après un petit retour chez nous, Olivier Assayas s’envole pour au moins deux films aux États-Unis. « Cuban Network » est le premier des deux à sortir, et on peut dire que le cinéaste français arrive-là où l’on ne l’attendait pas, puisqu’il se lance dans un récit qui narre une « des crises » entre Cuba et les USA.

Le sujet est alors on ne peut plus intéressant et autant dire qu’à la découverte de ce nouveau Assayas, on est servi. Le scénario écrit pas Assayas lui-même, adapté de Fernando Morais, respire le travail et l’envie de coller aux faits. « Cuban Network« , c’est un film précis et complexe. C’est un film qui est dense et riche, qui raconte plus de quinze années de batailles, de retournements de situations, de trahisons et de révélations en tout genre. Si Olivier Assayas peut nous perdre parfois, avec un scénario qui, dans sa précision, arrive aussi à se faire confus, le réalisateur nous rattrape toujours et jamais, finalement, on se sent perdu dans ce récit. Ce qui est très bon avec ce scénario, c’est que « Cuban Network » emprunte aussi bien au drame qu’au film d’espionnage. Olivier Assayas mélange les genres, passe d’un personnage à l’autre avec fluidité, il donne du relief et du fond à son intrigue et on se laisse porter par ces histoires. Alors on reprochera toutefois au film d’être un poil trop long, de s’arrêter sur des éléments qui ne sont pas forcément très utiles à l’intrigue elle-même, malgré le fait qu’il soit intéressant au demeurant.

Du côté de la mise en scène, il est vrai que le film traîne de la patte, comme je le disais, sur les deux heures cinq qu’il fait, on pourrait facilement lui enlever un bon quart d’heure. Mais au-delà de ces défauts, « Cuban Network » est un film qui a un certain cachet. C’est un film qui esthétiquement parlant est très beau et très réussi. D’une grande qualité, on appréciera aussi bien la reconstitution des années 90, l’insertion des images d’archives à l’intérieur du récit, ce qui donne beaucoup de légitimité à ce que nous raconte son réalisateur. On notera la qualité des effets spéciaux ou encore des prises réelles qui démontrent bien l’envie d’Assayas d’offrir un métrage qui colle au plus près de la réalité. Seul petit bémol, la BO qui, quand elle n’est pas facile, est à côté de la plaque.

Enfin, pour ce film, Olivier Assayas s’est fait plaisir et a convoqué la crème de la crème des comédiens hispaniques. « Cuban Network« , dans un sens, c’est l’un des plus beaux castings de l’année, Penelope Cruz, Ana de Armas, Édgar Ramírez (qui retrouve Assayas neuf ans, après « Carlos« ), Gael García Bernal, Leonardo Sbaraglia, Wagner Moura … Chacun d’eux trouve un rôle à sa mesure, et ensemble ils composent un tableau des plus intéressants.

Pour son dix-septième film, malgré ses défauts, Olivier Assayas nous fait très vite oublier son horrible « Doubles vies« . Intéressant, solide, riche, jouant la carte du film d’espionnage autant que celle du drame et du film politique critiquant le régime de Castro, mais aussi celui de Clinton, « Cuban Network » est une bonne surprise que, personnellement, j’ai déjà hâte de revoir.

Note : 16/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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