mars 29, 2024

Soldats Inconnus – Mémoires de la Grande Guerre

Résumé :

Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre sur PS4 est un jeu d’aventure racontant les destins croisés de 4 personnages durant la Première Guerre mondiale. Le joueur doit les guider à travers les batailles en résolvant des énigmes et finalement les ramener vers leurs foyers.

Avis :

Dans le domaine vidéoludique, les années 2000 ont particulièrement été prolifiques pour dépeindre la Seconde Guerre mondiale, principalement sous l’angle du FPS. En revanche, peu de jeux se sont penchés sur la Première Guerre mondiale. Cet épisode historique dispose d’un potentiel évident, mais n’a guère su toucher les studios de production. Il faut attendre la commémoration du centenaire pour que la période sensibilise à minima. Soldats inconnus : Mémoires de la Grande Guerre s’inscrit avant tout dans un devoir de mémoire dont la sortie coïncide avec le centenaire de la première année du conflit. Cependant, l’approche pédagogique n’est pas la seule qualité du titre d’Ubisoft.

Le jeu emploie le moteur graphique à l’origine de Rayman Origins et Child of Light pour dépeindre un contexte beaucoup plus sombre que ses homologues, car dénué de fantaisies. Il en découle une reconstitution méticuleuse qui fait montre de variété pour présenter les tranchées, l’intérieur des bâtiments ou les villages français. On apprécie particulièrement le clivage entre la guerre et le quotidien de l’époque. De manière plus ou moins directe, l’amalgame permet de se rendre compte que le conflit n’épargne personne, et ce, quelles que soient les circonstances. L’alternance des saisons et la disparité des situations contribuent également à la réussite d’une direction artistique aussi sensible que percutante.

On incarne tour à tour quatre personnages. Quatre profils différents qui ont autant de motivations dissemblables pour prendre part aux batailles. Pour certains, il s’agit d’une mobilisation forcée ou d’un exil. Pour d’autres, d’un engagement volontaire ou d’une émancipation au regard de leurs conditions sociales respectives. Le background se révèle aussi profond que complémentaire entre ces destins croisés où les fils ténus de leur vie se nouent et se dénouent au gré des caprices du conflit. Même les personnages secondaires, généralement des proches, sont réellement attachants. D’un côté, on découvre l’humain derrière le soldat et, de l’autre, le tempérament guerrier chez les civils.

Mais une telle caractérisation serait bien vaine avec un traitement manichéen. Fort heureusement, la subtilité de l’écriture délaisse la sempiternelle représentation des sympathiques Français face à des Allemands caricaturés. Ici, on se heurte à la dureté de la guerre, sa violence et son absurdité. On dénote de nombreuses situations où un camp soutient l’autre. Il ne s’agit pas d’actes de trahison, mais d’une entraide mutuelle. On songe à Émile qui tire un soldat allemand d’un mauvais pas ou d’Anna qui sauve la vie d’un officier allemand. Et que dire de la complicité avec Walt ? Un berger allemand qui ne distingue pas les couleurs de l’uniforme quand il est question de porter secours.

L’animal est d’ailleurs souvent sollicité pour progresser. Il est en mesure d’explorer des zones inaccessibles, de sauver des civils sous les décombres, d’interagir avec des objets et des leviers. Il peut aussi faire office de diversion pour certaines phases d’infiltration. À lui seul, Walt démontre la variété du gameplay. Bien que l’on demeure dans une aventure narrative, l’intrigue multiplie les puzzles et les énigmes, les affrontements plus ou moins directs qui obligent à la discrétion ou à la confrontation. On a même droit à des combats de boss et des courses poursuites. À ce titre, ces séquences restent les plus légères, car elles contrastent avec la tonalité dramatique générale.

L’aventure se complète d’une documentation fournie. Chaque niveau donne lieu à une présentation supervisée par la Mission du centenaire 14-18 et des sources historiques de première main. À l’occasion, un partenariat a été effectué avec les équipes de la série documentaire Apocalypse, la 1re Guerre mondiale. Les conditions de vie dans les tranchées, les pertes humaines lors de grandes batailles, la correspondance avec les proches… On est aussi frappé par des anecdotes peu connues, comme le mouchoir imbibé d’urine pour se protéger des gaz toxiques en l’absence de masques à gaz. Même les objets glanés çà et là disposent d’un descriptif précis sur leur usage et leur préciosité sur le front. De quoi sensibiliser les plus jeunes par l’entremise de leur média favori et interpeller les personnes peu versées dans le jeu vidéo.

En ce qui concerne la durée de vie, l’aventure se compose de 27 niveaux divisés en 4 chapitres. D’une longueur relativement homogène, il faut compter entre 7 et 8 heures pour en faire le tour. Cette estimation inclut également les temps de lecture. Le titre ne comporte pas de difficultés notables. Il suffit d’un bon sens de l’observation pour résoudre les énigmes. Quant aux morts, elles sont assez permissives pour ne pas gâcher l’aspect narratif. Ainsi, on recommence uniquement les séquences échouées. Question rejouabilité, il reste la quête des 100 objets cachés à trouver dans les recoins des décors. À ce titre, certains sont bien dissimulés.

Sous ses atours solennels, Soldats inconnus : Mémoires de la Grande Guerre se révèle très accessible. Et pour cause, ses vocations sont multiples. Derrière le divertissement de façade, on découvre une volonté de transmettre le devoir de mémoire, de sensibiliser les joueurs à cette période historique. De la bataille de Verdun au champ de ruines de Reims, en passant par la crête de Vimy ou le Chemin des Dames, le titre d’Ubisoft nous convie à une rétrospective portée par l’émotion et le réalisme. Deux caractéristiques qui évoquent Les Sentiers de la gloire dans son dénouement. Bref, l’ensemble est instructif et s’adresse à tous les publics ; enfants et adultes, amateurs d’histoire et de bonnes histoires. Une œuvre à la fois juste et profondément humaine.

Note : 17/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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