avril 19, 2024

Return to Sender

De : Fouad Mikati

Avec Rosamund Pike, Nick Nolte, Shiloh Fernandez, Camryn Manheim

Année : 2016

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller

Résumé :

Une infirmière va faire une mauvaise rencontre qui va chambouler sa vie. Elle doit trouver la force et le courage pour se reconstruire et refaire sa vie…

Avis :

Le monde du cinéma est bourré d’incompréhension et de choix de carrière un peu douteux. Car si on peut parfois comprendre certaines stars sur le déclin voulant continuer à exister aux yeux du public (et payer des dettes gargantuesques) en acceptant des rôles boiteux dans des productions mineures, certaines actrices et certains acteurs encore tendance tombe parfois dans le piège du film bas de gamme pour des raisons inconnues. Et le pire dans tout ça, c’est que ça ne vient pas en début de carrière, mais en pleine ascension. Prenons donc l’exemple de ce thriller, Return to Sender, et de son casting. Si on peut comprendre le choix de Shiloh Fernandez qui n’est pas trop connu, ou encore celui de Nick Nolte, sur le déclin, en fin de carrière et qui a déjà tout montré, on se pose encore la question du choix de Rosamund Pike, qui a joué pour les plus grands (David Fincher dans Gone Girl ou encore Edgar Wright dans Le Dernier Pub Avant la Fin du Monde), et qui accepte ici un rôle inepte pour un film totalement raté. Qu’est-elle allée faire sur cette galère ?

Peut-être est-ce le rôle qui lui a plu ? Ici, elle campe une jeune infirmière qui a des ambitions et qui va se faire sauvagement violer par un livreur de colis qu’elle connait un peu. Dès lors, sa vie est détruite, elle ne peut plus vendre sa maison à cause de ce fait divers, elle a des tremblements à la main l’empêchant de rejoindre le service chirurgical de son hôpital et ses tics reviennent de plus en plus forts. Bref, elle doit jouer une personne fragile que la vie n’a pas épargnée et dont le père, vieillissant, est la seule famille qui lui reste. Cependant, elle va commencer à entretenir une relation à distance avec son violeur qui est en taule, lui envoyant des lettres et allant le voir au parloir. De femme fragile, Rosamund Pike va passer à femme forte, désireuse de se venger de façon atroce, de démontrer que pour vaincre ses démons, il faut physiquement les détruire. Et si ce rôle peut paraître intéressant, il reste assez bateau, déjà-vu et la prestation de l’actrice ne sera pas mis en avant, la faute à une histoire creuse et une mise en scène d’une platitude atroce. Car oui, Return to Sender est un thriller digne des bacs à dvd à un euro et ce n’est pas son actrice qui va sauver le bousin.

Le scénario est très mal construit. Déjà parce que l’on sait à quoi s’attendre avec l’affiche du film et que le métrage s’articule autour d’un twist qui est directement spoilé. C’est-à-dire que l’on sait les intentions du personnage principal. On sait qu’elle joue avec sa proie, qu’elle lui fait croire qu’elle tombe amoureuse de lui et que derrière tout ça se cache une vengeance atroce. Toute l’écriture gravite autour d’un suspens mal ménagé. On veut nous faire croire à un syndrome de Stockholm, mais en vérité, c’est juste un piège tendu à un violeur insupportable. Tout ça, on le sait. On le sait grâce à l’affiche, grâce au synopsis si on a le malheur de l’avoir lu, ou encore au genre même du film, un thriller revanchard qui manque de finesse. Et en plus de sa maladresse, il y a aussi un énorme défaut de construction. Le film est court, dépassant à peine l’heure et demi, et il va prendre son temps pour mettre en place son piège, près d’une heure et quart. Une heure et quart de mise en place d’un piège que l’on connait, que l’on attend et qui peine à venir. Et on sera très peu récompensé pour notre patience, le film tirant rapidement un trait au supplice du violeur et ne montrant finalement que fugacement le visage de cette infirmière.

Et outre ces problèmes d’écriture et de rythme, propre à la technique et au montage, il y a aussi un message absolument puant là-dedans. Le réalisateur souhaite clairement jouer la carte de la vengeance et monter à quel point une femme dite fragile peut devenir un monstre revanchard. Mais en faisant cela, il normalise presque l’auto-justice tout en rendant son personnage principal détestable. Bourrée de tics, égoïste, lunatique, méchante, on ne ressentira aucune empathie envers cette femme qui se fait aussi aguicheuse que puritaine et qui se révèle être finalement un autre monstre. Il y a là une banalisation de la violence, une sorte de rape and revenge déguisé de la pire des façons, n’apportant aucune réflexion sur le système judiciaire américain ou encore sur le fait de faire justice soi-même. Et comble du comble, la mise en scène n’emmène absolument rien. C’est-à-dire que rien n’est fait pour permettre un double message ou laisser une sorte d’ambiguïté qui mettrait mal à l’aise. La réalisation est platonique, digne d’un vieux téléfilm des années 90 et tout, absolument tout, respire le faux, le studio et l’enchainement de lieux communs qui n’ont aucune personnalité. Il n’y a pas de recherche de plans, de lumière, de photo, bref, on fait face à un film sans aucune passion.

Au final, Return to Sender est un très mauvais thriller. Il s’agit d’un film qui qui tente un retournement de situation à partir d’un drame (ici, un viol) et qui ne va surprendre personne puisque tout est spoilé à partir de l’affiche du film. De ce fait, on s’attend à ce twist qui n’arrivera que dans le dernier quart d’heure pour un meurtre édulcoré, mal mis en scène, mal interprété et complètement à côté de ses pompes. Il est très étonnant de voir des noms comme Rosamund Pike ou Nick Nolte affiliés à un tel naufrage et l’incompréhension demeure quant à leur accord pour jouer dans un tel film, réalisé par un illustre inconnu…

Note : 03/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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