De : Bertrand Bonello
Avec Louise Labeque, Wislanda Louimat, Adilé David, Ninon François
Année : 2019
Pays : France, Haïti
Genre : Drame
Résumé :
Haïti, 1962. Un homme est ramené d’entre les morts pour être envoyé de force dans l’enfer des plantations de canne à sucre. 55 ans plus tard, au prestigieux pensionnat de la Légion d’honneur à Paris, une adolescente haïtienne confie à ses nouvelles amies le secret qui hante sa famille. Elle est loin de se douter que ces mystères vont persuader l’une d’entre elles, en proie à un chagrin d’amour, à commettre l’irréparable.
Avis :
Bertrand Bonello est un réalisateur français quelque peu à part dans le paysage du cinéma français. Personnellement, c’est un réalisateur dont j’aime énormément le cinéma, même s’il ne m’a pas toujours convaincu (« De la guerre » par exemple). C’est un cinéaste qui a une patte, un esthétisme et qui a des choses à raconter. Chacun de ses films, même les moins bons, demeurent fascinants dans un sens, alors quand Bertrand Bonello passe au film de zombies, il ne m’en fallait pas plus pour piquer à vif ma curiosité.
Après le fascinant « Nocturama« , sorti il y a trois ans de cela, voici que Bertrand Bonello est de retour avec un film bien étrange sur le papier, puisque le réalisateur s’attaque au film de zombies. Mais au film de zombies qui se rapproche le plus de son sens premier, c’est-à-dire loin des morts-vivants affamés de chair humaine. Non, Bonello à l’envie de parler des rituels haïtiens, mais malheureusement, le film est loin d’être à la hauteur des attentes. Long, soporifique, bordélique, malgré quelques fulgurances, « Zombi Child » demeure une énigme, qui finit par perdre toute crédibilité dans sa deuxième partie. Bref, une belle déception à la hauteur de l’intérêt que le projet avait su véhiculer.
Paris, de nos jours, dans le pensionnat de la Légion d’honneur, Mélissa est une jeune fille qui vient d’arriver. D’origine haïtienne, elle se lie d’amitié avec Fanny et son groupe de copines. Les jeunes filles veulent créer une sororité au sein de l’école et elles veulent recruter Mélissa. Pour cela, la jeune femme doit leur raconter quelque chose de très personnel…
Il y a des projets qui sur le papier sont intéressants d’emblée, de par leur réalisateur et le sujet que ce dernier a choisi, et il est indéniable que « Zombi Child » faisait partie de ceux-là. Et il y a des projets qui n’arrivent pas à dépasser l’intérêt une fois porté à l’écran et malheureusement « Zombi Child » fait aussi partie de ceux-là.
Pour son huitième film, Bertrand Bonello a choisi le film de zombies, mais à notre grand déplaisir « Zombi Child » ne va pas arriver à nous captiver, car Bertrand Bonello ne sait pas quoi faire de son film et c’est bien dommage, car le film a pourtant de très jolies fulgurances.
Se déroulant dans plusieurs époques, il est indéniable que Bertrand Bonello réussit parfaitement à mettre en scène tout ce qui se passe du côté de Haïti. C’est là que « Zombi Child » puise sa sève et qu’il est le plus intéressant. De ce côté-là, on sent que le réalisateur a bossé et il nous livre là un bon et intéressant film, qui aborde la culture haïtienne et la zombification au plus proche. De ce côté-là, presque parfois avec un ton documentaire, le cinéaste français démontre l’étendue de son talent et si « Zombi Child » n’était resté que de ce côté-là, il aurait pu être passionnant de bout en bout.
Malheureusement pour nous, le film se déroule dans deux époques et tout ce qui se passe de nos jours, dans ce pensionnat de jeunes filles, a bien du mal à nous convaincre. En plus d’être très laborieux, voire tiré par les cheveux pour joindre les deux intrigues, Bertrand Bonello n’arrive pas à savoir de quoi parler dans cette époque. Outre les personnages qui sont assez agaçants et les jeunes comédiennes loin d’arriver à convaincre, dans cette époque-là, finalement, le réalisateur ne parle de rien et laisse son scénario lui échapper. Ça part dans tous les sens, et finalement, on ne sait pas pourquoi Bertrand Bonello nous parle de ces jeunes filles, ou pire encore, de cette histoire d’amour brisée qui vient s’inviter dans le scénario sans qu’on lui ait demandé quelque chose. Une histoire d’amour qui casse le peu de bon que le film avait pour lui. Bref, c’est vraiment une déception !
Reste alors de belles images, notamment en Haïti, quelques idées par ici et par là. Reste aussi Wislanda Louimat, qui tire largement son épingle du jeu, la jeune comédienne étant assez magnétique. Pour le reste, « Zombi Child » n’arrive pas à convaincre avec ces deux intrigues qui s’entremêlent et qui n’arrivent pas à se marier. Doté d’un rythme lent qui finit par créer de l’ennui, Bertrand Bonello n’arrive pas à nous captiver et pire encore, il nous laisse en dehors de son film, hanté par cette question, de quoi le réalisateur a voulu nous parler pendant cette très longue heure quarante que dure « Zombi Child » ?
Note : 07/20
Par Cinéted