avril 19, 2024

Vent Chaud

Titre Original : Vento Seco

De : Daniel Nolasco

Avec Leandro Faria Lelo, Allan Jacinto Santana, Renata Carvalho, Mel Gonçalves

Année : 2021

Pays : Brésil

Genre : Drame, Romance

Résumé :

Sandro travaille au département ressources humaines d’une compagnie minière. A la fin de la journée il retrouve son collègue Ricardo dans la forêt avoisinante où ils ont des relations sexuelles. Régulièrement il se rend à la piscine où il fantasme sur le beau Maicon qui ne le remarque pas. Lorsque celui-ci commence à travailler dans la même compagnie, le désir de Sandro se transforme en obsession, et cela empire lorsqu’il apprend que Ricardo et Maicon ont une aventure.

Avis :

Venu du Brésil, Daniel Nolasco est un nom tout neuf, puisque le jeune cinéaste livre avec « Vent Chaud » son premier film de fiction. Pourtant, malgré ça, le metteur en scène est loin d’être un débutant. Daniel Nolasco débute sa carrière en 2013 et très vite, il va enchaîner les courts-métrages. C’est bien simple, il en réalisera huit en l’espace de cinq ans. Par la suite, il passe au long-métrage en 2018 avec le documentaire « Mr. Leather« , un documentaire qui revient sur l’amour du cuir dans une certaine tranche de la communauté gay.

Continuant sur sa lancée, pour son premier film de fiction, Daniel Nolasco débarque sur les écrans avec un film choc. Un film fou, dont l’esthétisme est aussi dérangeant qu’elle offre une claque à elle toute seule. Très osé, érotique et sexuel, obsédé et obsédant, « Vent chaud » est un film qui va résolument faire monter la température de cet été. Mais au-dessus de ça, entre le choc esthétique, une intrigue qui se loge quelque part entre Fassbinder, De Palma, Friedkin ou encore Tom Of Finland, ce premier film de Daniel Nolasco, dans le Brésil de Jair Bolsonaro, se pose comme une démarche aussi courageuse que provocatrice et ne serait-ce que pour cela, on lui pardonnera ses côtés parfois vulgaires et gratuits.

Sandro travaille aux ressources humaines d’une entreprise agro-alimentaire, perdue quelque part au milieu du Brésil. Sandro, après le travail, rejoint souvent l’un de ses collègues, Ricardo. Loin des regards indiscrets, au milieu des bois, les deux hommes ont des relations sexuelles. Quand Sandro ne travaille pas, il passe son temps à la piscine du coin, où il fantasme sur Maicon, un homme qui se pose comme l’incarnation parfaite pour lui de la beauté au masculin. Alors quand Sandro découvre que Ricardo a une aventure avec Maicon, ça passe mal, et surtout ça l’obsède.

Il y a des films où il est assez simple de poser des mots dessus, et il y en a d’autres qui vont être une proposition de cinéma si radicale qu’il est bien plus complexe de savoir même quoi en penser, tant l’expérience nous a bousculée. Du coup, c’est à travers ces lignes et des réflexions que je vais essayer de me frayer un chemin, pour peser les pours et les contres et ainsi mettre mes ressentis en place.

La première chose qui vient en tête quand je repense à cette expérience, c’est la claque. Une claque visuelle assez incroyable. Une claque dont chaque plan est d’une beauté rare, dont chaque mouvement de caméra est une petite folie, et au-delà de ça, Daniel Nolasco a si poussé et travaillé son ambiance, que son film est une leçon d’hypnose. Qu’on aime ou pas l’expérience qui va nous être offerte, la plongée est radicale, singulière et elle ne laisse pas indifférent. Le réalisateur a d’ailleurs si bien travaillé son ambiance, que son film est une sorte d’immense fantasme de presque deux heures. Daniel Nolasco s’amusera dans son intrigue, conjuguant le réel et l’irréel, le quotidien et les fantasmes.

Toujours du côté de la claque, il faut aussi dire que « Vent Chaud » est particulièrement bien filmé, très bien référencé, impossible de ne pas penser au cinéma de De Palma, Fassinder, Araki, ou encore « La chasse » de Friedkin.

Comme on le disait, le film est d’une beauté renversante, et au-delà ça, on sent un vrai travail pour livrer une très belle œuvre. La photographie est à tomber par terre, la BO est superbe, puis il y a beaucoup d’idées. On sent une certaine liberté de la part de Daniel Nolasco qui ose tout, même si certaines idées plairont moins que d’autres. Cette envie de liberté de ton, cette envie de faire une œuvre radicale, cette envie de provoquer des réactions est tout à fait louable, surtout au Brésil où l’homophobie est de plus en plus présente, et ne serait-ce que pour cela, « Vent chaud » mérite qu’on s’y intéresse. Après, si le film est une claque et un très beau geste courageux, il n’est pas non plus à mettre sous tous les yeux, car comme on l’évoquait plus haut, à travers ses fantasmes et le monde qu’il explore, ici la culture du cuir, Daniel Nolasco livre un film sexuellement très explicite, et qui a parfois tendance à virer dans le vulgaire. Ou du moins, ne jugeons pas, tout ce qui tourne autour de la culture du cuir et dans un sens du BDSM, il faut y être sensible, ce qui de manière personnelle, n’est pas mon cas, d’où la difficulté de poser des mots sur l’œuvre, tant elle me dérage et en même temps, elle peut me fasciner.

Dans son intrigue, si l’idée de mélanger au point de difficilement voir la frontière entre réel et fantasme est intéressante, « Vent chaud » est un film qui aborde beaucoup de sujets et beaucoup de genres. À travers ces personnages, le réalisateur évoque aussi bien la culture cuir que la difficulté (ou non) d’oser se révéler, surtout dans des coins reculés, loin des grandes villes. « Vent chaud« , dans ces coins reculés, aborde aussi l’emploi, avec ces entreprises qui peuvent employer presque toute une région. Puis derrière ça, avec son intrigue amoureuse et fantasmée qui tourne à l’obsession, le réalisateur emprunte les sentiers du film de « genre », offrant peu à peu un récit quasi-oppressant, dont on ne sait pas vraiment comment celui-ci pourra se conclure.

Enfin, « Vent chaud » est un film qui va iconiser ses personnages et notamment deux d’entre eux, qui vont être tenus avec magnétisme par d’un côté Leandro Faria Lelo et de l’autre Rafael Teóphilo.

« Vent chaud » est une expérience aussi folle que dérangeante. Incroyablement réalisé, iconisant ses personnages à mort, bourré d’idées de mise en scène et tenant sur son ensemble un très beau geste de cinéma, il n’empêche que l’on ressort de ce premier film de Daniel Nolasco assez partagé. Partagé, car il y a une démarche qui a de la gueule et qui hypnotise, dès son ouverture. Une démarche courageuse, qui se fiche finalement de ce que l’on en penser. Mais derrière ça, il y a aussi certains moments vulgaires qui peuvent apparaître comme gratuits, même s’ils tiennent parfaitement la route dans leur idée et le concept de ce métrage.

Note : 13/20

Par Cinéted

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