Titre Original : Nevesta
De : Svyatoslav Podgayevskiy
Avec Victoria Agalakova, Vyacheslav Chepurchenko, Aleksandra Rebenok, Igor Khripunov
Année : 2017
Pays : Russie
Genre : Horreur
Résumé :
Nastya une jeune femme qui voyage avec son futur mari pour se rendre dans la maison familiale de ce dernier. À leur arrivée, elle ne peut s’empêcher de penser que la visite pourrait bien être une affreuse erreur. Elle est en effet entourée de personnes bizarres et commence à avoir des visions étranges et terribles, tandis que sa famille la prépare à une mystérieuse cérémonie de mariage slave traditionnelle. Plus que les préparatifs de mariage, pourra-t-elle survivre aux prochains jours ?
Avis :
Dans le domaine de l’horreur, la Russie n’est pas le pays le plus réputé, au contraire de pays comme le Japon, la Corée du Sud ou encore l’Espagne et l’Italie dans les années 80. Loin de nous l’idée de débattre sur un régime politique répressif et oppressif qui empêche certains artistes de s’exprimer librement, mais le cinéma horrifique ne semble pas être l’apanage du pays de Poutine. Si les productions sont peu nombreuses, elles sont aussi de qualité très moyennes, pour ne pas dire médiocres, et un réalisateur sort du lot, Svyatoslav Podgayevskiy (et je ne l’écrirai qu’une seule fois dans la chronique). Nous avions laissé le réalisateur en 2014 où il avait fait ses premiers pas sur Immeuble 18, encore inédit chez nous, dans lequel un jeune couple prenait un appartement dans un immeuble isolé et allait se faire attaquer par des voisins un peu étranges. Continuant dans son exploration des jeunes adultes, il est revenu en 2017 avec The Bride, un film qui cette fois-ci prend place dans une vieille baraque perdue au milieu des bois, sur fond de rites pas très catholiques. Est-ce mieux que son précédent film ? On peut dire ça, même si ce n’est pas la panacée.
Le film démarre de façon assez intéressante avec un récit scientifique qui parle de la photographie et de la croyance des gens comme quoi cela emprisonne l’âme des personnes. On se retrouve donc avec une superstition folklorique, comme quoi, il faut peindre des yeux sur les paupières des défunts et les prendre en photo pour éviter que la mort ne prenne leurs âmes. Malheureusement, un photographe et chercheur dans l’occulte ne se remet de perdre sa femme et décide de transférer l’âme de sa chère et tendre dans le corps d’une jouvencelle. Bien évidemment, tout cela se passe mal et on va faire un bond de plus de cent ans pour se retrouver dans cette famille, avec une jeune femme qui va devoir subir un rituel familial des plus étranges. Si le pitch peut sembler clair de prime abord, cela ne va pas être le cas durant le métrage car le réalisateur mélange trop d’idées et trop de choses. A titre d’exemple, on part sur le film presque satanique, avec un rituel interdit et une jeune nana qui va se faire sacrifier, pour ensuite aller vers la famille dysfonctionnelle à tendance psycho, pour finalement errer dans le film de fantôme puis de possession. The Bride est un bordel sans nom devant lequel il faut bien s’accrocher pour ne pas perdre tous ses repères. Car à force de brasser large et sans forcément d’explications, le film s’embourbe dans un rythme lent et dans des babillages inutiles et déplaisants. On ne comprend pas forcément ce qu’il se passe à l’écran et c’est assez pénible.
C’est dommage car il y a une chose que l’on ne peut enlever au film, c’est son ambiance et la qualité de la photographie. On baigne dans une atmosphère étrange et un peu à contre-courant du temps dans lequel évolue les personnages. On quitte rapidement Moscou et le joli petit cul de son actrice principale (si je dis ça, c’est parce qu’il y a un plan gratuit dessus alors qu’elle est en petite culotte) pour aller en rase campagne et découvrir une vieille bâtisse avec une belle-sœur qui s’habille comme au XIXème siècle et qui se révèle être assez bizarre. Très rapidement, le film bascule dans quelque chose de presque gothique et de très sombre. La maison suinte, accuse son âge et on trouvera même des passages à travers les murs pour rejoindre quelques endroits cachés. Bref, un endroit qui n’inspire pas confiance et qui est propice à toutes sortes de bruits et autres phénomènes paranormaux. Le réalisateur filme assez bien certains passages et arrive à créer un semblant d’angoisse lorsque l’héroïne se trimballe dans les murs pour aller aider une jeune fille coincée. Il y a aussi pas mal de jeux de lumière, rendant la baraque inquiétante. The Bride possède un certain cachet et on ne peut que voir les améliorations par rapport au précédent film qui était complètement lisse.
Mais comme Immeuble 18, le réalisateur ne parvient pas à tenir des personnages intéressants et pour lesquels on aura de l’empathie. L’héroïne est très mignonne mais ne sera qu’une gentille jeune femme pour laquelle on se foutra un peu de son sort. Son mari est transparent et ne possède aucun background si ce n’est d’avoir une famille en carton et de subir au lieu de réagir en conséquence. Et pour les antagonistes, c’est la douche froide, avec une belle-sœur qui en fait des caisses et qui n’inspire pas confiance dès le départ et une tante aussi agréable qu’une porte de prison. Pour le reste, on n’aura quasiment aucun élément à se raccrocher et les quelques flashbacks ne sont là que pour rajouter de la durée et montrer le début de la malédiction de cette famille, mais de façon trop sporadique et sans réelle explication. Alors oui, quand le fantôme apparait enfin, il y a quelques bons passages, mais tout cela manque cruellement de rythme, et le design emprunte trop à Insidious 2 pour trouver une identité propre. Une identité qui manque de folklore d’ailleurs, n’explorant pas assez certains us et coutumes russes pour bien implanter son histoire dans un fait soi-disant réel.
Au final, The Bride est une belle déception. Hormis une photographie soignée et une ambiance gothique presque surprenante de la part d’un réalisateur russe, le film se perd dans un scénario inextricable et qui mélange tout et n’importe quoi. Le spectateur sera vite perdu dans cette histoire rocambolesque qui peine à décoller à cause d’un rythme très lent et de personnages complètement transparents. Reste à savoir si le réalisateur va enfin trouver le bon ton avec son troisième film, Mermaid – Le Lac des âmes perdues, qui est le premier à bénéficier d’une sortie française, en DVD certes, mais tout de même.
Note : 06/20
Par AqME