avril 18, 2024

Vendredi 13

Titre Original : Friday the 13th

De : Marcus Nispel

Avec Jared Padalecki, Amanda Righetti, Derek Mears, Danielle Panabaker

Année: 2009

Pays: Etats-Unis

Genre: Horreur

Résumé:

Un groupe d’adolescents découvre le camp de Crystal Lake en même temps que le terrifiant Jason Voorhees et ses intentions meurtrières…

Avis :

Au même titre que Michael Myers, Jason Voorhees est une figure mythique du cinéma horrifique, plus particulièrement du slasher. Étrangement, sa renommée ne s’est pas construite avec un seul film qui fait office de classique, mais au fil de métrages dont les qualités sont plus ou moins discutables, voire déclinantes. Cela sans compter son absence dans le premier Vendredi 13. Tant par ses victimes en devenir que par les producteurs, le personnage se sera fait malmener à bien des égards. On songe notamment à l’effroyable Jason va en enfer où l’on remisait le tueur à un vulgaire parasite « démoniaque » !

Fort heureusement, on s’écarte de cette vision surnaturelle et saugrenue, tout comme on délaisse les truculentes aventures intersidérales de Jason X. Déjà responsable du très bon remake de Massacre à la tronçonneuse, Marcus Nispel se lance dans une nouvelle adaptation d’un monument de l’horreur. Par le passé, l’homme était parvenu à assimiler les fondamentaux de l’œuvre de Tobe Hooper avec un traitement assez personnel en s’affranchissant des velléités mercantiles d’un tel exercice. Pour le présent métrage, les ambitions du cinéaste ne sont pourtant pas d’offrir une version « modernisée » de la première histoire de Vendredi 13, mais plutôt d’entreprendre la synthèse de ce qui régit la saga dans son entièreté, toutes excentricités antérieures exclues.

On ne peut donc pas véritablement parler de remake ni même de reboot. Le premier point suppose un modèle narratif clairement établi, tandis que le second vise un nouveau départ, toujours avec une base commune. Or, on se retrouve avec une trame qui tente d’amalgamer le deuxième et troisième opus. L’introduction, elle, fait office d’un clin d’œil appuyé au premier volet. En cela, la construction en deux parties principales peut déconcerter, car elle présente deux histoires apparemment distinctes se déroulant dans un cadre commun. Malgré le fait d’offrir une continuité aux massacres perpétrés, il en ressort un processus répétitif, malheureusement affublé des poncifs propres au slasher.

Il est vrai que le genre n’est pas réputé pour la qualité de ses scénarios. Certains d’entre eux confèrent même à l’indigence la plus totale. Bien qu’elle soit dépourvue d’incohérences flagrantes, cette cuvée 2019 reste d’une grande prévisibilité. La progression linéaire ne souffre d’aucun détour à même de surprendre l’amateur. Par ailleurs, on a droit aux sempiternels protagonistes décérébrés qui ont visiblement brillé par leur absence lors de la distribution de cerveaux à la naissance. De comportements individualistes aux motivations qui ne dépassent pas le niveau de la ceinture, l’essence même du slasher et du cinéma d’exploitation se révèle ici dans toute sa splendeur.

Et c’est bien ce qui peut rebuter dans le film : une absence totale de risques. Hormis un traitement ultra-référentiel, Vendredi 13 manque d’identité, ne serait-ce qu’à travers les différentes façons d’occire cette chair fraîche dégoulinante d’hormones. Là encore, on nous ressert quelques allusions, comme ce magnifique tir à l’arc ou le tout aussi incontournable lancé de hache. Certes, l’ensemble reste dynamique et relativement généreux en assassinats. On regrette néanmoins une brutalité beaucoup trop en retrait par rapport à d’autres itérations similaires. Il y a bien ce côté implacable, presque viscéral, propre à Jason, mais l’on sent clairement que la violence est calibrée pour ne pas choquer outre mesure.

En revanche, il est certains points sur lesquels le film aurait gagné à approfondir. On songe tout d’abord à la vélocité de Jason. On le connaît pour son gabarit impressionnant, mais un rien balourd. Or certaines séquences lui offrent une certaine agilité, notamment en poursuivant ses victimes en courant ou en sautant. De même, le fait de se focaliser sur un traitement rationnel reste nettement plus intéressant que d’exploiter le « syndrome de l’increvable ». On songe à son passé, ainsi qu’à son cadre de vie, peu avancé dans les précédents métrages. Cela se traduit aussi par la présence d’un réseau de tunnels sous Crystal Lake. Excellente idée qui demeure néanmoins sous-développée.

Au final, Vendredi 13 vu par Marcus Nispel laisse perplexe. Là où le réalisateur réussissait à convaincre le public de fort belle manière avec Massacre à la tronçonneuse, il laisse plus dubitatif avec sa vision de Jason Voorhees. Certes, cette version 2009 est nettement supérieure à la plupart des suites de la saga. Toutefois, ce métrage ne présente qu’un spectacle convenu qui s’approprie aussi bien les qualités que les faiblesses du slasher. Sur le fond, l’ensemble reste très basique et déçoit par tant de frilosités créatives. Sur la forme, on a droit à une incursion dynamique et relativement efficace dans ce double massacre. Il en ressort un exercice inconstant qui se repose sur les acquis (et les bévues) de ses prédécesseurs. Correct, mais dénué d’une identité propre.

Note : 13/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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