décembre 10, 2024

Les Éblouis – Dans la Lumière d’une Secte

De : Sarah Suco

Avec Camille Cottin, Jean-Pierre Darroussin, Eric Caravaca, Céleste Brunnquell

Année : 2019

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Camille, 12 ans, passionnée de cirque, est l’aînée d’une famille nombreuse. Un jour, ses parents intègrent une communauté religieuse basée sur le partage et la solidarité dans laquelle ils s’investissent pleinement. La jeune fille doit accepter un mode de vie qui remet en question ses envies et ses propres tourments. Peu à peu, l’embrigadement devient sectaire. Camille va devoir se battre pour affirmer sa liberté et sauver ses frères et sœurs.

Avis :

Sarah Suco est une actrice française qui débute à la toute fin des années 2000. Si elle prend du temps pour se faire une petite place, elle y arrive finalement grâce dans un premier temps au réalisateur Louis-Julien Petit, le cinéaste en faisant l’une de ses actrices fétiches, elle a tourné dans tous ses films, « Anna et Otto« , « Discount » et « Les invisibles« . Puis, dans sa filmographie, il y a eu « Joséphine s’arrondit » de Marilou Berry, dans lequel Sarah Suco joue la meilleure amie de l’héroïne. Bref, petit à petit, au rythme des métrages, Sarah Suco s’impose. Mais plus que la simple actrice, Sarah Suco est une femme qui a des choses à dire et surtout, elle a un passé derrière elle. Et c’est justement ce passé qu’elle a décidé de mettre en scène pour son premier film, « Les éblouis« .

« Les éblouis« , c’est un film qui nous entraîne dans l’embrigadement des sectes, à travers les yeux d’une jeune adolescente qui voit peu à peu son monde se restreindre. Très beau et plein de profondeur, si le premier film de Sarah Suco n’est pas dénué de défauts, il est aussi parcouru d’énormément de qualités et il met en place une jeune réalisatrice qu’on a envie de revoir derrière la caméra.

Camille, douze ans, est une adolescente comme les autres. Aînée d’une famille nombreuse, elle est passionnée par le cirque, duquel, elle espère, en faire bien plus qu’une passion. Malheureusement pour la jeune fille, elle voit sa vie changer du tout au tout quand ses parents intègrent une communauté religieuse basée sur le partage et la solidarité. Dès lors Camille doit s’adapter aux nouvelles règles qui régissent sa vie, mais au fond d’elle, la jeune adolescente sent bien que quelque chose ne va pas…

Il y a des films qui inspirent énormément leur réalisateur et c’est clairement le cas ici, avec ces « … éblouis« , car si elle a romancé le tout, la jeune réalisatrice y parle de son expérience, de sa vie d’adolescente, au moment où tout a basculé. « Les éblouis » est un film qui parle d’un sujet ô combien passionnant et dont on parle assez peu au cinéma finalement, l’embrigadement dans une secte religieuse.

La première chose qui frappe à la découverte du premier long-métrage de Sarah Suco, c’est la sensibilité du trait que livre là la jeune femme. Ici, même s’il est peut-être question pour elle d’exorciser ce passé douloureux avec ce film, elle ne va pas diaboliser la dite secte ou même ses parents. Non, ici, la démarche est tout autre, car même si elle parle de sa vie à travers des personnages « fictifs », « Les éblouis » est surtout un film qui montre l’embrigadement insidieux que peuvent mettre en place ces organisations pour priver de libre-arbitre leurs victimes. Un thème sur lequel il sera difficile de poser des mots, et plus que cela, duquel il sera finalement difficile de s’en extirper. On retrouve Sarah Suco à l’écriture et ça se sent à tout instant, tant le film sonne juste, équilibré dans son discours et son histoire. De plus, derrière l’embrigadement et l’enfermement, derrière les méthodes bien peu orthodoxes de cette communauté religieuse, « Les éblouis« , c’est aussi un film qui parle de l’adolescence, période si charnière d’une vie. On est touché par les bouleversements qui s’entrechoquent à l’intérieur de cette jeune héroïne, qui se perd, se rebelle et se retrouve finalement. Une jeune héroïne campée par l’extraordinaire Céleste Brunnquell pré-nominée à très juste titre au César du meilleur espoir féminin. D’ailleurs, si l’on s’aventure du côté du casting, notons une Camille Cottin totalement investie dans la peau de cette mère de famille fragile et influençable, tout comme on notera aussi Jean-Pierre Darroussin excellent en berger de la paroisse et les petites apparitions de Laurence Roy et Daniel Martin dans la peau des grands-parents.

Côté mise en scène, si le film est visuellement beau, s’il fourmille d’idées pour raconter cette histoire au plus juste, au plus près, et au plus véridique, il faut noter des baisses de rythmes, Sarah Suco étirant un peu son film vers la fin, alors que ce n’était pas forcément nécessaire, au vu de tout ce qui a été fait en amont. On notera aussi que « Les éblouis » manque un peu de noirceur. Certes, ce qui s’y joue est tragique et l’on est bien loin d’une comédie, et comme je le disais, le but de la réalisatrice n’est pas de diabolisé le tout, mais plus de montrer comment il est facile finalement de basculer, mais il est vrai qu’une ambiance plus étouffante aurait amené encore plus d’impact à l’ensemble. Après, ce n’est que chipoterie face à une première œuvre d’une qualité pareille.

« Les éblouis » est donc un premier film remarquable et remarqué. Sarah Suco nous entraîne dans une descente terrible en nous racontant son adolescence. C’est beau, c’est subtil, la jeune cinéaste montre de l’audace, s’engageant sur un chemin bien compliqué pour un premier film et  malgré de petits défauts ici et là, l’ensemble demeure captivant et au-delà de cela, il demeure sincère. Bref, l’un des plus jolis films de cette semaine.

Note : 15/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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