décembre 12, 2024

Un Havre de Paix

Titre Original : Hatzlila

De : Yona Rozenkier

Avec Yoel Rozenkier, Micha Rozenkier, Yona Rozenkier, Claudia Dulitchi

Année : 2019

Pays : Israël

Genre : Guerre, Drame

Résumé :

Trois frères se retrouvent pour enterrer leur père dans le kibboutz de leur enfance. Avishaï, le plus jeune, doit partir deux jours plus tard à la frontière libanaise où un nouveau conflit vient d’éclater. Il sollicite les conseils de ses frères qui ont tous deux été soldats. Itaï souhaite endurcir le jeune homme tandis que Yoav n’a qu’une idée en tête : l’empêcher de partir. Dans ce kibboutz hors du temps, le testament du père va réveiller les blessures secrètes et les souvenirs d’enfance…

Avis :

Réalisateur israélien, Yona Rozenkier a passé plus de temps devant la caméra. Commençant en tant que comédien à la toute fin des années 2000, de courts-métrages en petits rôles dans des longs qui demeurent pour quelques-uns encore inédits chez nous, Yona Rozenkier s’est imposé comme une figure à suivre sur la scène du cinéma israélien. Ayant plus d’une corde à son arc, ayant l’envie de raconter des choses, Yona Rozenkier est alors passé par la case de la réalisation. Après courts-métrages et un long en collaboration avec cinq autres réalisateurs, voici que Yona Rozenkier livre son premier long-métrage.

Sortie toute discrète pour Yona Rozenkier (quarante-quatre salles), « Un havre de paix » était un film qui m’attirait de part d’un côté son synopsis, et de l’autre par son affiche, qui personnellement, je trouve très réussi. Ayant trouvé difficilement une salle qui le projetait, je dois dire que j’en suis ressorti enchanté et ému à la fois. Pour son premier film, Yona Rozenkier livre-là un film sublime sur la famille, et plus particulièrement ici, une fratrie. Très riche, voire peut-être même un peu trop, le réalisateur nous entraîne avec drame, émotion, mais aussi humour, dans un film humain qui ne laisse pas indifférent.

Trois frères se retrouvent dans le petit village de leur enfance pour l’enterrement de leur père. Alors que le plus jeune s’apprête à partir sur le front libanais car un nouveau conflit vient d’éclater, ses deux ainés ayant fait la guerre, le jeune homme leur demande conseil et si le plus âgé veut absolument l’endurcir, l’autre veut le dissuader de s’engager.

Très étonnant que ce premier film. « Un havre de paix » est vendu aussi bien dans sa bande-annonce comme son affiche comme une comédie, mais qu’on ne s’y trompe pas, le film de Yona Rozenkier est très mal vendu, car ici, le cinéaste livre un drame qui en plus d’être basé sur le conflit de guerre, est avant tout un drame humain.

Film poignant à l’émotion palpable, Yona Rozenkier nous entraîne au plus près d’une fratrie plus détruite qu’elle n’y parait. Ce qui est très beau avec « Un havre de paix« , c’est la construction de ses personnages et à travers eux, tous les sujets que Yona Rozenkier va brasser. « Un havre de paix« ,c’est trois frères que tout oppose, c’est trois visions aussi bien de la guerre, que de la famille et plus largement de la vie. À travers ses frères, le réalisateur va parler de la famille, des relations entre les frangins, de l’héritage, de la mort, du deuil, de la morale ou encore du devoir.

On va être touché par les différentes visions qui s’opposent les unes aux autres. Puis plus encore, Yona Rozenkier parlera bien évidemment de la vie de ses personnages essayant de vivre normalement malgré les conflits. Le réalisateur parlera de la violence quasi-quotidienne, qu’on finit par considérer comme normale. Il y a un engrenage dans ce film, cette histoire, ce quotidien, comme si le conflit était une obligation ici. Puis avec ce sujet, bien évidemment, il va parler de la guerre. Si le film est passionnant, malgré quelques sujets qui vont être juste évoqués et survolés alors qu’ils auraient mérité plus, on sera vraiment touché par tout ce qui peut tourner autour de la guerre. Yona Rozenkier livre un film humain qui offre trois visions de la guerre, trois sentiments qui résonnent comme universels.

À travers ces trois frangins, le réalisateur offre trois visions de la guerre. L’un a connu la guerre, l’autre la connaît et n’arrive pas à la quitter et enfin le troisième s’apprête à la connaître. Et plus que le dernier, le film est touchant par les deux aînés qui s’affrontent avec l’un qui pousse et l’autre qui souhaite que le plus jeune renonce pour garder son âme intacte. D’ailleurs, à travers les deux aînés, le réalisateur montre aussi deux façons de survivre à la guerre, mais finalement aussi deux post traumatismes, l’un l’assume, l’autre se cachant derrière de la violence et un engrenage. Bref, le film ouvre plein de pistes, pose plein de réflexions toutes plus intéressantes, il peut même être sujet à interprétation selon les points de vue. D’ailleurs, à plus d’une reprise, le film est bourré de métaphores, ce qui donne plus de relief au récit et au-delà de ça, à ses personnages. Yona Rozenkier bouscule un peu les codes, il présente ses personnages de manière frontale, sans fard, avec leurs défauts, leurs qualités, leurs envies, les espoirs, leurs traumas, ils ne les juge pas et finalement il nous laisse libre de penser ce que l’on veut de ses personnages, de leur choix, de leur vie. Seule ombre dans le paysage, son final, dont on ne sait pas quoi penser, tant il coupe dans l’action et ne raconte pas grand-chose et c’est bien dommage.

« Un havre de paix« , malgré sa dernière scène particulièrement floue, demeure un très bon film. C’est un film politique d’un côté, mais aussi un drame familial et poignant, un drame sur la guerre et ses conséquences, qui ira jusqu’à être bouleversant l’espace d’une scène sublime. On ajoutera à cela une belle mise en scène, qui tout en étant épurée, en allant au plus simple parfois, n’oublie en aucun cas d’être esthétique. Puis enfin que dire de ses trois comédiens, Yoel, Micha et Yona Rozenkier qui incarnent des frères dans le film, chose qu’ils sont aussi dans la vie, si ce n’est qu’ils sont parfaits.

Bref, si jamais vous avez la chance d’avoir un cinéma qui le propose près de chez vous, j’ai envie de dire, osez le déplacement.

Note : 15/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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