Avis :
Demat. Yen eo an amzer !
Quand les non bretons (dont fait partie l’auteur de ces lignes) mettent musique
et Bretagne dans la même phrase, ils pensent tout de suite à Tri Yann, Dan Ar Braz, Alan Stivell,
Merzhin ou Matmatah (non, je ne mentionnerai pas Manau…), un cliché restreint qui ne fait pas justice à la scène
locale riche et variée au sein de laquelle on trouve des artistes comme Brieg Guerveno. Chanteur et musicien dès son plus jeune âge
où enfant il a débuté dans un bagad, Brieg Guerveno a
commencé par le métal, en fondant notamment le groupe de black metal Operarcanes. En solo, il a orienté sa
musique sous des influences doom et progressives, de groupes comme Anathema ou Opeth, avec à chaque fois la volonté de chanter en breton. Après
trois albums en autoproduction, il signe chez Klonosphère, label poitevin au
répertoire de très bonne qualité (Klone,
Trepalium et Hacride à l’origine du label, 7
Weeks, Aro Ora, Projet Sapiens, etc) et sort ‘Vel Ma Vin, orienté
vers une musique folk épurée et plutôt sombre que n’auraient pas renié les
finlandais d’Hexvessel.
La très belle pochette riche en détails annonce le ton. Les 8 pistes de ‘Vel Ma Vin proposent la bande son d’un voyage méditatif où les paysages défilent en noir et blanc. Nul besoin d’être brittophone pour adhérer totalement tant cette belle langue et le chant de Brieg Guerveno se fondent à merveille dans cette folk mélancolique. Une folk qui revêt des tonalités électriques avec les nappes délicates du guitariste Stéphane Kerihuel dans le morceau Petra zo Bet sur la question de l’environnement. La violoncelliste Bahia el Bacha apporte une profondeur supplémentaire à chaque intervention, quand la voix de Nolwenn Korbell accompagne à merveille celle de Brieg Guerveno sur Tra Ma Vo et l’atmosphérique Ur Wech Adarre. Yann Lignier et Guillaume Bernard de Klone font une très belle apparition sur l’émouvant An Treizh. De ‘Vel Pa Vefemp au final poétique Em Digenvez en passant par l’instrumental Litoriennig, chaque titre a son identité, son atmosphère propre et à aucun moment on ne ressent la moindre lassitude. Dire à quel point cet album est beau n’est qu’un euphémisme, car il ne se raconte pas, il se vit, se savoure à chaque seconde.
Passionnant de bout en bout, sublimant à chaque fois une musique revenue aux sources de ce noble art, ‘Vel Ma Vinse vit comme une balade et en fermant les yeux, on se retrouve en promenade le long du Cap Sizun ou sur la pointe du Raz à contempler la mer d’Iroise. Lorsque la dernière note est jouée et qu’on ouvre les yeux, une larme roule en pensant à la beauté de ce qu’on vient d’écouter et l’envie d’appuyer de nouveau sur le bouton play est plus forte que tout. Trugarez dit Brieg Guerveno !
- ‘Vel Pa Vefemp
- An Treizh
- Ar Sekred
- Petra Zo Bet
- Litoriennig
- Tra Ma Vo
- Ur Wech Adarre
- Em Digenvez
Note : 19.5/20
Par Nikkö