avril 19, 2024

The Last of Us Part II

Résumé :

Au centre de l’intrigue du premier volet, nous retrouvons à nouveau Joel et Ellie plus déterminée que jamais à éradiquer les infectés jusqu’au dernier. Se déroulant à nouveau dans un monde post apocalyptique, le duo toujours aussi soudé devra prendre les décisions qui s’imposent afin de survivre un seul jour de plus à cette pandémie.

Avis :

Le monde du jeu vidéo, tout comme le monde du cinéma, est perclus de grosses sorties, d’exclusivités et de jeux moins attendus, indépendants, voire même amateurs. La seule grosse différence avec le cinéma provient de la rivalité entre consoles et du catalogue d’exclusivités qui peut changer la donne au niveau des ventes. Et on le sait, Sony fait la nique à Microsoft de ce côté-là. La Playstation possède plus d’exclus et bien souvent, elle frappe de grands coups avec. Remontons par exemple en 2013, en Juin 2013 pour être plus précis, alors que la Playstation 3 est en fin de vie, Naughty Dog déboule avec une exclu, The Last of Us, et cela va avoir l’effet d’un raz-de-marée. A un tel point que le jeu ressortira en version remasterisée sur la Playstation 4. Des graphismes superbes au service d’une intrigue cinématographique et de personnages attachants dotés d’un gameplay fort avenant, The Last of Us sera un jeu qui marquera le monde vidéoludique. Forcément, une suite était donc attendue et il faudra sept ans à Naughty Dog pour balancer une deuxième partie qui va faire cracher ses tripes à la Play 4 et livrer une suite carrément à la hauteur de nos attentes.

Il est vrai que d’un point de vue scénaristique, on ne peut pas dire que les développeurs se soient foulés. Sans trop en spoiler, il s’agira tout simplement d’une histoire de vengeance et d’une quête pour trouver la personne que l’on veut tuer. On se trouve donc à Seattle à mener l’enquête, à remonter la piste et à croiser divers factions, comme la FEDRA, les Wolfs ou encore les Séraphites, une secte complètement siphonnée du bulbe. Une fois fait cela sur quatre jours, alors que l’on pense être à la fin du jeu, on remonte alors le temps et on va prendre possession d’Abby, l’ennemie d’Ellie, celle qui est le moteur de sa vengeance. Et on repart pour quatre jours, sur un chemin parallèle, permettant ainsi de continuer l’aventure jusqu’à la convergence et même plus. Alors on pourrait croire que c’est une manière un peu honteuse de rallonger la durée de vie du jeu (qui se rapproche des 35h ce qui est énorme pour ce genre de jeu) mais pas du tout. En fait, en faisant cela, Naughty Dog va faire quelque chose d’inédit et de surprenant, donner du relief à l’antagoniste au point de la rendre plus humaine, de la comprendre et donc de ressentir de l’empathie pour elle. Un moyen astucieux et très malin pour éviter tout manichéisme et ça marche du feu de Dieu.

Le principal défaut du jeu réside dans sa linéarité. C’est-à-dire qu’il n’y a qu’un seul chemin à suivre pour parvenir à ses fins et cela semble rebuter les amateurs de monde ouvert. Sauf que ce n’est pas le but d’un tel jeu qui joue essentiellement sur les émotions et son scénario, son aspect cinématographique. Et là-dessus, c’est très réussi. Alternant les flashbacks, les situations touchantes pour donner de la profondeur au récit, les segments d’une beauté à se damner, on en a pour notre argent. D’autant plus qu’au tout début du jeu, alors que l’on contrôle Ellie, on sera en simili monde ouvert, avec plusieurs bâtiments à explorer pour trouver de l’équipement, de quoi s’améliorer ou encore des munitions, qui seront très précieuses. Certes, on est loin d’un Red Dead Redemption, mais ça reste une proposition sympathique pour visiter un Seattle dévasté. Et graphiquement, The Last of Us Part II envoie du lourd, du très lourd. Car non seulement c’est beau, mais c’est aussi très gore, très réaliste et on a une sorte de profondeur dans les décors qui défrise la rétine. Certains plans sont sublimes, les extérieurs sont splendides et on prend un plaisir évident à évoluer dans un tel dédale. Un dédale dangereux peuplé de monstres et autres humains donnant lieu à de nombreuses fusillades. Les quelques cinématiques qui parcourent le jeu sont aussi très belles, donnant une vraie identité au soft, lui conférant une mélancolie qui tiendra jusqu’au bout du bout, jusqu’à la dernière scène.

Outre l’immersion qui est totale avec ce jeu, c’est aussi dans son gameplay que l’on va prendre un plaisir monstre à jouer. Que ce soit avec Ellie ou Abby, les touches seront les mêmes et seules quelques armes et compétences vont changer. Par exemple, Ellie va manier l’arc alors qu’Abbie trouvera une arbalète. Ellie doit trouver des cartes de super-héros alors qu’Abby doit trouver des pièces de monnaie. De petits changements qui n’influent en rien sur le gameplay. Un gameplay instinctif qui joue sur plusieurs angles d’attaque. On peut constamment la jouer en mode infiltration, comme on peut aller au charbon et user toutes ses munitions pour rentrer dans le tas. Les différents mouvements s’effectuent avec une seule touche, le système de viser est identique à tous les TPS et le choix des armes est relativement ergonomique avec cette espèce de roulette que l’on gère avec les flèches de sa manette. Ce qui est assez intéressant, c’est qu’il faut faire des choix avant les attaques, car tout se passe en temps réel, et il nous est très compliqué de changer d’arme lors d’une attaque, le jeu ne se mettant pas en pause. Il en va de même lorsque l’on utilise un atelier sans avoir nettoyer la pièce avant, on peut se faire attaquer par derrière. D’ailleurs, il est tout à fait possible de crafter ses armes, de les améliorer sur des ateliers, de faire des silencieux ou dans bombes artisanales afin d’avoir un arsenal complet et même d’établir des stratégies d’attaque. Bref, le jeu est complet et si on rajoute à cela des énigmes (très simple) pour ouvrir des coffres, la boucle est bouclée.

Enfin, si l’on enlève les graphismes, le gameplay, les améliorations des personnages à base de pilules ou même le scénario, l’énorme point fort du jeu reste sa faculté à créer des moments d’une rare densité. Certaines phases, que ce soit avec Ellie ou Abby, sont complètement folles, tendues et presque interminables tant elles mettent nos nerfs à rude épreuve. A titre d’exemple, l’attaque d’Ellie dans un village en terrasse et la récupération d’une voiture avec Jesse fout une pression incroyable et semble terriblement longue tant il y a d’ennemis, de recoins pour se cacher et une tension palpable qui rend les mains moites. On peut dire la même chose d’un côté de chez Abby, lorsqu’elle visite l’hôpital et doit résoudre une énigme pour se retrouver dans un segment qui évoque Resident Evil et qui va nous faire affronter un monstre terrifiant et titanesque. Le passage est non seulement effrayant, mais il aussi très compact, nous forçant à jouer avec les décors et notre arsenal pour s’en sortir. Et c’est en ça que The Last of Us Part II est un moment de grâce rarement atteint dans le jeu vidéo, dans sa faculté à nous cueillir, que ce soit dans la peur ou dans l’émotion, et à vivre pleinement le jeu, pas seulement à enchainer des combos ou à explorer jusqu’à la lie un monde ouvert où la narration n’aurait finalement plus cet impact si puissant.

Au final, The Last of Us Part II est un jeu tout simplement excellent, qui doit frustrer les amateurs de grandes maps et d’exploration, mais là n’est pas le but du jeu. Ici, jamais le jeu vidéo ne s’était autant rapproché du cinéma, que ce soit dans les graphismes, la narration ou encore la mise en scène. Naughty Dog a voulu fournir une vraie expérience à la lisière de deux arts et y est parfaitement parvenu, combattant tout manichéisme pour nous faire vivre finalement deux aventures au sein d’un monde post-apo cruel et dangereux. Les cinéphiles seront comblés, mais pas seulement.

Note : 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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