Avis :
Le Doom Métal est un genre assez particulier car il puise ses références autour de l’occultisme et qu’avec ses riffs bien lourds et lents, on pourrait croire que c’est le genre exclusif aux satanistes et autres malades du ciboulot. Mais il faut souvent aller plus loin que les préjugés pour se rendre compte qu’il n’en est rien que si Black Sabbath est un peu à l’origine de ce genre, d’autres ont suivi la piste pour se jeter corps et âme dans ce style si particulier. Un genre qui laisse peu de place à l’exposition médiatique, voire pas du tout, mais qui profite de groupes dont les créations sont tout simplement sublimes et subtiles. Fondé en 2006 par un duo homme/femme, lui à la guitare et elle à la batterie, The Lamp of Thoth a un parcours très particulier et assez atypique. En effet, depuis leur formation et l’ajout d’un bassiste, le groupe n’a pas vraiment fait d’album. Hormis Portents, Omens & Doom en 2008, le groupe n’avait plus rien fourni, si ce n’est un single et quelques EP afin de garder une actualité assez constante. Et This is not a Laughing Matter possède aussi une aura particulière, puisqu’il ne s’agit pas vraiment d’un album, mais plutôt d’une compilation de certains morceaux du groupe depuis 2009. Et en l’état, est-ce que c’est bien The Lamp of Thoth ?
On pourrait dire que c’est plutôt pas mal en effet. Le skeud débute avec Skull Fuel, un titre qui fait très heavy pour le coup et pas forcément Doom. Entre une voix assez éraillée et nasillarde qui rappelle les belles contrées anglaises (le groupe provient du Wes Yorkshire) et des riffs assez puissants mais plutôt rapides, avec en prime un solo qui déboîte bien, le groupe attise la curiosité et donne envie d’en écouter un peu plus. En parlant de Heavy, le groupe va proposer quelques titres qui vont dans ce sens, comme par exemple Me Man (Me Drink) et son refrain enjoué sur la picole ou encore Demon Witch qui envoie du bois et qui s’avère être l’un des meilleurs titres de l’album, notamment grâce à ses ruptures et à une voix qui s’accorde parfaitement avec la rythmique ou les références faites. The Lamp of Thoth sort donc de sa zone de confort et n’hésite pas à faire du Heavy plutôt que du Doom de temps à autre, et même du punk ou des chansons plutôt drôles. On a cité Me Man (Me Drink), qui est un vrai moment punk dans sa démarche et sa rythmique endiablée, mais on peut aussi citer Drinking Song, un titre a cappela qui rappelle les bonnes vieilles soirées à la taverne avec des potes et de la bière.
Mais chassez le naturel il revient au galop et The Lamp of Thoth ne délaissera pas bien longtemps son Doom. Le deuxième morceau de l’album, Thi’Boggard, est une longue piste de plus de huit minutes qui va prendre le temps d’installer une ambiance lugubre et de poser des riffs lourds et lents. D’ailleurs, les accointances avec Black Sabbath seront nombreuses, notamment sur des titres comme cela, très longs et posant une vraie ambiance. On peut citer Dark World, qui est dans la même veine, avec quelques variations en plus, ou encore An Oath Sworn on the Ashlar Stone, malgré un rythme plus rapide et des riffs moins lourds. Bien évidemment, The Slog est typiquement un morceau de Doom avec des riffs très graves, bien posés et Issek of the Jug est à peu de choses près similaire, mais avec un rythme plus scandé et plus rapide. Cependant, il y a un morceau qui sort complètement du lot dans cet album (ou compilation), c’est They Dance. Si le titre est très long et s’articule autour de divers genres, il ressemble à s’y méprendre à un morceau de System of a Down et il fait figure d’outsider dans ce skeud. Le morceau est maîtrisé, parfaitement exécuté pour ne jamais ennuyer, mais entre la voix du chanteur et le rythme, ainsi que l’ambiance qui imprègne le titre, on a vraiment l’impression d’écouter un morceau du groupe de Serj Tarkian.
Au final, This is not a Laughing Matter, le dernier album (compilation) de The Lamp of Thoth, est assez intéressant dans le sens où le groupe ne se repose pas seulement sur un Doom bien gras, mais essaye aussi de faire des titres plus heavy et d’autres un peu plus accessibles. On se retrouve donc face à un album plutôt réussi, assez complet, même s’il comporte quelques menus défauts, comme une durée trop longue et des titres parfois interminables, dépassant allègrement les huit minutes. Mais finalement, qu’importe, on prend du plaisir et c’est bien là l’essentiel.
- Skull Fuel
- Thi’Boggard
- Dark World
- Me Man (Me Drink)
- They Dance
- An Oath Sworn on the Ashlar Stone
- Drinking Song
- Demon Witch
- The Slog
- Issek of the Jug
- This is not Doom!
Note: 14/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=GRgRqh1yzvM[/youtube]
Par AqME