mars 28, 2024

Lukas

De : Julien Leclercq

Avec Jean-Claude Van Damme, Sveva Alviti, Sami Bouajila, Alice Verset

Année : 2018

Pays : France, Belgique

Genre : Thriller

Résumé :

Un ancien garde du corps qui enchaine les petits boulots de sécurité dans des boites de nuit pour élever sa fille de 8 ans se retrouve contraint de collaborer avec la police. Sa mission: infiltrer l’organisation d’un dangereux chef de gang flamand.

Avis :

C’est à la fin des années 80 que Jean-Claude Van Damme commence à être connu, notamment pour ses rôles dans Bloodsport ou Kickboxer. Par la suite, il est rapidement devenu une icône du cinéma d’action, au même titre qu’un Arnold Schwarzenegger ou qu’un Sylvester Stallone. Cependant, l’acteur a subi de plein fouet une violente traversée du désert à cause de choix de carrière douteux et il est devenu plus connu grâce à ses frasques sur les plateaux télé ou lors d’interview que pour ses rôles dans le cinéma. C’est en 2008 qu’un film va changer la donne, JCVD de Mabrouk El Mechri, qui est une sorte de faux documentaire sur l’acteur, le montrant sous un jour nouveau, loin de la castagne et du sang, plus proche de l’autodérision et de l’introspection dramatique. Tout le monde découvre alors un Jean-Claude Van Damme acteur, touchant et bourré de talent. Aujourd’hui, l’acteur tourne plus et mieux, même si certains choix sont encore discutables. Moins de drogue, plus d’eau, Jean-Claude Van Damme tend à revenir sur le devant de la scène. La preuve en est avec Lukas, un film qui essaye encore et toujours de casser son image de gladiateur des temps modernes.

Lukas est un film franco-belge de Julien Leclercq dont le pitch semblait plutôt alléchant à sa lecture. Un ancien garde du corps, père célibataire, videur dans une boîte de striptease, va devoir infiltrer un gang qui fait de la fausse monnaie. Sorte de thriller teinté de drame au rythme lent et à l’ambiance délétère, Lukas promettait de sortir des sentiers battus et de présenter l’acteur sous un jour nouveau. Malheureusement, ce ne sera pas vraiment le cas car le film se repose entièrement sur son acteur principal et sur sa performance, au lieu de peaufiner son scénario et sa mise en scène. Et c’est bien là tout le problème du film, qui tient sur de petits riens parfois insuffisant pour emporter le spectateur vers une concentration de tous les instants. Lukas, c’est Jean-Claude Van Damme et personne d’autre, jouant ici à la perfection ce père courage mutique, qui fait tout pour donner un bel avenir à sa fille et échapper à un passé trouble. Passé à peine évoqué, comme si le scénariste ne savait que raconter, se disant certainement qu’en dire le moins possible était une belle démarche d’auteur.

Le scénario de ce film est un vrai problème aussi car il est extrêmement simpliste. Un homme intègre une boîte de nuit, il se fait pincer par un policier qui refuse de lui montrer sa plaque et qui le fait chanter avec son passé et sa fille. Il infiltre donc un réseau et va tout faire pour sauver sa fille et sa vie. Les différentes actions qui se déroulent dans le film sont assez basiques. Quelques bastons, une paire de fusillades, des trafiquants à faire chanter. Bref, c’est très simple dans sa montée violente et le film ne réserve que peu de surprises. Là où c’est un peu plus intéressant, c’est dans la relation entre le père et sa fille. Si c’est simple aussi, c’est surtout réaliste et fait avec une certaine retenue, provoquant finalement une empathie pour ce pauvre mec dont la vie n’est pas toujours rose et qui essaye de faire de son mieux pour sa fille unique. Il est même dommage que les liens affectifs ne soient pas plus présents dans le film, qui se concentre vraiment sur l’ascension de Jean-Claude Van Damme dans cette espèce de cartel belge et qui occulte par moments la vie quotidienne de cette famille. On voit bien que ce n’est pas ce qui intéresse Julien Leclercq, que cela n’est finalement qu’un tremplin pour apporter de l’épaisseur au personnage principal.

Reste l’ambiance qui est particulièrement réussie. Quasiment uniquement filmé à Bruxelles, le film est très nihiliste et toutes les personnes que l’on voit sont des salauds ou des crapules. Que ce soit le petit bras qui s’occupe du bar au flic qui fait chanter le héros, en passant par la jolie nana un peu ivre au départ et qui fabrique de faux billets, personne dans ce film n’est vraiment clean. Si d’un côté cela donne une ambiance presque dangereuse et urgente au métrage, on aura encore et toujours cette sensation de non véracité. Ce que l’on voit n’est pas réel et ça se sent. Cela manque de maturité, de crédibilité et de nuances. Le film est gris, les teintes sont grises, l’histoire est grise, il pleut tout le temps et toutes les personnes sont grises, quand elles ne sont pas noires à l’intérieur. C’est lourd, c’est plombant et on ne ressent rien pour personne, si ce n’est le héros, quand il est avec sa fille. Le film essaye aussi de faire un petit twist final pour surprendre, mais c’est aussi fin qu’un boudin et on retombe encore dans un monde bien pourri, sans une once de nuances. Comme la mise en scène, qui se veut presque auteurisante, tant il y a de plans-séquences lors des bastons ou des courses-poursuites, se collant au plus près du personnage central pour le démystifier. On ressent l’influence d’un Darren Aronofsky pour The Wrestler, mais Julien Leclercq n’a pas le talent de l’américain et il se contente de singer des tics de réalisation qui ne servent à rien ici…

Au final, Lukas est un film très moyen, pour ne pas dire banal. Jouant son va-tout avec son acteur principal, Jean-Claude Van Damme, pour essayer de casser son image et de le présenter dans un thriller âpre et mou, Julien Leclercq oublie d’écrire un scénario digne de ce nom et d’avoir une véritable identité visuelle. En l’état, Lukas est un film peu passionnant, qui enfile les clichés comme les perles et où surnage un acteur dont on connaissait déjà les mérites. Bref, un film dispensable, qui essaye peut-être de faire bouger le thriller français, mais qui s’enfonce irrémédiablement dans une idée qui n’en est pas vraiment une au départ…

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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