mars 29, 2024

Les Misérables – Révolte Sociale

De : Ladj Ly

Avec Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Didier Zonga, Jeanne Balibar

Année : 2019

Pays : France

Genre : Policier, Drame

Résumé :

Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux « Bacqueux » d’expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes…

Avis :

Ladj Ly est originaire de Montfermeil en Seine-Saint-Denis. Il commence sa carrière au sein du collectif Kourtrajmé, fondé en 1995 par ses amis d’enfance Kim Chapiron et Romain Gavras. En 1997, il réalise son premier court-métrage, « Les Bosquets« . Après les émeutes de 2005, il décide de filmer son quartier pendant un an et d’en faire un documentaire, « 365 jours à Clichy-Montfermeil« . Dix ans plus tard, en 2017, il réalise le court métrage « Les Misérables« , qui est nommé aux César l’année suivante. C’est de ce court que Ladj Ly s’inspire pour réaliser son premier long-métrage au titre similaire.

Prix du jury au dernier Festival de Cannes, film phénomène. On parle d’un choc, d’un grand film, « Les misérables » pose ses valises aujourd’hui au Festival du film américain de Deauville pour y recevoir le prix Ornano-Valenti , un prix qui récompense chaque année le meilleur premier film français. Succédant au magnifique « Les chatouilles » d’Andréa Bescond et Eric Matayer, « Les misérables« , après son tapage à Cannes, était de ces films que j’attendais avec beaucoup d’impatience et finalement, je dois dire que j’en ressors assez déçu. Si le film a des qualités évidentes et qu’il laisse entrevoir les premiers pas d’un réalisateur qui va très sûrement compter, « Les Misérables » demeure un film confus, inégal. Un film qui a tendance à en faire trop, à grossir le trait et surtout, c’est un film qui a tendance à flouter son tout et l’on en ressort avec plus d’interrogations que de réponses.

Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, intègre la Brigade anti-criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux « Bacqueux » d’expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes…

Me voilà bien partagé à la sortie de ce premier film signé Ladj Ly. « Les Misérables« , c’est un film qui est un cri d’alerte. C’est un film qui met en lumière les tensions qu’on peut trouver entre la police et les banlieusards. Avec ce film, Lady Ly a envie de parler de ce qu’il connaît. Il a envie de parler de la pauvreté de ces cités, il envie de parler de l’entraide qu’on peut y trouver. Il a envie de parler des problèmes divers et variés, il a envie de parler de la colère qui gronde en silence. Il a aussi envie de parler de la difficulté du travail de policier dans ces quartiers-là. Il y parle des tensions et de cette étincelle qui ne demande qu’à enflammer les banlieues comme ce fut le cas en 2005.

Dans un sens, toutes ces envies et tous les sujets sur lesquels le réalisateur a envie de se pencher font que « Les misérables » est un film qui est intéressant et qui mérite d’être vu. Ladj Ly ne prend pas parti, même si parfois, ça sonne comme caricatural, il a le mérite de mettre en relief les deux versions, les deux visions, ce qui est plutôt rare au sein même d’un film. De plus, le film a de réelles qualités de mise en scène, Ladj Ly a de bonnes idées, le film est bien souvent puissant, même s’il n’est pas mesuré. Visuellement parlant, on sent que le cinéaste souhaite se rapprocher le plus possible de la réalité. Puis on ne peut nier que Ladj Ly sait créer une tension permanente.

Mais voilà, derrière ces bons arguments, « Les misérables » c’est aussi un film qui grossit le trait à outrance. C’est un film qui en fait bien trop, qui a tendance à céder à la facilité du spectaculaire, ce qui est dommage. Si le réalisateur, à travers cette bavure, aborde le manque de communication et le manque de respect dans tous les camps, bien souvent, il s’aventure dans des rebondissements qui tournent à l’hystérie collective. « Les misérables » manque de subtilité, il manque aussi de cohérence, et finalement, quand on sort du film, malgré ce final impactant dont on va se rappeler très longtemps, tant les images, la réalisation, les acteurs et le scénario se conjuguent à la perfection, on ne sait pas bien où a voulu en venir le réalisateur. Est-ce les flics, les pourris ? Est-ce les banlieusards ? Est-ce tout le monde ? Est-ce personne ? Le propos est aussi flou qu’il est intéressant en sa base et c’est terriblement agaçant.

« Les Misérables« , c’est aussi un casting très inégal. Si la plupart des personnages sont difficilement supportables tant le film est peuplé de gros cons dans tous les camps, c’est bien simple il n’y en n’a pas un seul pour rattraper l’autre, on peut mentionner toutefois les très bonnes performances de Damien Bonnard et Djebril Didier Zonga. Par contre, la palme de l’insupportable revient très haut la main à Alexis Manenti qui en plus de son personnage, tient un jeu des plus douteux.

Si « Les Misérables » a de bonnes idées, s’il met en relief de bons sujets, ce premier film vendu comme le choc de l’année demeure globalement une déception. Hystérique, manquant de subtilité et de mesure, le film de Ladj Ly pose plus de questions qu’il ne donne de réponses et c’est vraiment dommage. En espérant que le prochain sera bien mieux, car au vu des qualités que le film a, Ladj Ly a tout du réalisateur qu’il faut suivre.

Note : 11/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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