Avis :
Il arrive que certains groupes ont une imagerie particulière et mentent un petit peu sur le contenu de leur musique. On peut citer dans ce style Lordi, groupe finlandais formé dans les années 90 et qui connut un succès certain en 2006 suite à leur victoire inattendue à l’Eurovision. Se considérant comme du Monster Hard Rock, le groupe possède une imagerie presque sataniste, puisque chaque membre du groupe apparait en public déguisé en monstre et leurs prestations scéniques sont souvent remarquées pour cela. Mais avec un tel look, agressif et transgressif, on aurait pu s’attendre à une musique bien violente et ce ne sera pas vraiment le cas. En effet, Lordi exécute un hard Rock très accessible, avec des morceaux assez courts et concis pour plaire à un large spectre de fans. Cependant, il semblerait que le groupe change son fusil d’épaule avec Sexorcism, le huitième effort de la bande. Déjà, bien avant sa sortie, le groupe a choqué une partie des fans, puisque c’est le premier opus non censuré, avec des paroles crues et une thématique horrifique qui va jusqu’au bout de son délire, à savoir un exorcisme sexuel sur une pauvre jeune femme. Ensuite, à l’écoute complète de cet album, on sent que Lordi va pousser plus loin les riffs et l’agressivité, au point de livrer ce qui est peut-être son meilleur album.
Première chose, tous les titres sont longs, à l’exception d’un interlude qui s’incorpore parfaitement dans le délire de l’album. Les habitués du Hard simple et basique du groupe risquent d’être un peu chamboulés. D’ailleurs, c’est un album très long. Treize titres et quasiment chaque morceau dépasse aisément les quatre minutes. C’est dense et c’est surtout étonnant que le groupe se lance dans un projet aussi grandiloquent. Le premier titre possède une ambiance de folie, avec une longue introduction mettant en place un exorcisme et le reste du titre sera parfaitement exécuté, avec un refrain catchy en diable qui n’est pas prêt de nous lâcher. Avec Your Tongue’s Got the Cat, le groupe fait un virage à 90° et s’essaye au Hard FM des années 80. Le synthé est assez présent, les riffs sont gentillets et l’atmosphère est assez légère, ce qui contrebalance le premier morceau. Pour autant, ça fonctionne à plein régime. C’est avec Romeo Ate Juliet que l’on voit l’évolution du groupe. Les riffs sont très agressifs, la rythmique est diabolique et on va même se surprendre à hocher la tête pour bien imprimé un rythme très Métal. La voix de Mr. Lordi passe particulièrement bien sur ce style, plus nerveux, plus lourd. Naked in my Cellar, qui est le premier titre choisi pour vendre l’album, demeure un moment plutôt agréable, mais qui reste très fidèle à la musique de Lordi. C’est entrainant, plutôt rigolo, mais ça ne casse pas trois pattes à un canard. Le groupe se rattrapera avec The Beast is Yet to Cum et ses gémissements féminins au début avant de lâcher les lourdes guitares et une mélodie qui tout simplement diabolique. Le chant est beaucoup plus aigu qu’à l’accoutumée et c’est clairement un titre qui change et qui fait du bien. On est presque dans une sorte de Groove Métal. Quant à Polterchrist, on nage en plein délire Hard Groovy qui peut faire penser à un Motörhead tout calme.
Pour entamer la seconde moitié, le groupe se lance dans un interlude qui évoque l’exorcisme d’un prêtre qui se loupe complètement. Cela permet de faire une pause et de montrer que le groupe est toujours sur la même longueur d’onde concernant leur thématique. Quand arrive Slashion Model Girls, on est face à quelque chose d’assez lent, mais qui fait le pari d’un refrain prenant et de riffs assez lourds. L’ensemble est parfaitement emballé et on se surprend à chanter le refrain avec Mr. Lordi. C’est simple mais efficace et presque touchant à certains moments. C’est un peu le contraire de Rimskin Assassin, presque du Power Métal dans son introduction, et qui s‘avère bien lourd et bien rapide. Là aussi, si le titre est assez long, ça reste limpide et les claviers sont bien présents donnant plus d’ampleur au titre. Hell has Room envoie aussi du bois au niveau des riffs et de la rapidité d’exécution, ajoutant en prime de petits chœurs féminins qui fonctionnent parfaitement. C’est avec ce genre de titre que l’on voit que Lordi s’est rendu plus dur, plus puissant et cela fait étonnamment plaisir. Hot & Satanned renvoie un petit peu au titre précédent, mais aussi à celui qui fait un peu plus années 80 et globalement, le morceau reste assez agréable et sympathique. Sodomiscated Animal est peut-être le titre le plus sulfureux de l’album, avec des paroles très explicites et on nage en plein délire Power sombre et c’est bien cool. Enfin, le groupe clôture avec Haunting Season et cela reste assez classique dans ce que le groupe offre habituellement. C’est bien, mais ça reste du Lordi pur jus qui lorgne du côté de Ghost et de son Dance Macabre.
Au final, Sexorcism, le huitième album de Lordi, est une excellente surprise. Baignant dans une ambiance horrifique qui se tient du début à la fin, offrant des titres variés et plaisants, les finlandais s’éloignent de leur Hard Rock gentillet pour fournir du Heavy bien bourrin qui correspond plus à leur image. Avec cet album, on pourrait presque dire que Lordi trouve un peu mieux sa voix et livre un effort de très bonne facture, peut-être même leur meilleur depuis leur création.
- Sexorcism
- Your Tongue’s Got the Cat
- Romeo Ate Juliet
- Naked in my Cellar
- The Beast is Yet to Cum
- Polterchrist
- Scg_9 The Documented Phenomenon
- Slashion Model Girls
- Rimskin Assassin
- Hell has Room
- Hot & Satanned
- Sodomesticated Animal
- Haunting Season
Note: 17/20
Par AqME