avril 19, 2024

Jain – Zanaka

Avis :

La pop française a ça de fascinant, produire des artistes jusqu’à alors inconnus et nous les rabâcher jusqu’à la lie. Entre les génériques d’émissions, les pubs ou encore les promotions sur les chaines généralistes, on se bouffe souvent de la daube pour inciter les âmes influençables à aller se procurer au plus vite un album dont la musique rappelle des souvenirs de consommation de masse. Jain fait partie de ces artistes-là. Alors loin de moi l’idée de dire du mal sur la personne ou l’artiste humainement parlant, mais plutôt de juger sur le fond de la musique et surtout sur l’abattage médiatique qui n’est aucunement justifié. D’ailleurs, en parlant de musique, Jain est une artiste complète. Elle joue de la guitare, des percussions, chante et bidouille son ordinateur pour s’en servir comme assistant électro. Avec tous les voyages que lui a imposés son père de par son métier (il est dans le pétrole), la jeune femme a pu brasser une tonne de culture, allant de la musique africaine (pour laquelle elle a une profonde affection) au reggae en passant par la pop électro. Tiraillée entre Dubaï et le Congo-Brazzaville ainsi que la France, la jeune femme se fait repérer par Yodelice et il décide de la produire et de l’aider pour son premier album Zanaka. Certifié double disque de platine, il n’en fallait pas plus pour jeter une oreille sur ce premier effort. Bien mal nous en a pris…

L’album débute avec Come, le premier hit qu’elle a sorti, notamment sur premier EP et qui ouvre donc de façon opportuniste ce premier effort. Inutile de revenir sur ce titre assez moyen, très classique, complètement inoffensif et qui invite à continuer la balade que l’on nous propose. Arrive alors Heads Up, qui attaque par un beat qui s’accélère assez vite avec des mains qui tapent et des percus qui viennent soutenir l’ensemble. C’est d’une simplicité enfantine, tout cela constitue une accumulation avant d’attaquer un couplet mignonnet où le bassiste ne se foule pas trop. C’est bien rythmé, ça suffit pour faire hocher les têtes et donc s’attirer la sympathie des gens qui cherchent une musique pour bouger ou tout du moins pour évacuer tous les problèmes. Jusque-là, on peut comprendre le succès, l’instru est honnête et globalement, même si c’est gentil, ça passe. Le problème, c’est que ce beat et ce rythme va être utilisé sur l’ensemble de l’album sans jamais proposer une seule variation. A titre d’exemple, Mr Johnson qui arrive juste après noie le poisson avec une basse plus présente et un style funk plus marqué, mais globalement, c’est la même chose. Jain commence par le refrain avant d’attaquer le premier couplet pour recommencer avec le refrain et ainsi de suite. Cette redondance se retrouve sur quasiment tous les titres, comme Lil Mama et son pseudo blues/reggae déjà entendu un milliard de fois, l’insupportable Makeba et sa vacuité ou encore Come.

Alors après, il est évident que dans les styles que l’artiste brasse, il y a plein d’influence et de ce fait, l’album est varié. Mais c’est faussement varié. C’est-à-dire que le rythme est constamment le même, aussi bien dans la globalité de l’album qu’au sein des titres même. Il n’y a pas de break, pas de pont, pas de crescendo et tout sonne creux. All my Days est un guitare voix anecdotique très loin des meilleurs hits folk que l’on peut nos servir. You Can Blame Me se veut purement reggae et s’avère d’une lenteur insupportable, malgré l’instrumentalisation plutôt sympathique. Son of a Sun s’inspire du hip-hop américain sans jamais en atteindre la quintessence. Dynabeat pioche dans le disco des années 80 et s’amuse avec un rythme rapide tout en batterie électronique, mais c’est commun comme ce n’est pas permis. Ce n’est pas mauvais en soi, mais c’est formaté, sans génie, sans volonté d’aller plus loin que la simple pop pour faire hocher les têtes ou danser les gens. L’autre léger problème de cet album, et de l’artiste en général, c’est qu’elle est incapable de pousser fort avec sa voix. Malgré un joli grain un peu cassé par moment, on reste dans la chansonnette qui se mesure avec un encéphalogramme complètement plat. Tout est lisse, tout est propre, rien ne sort du cadre qu’elle s’impose, si ce n’est mettre une tenue en contradiction avec sa musique qui se veut entrainante. C’est peu de chose.

Au final, Zanaka, le premier album de Jain, est symptomatique de ce qui arrive aujourd’hui à la variété française souhaitant s’exporter à l’international. Des musiques joviales, des paroles creuses, des styles différents pour brasser large et surtout une volonté de rester sur le même rythme pour bien endormir les consciences. Si on peut y trouver du plaisir lors d’une écoute occasionnelle, si on tente de rentrer dans le fond du problème, on en ressort pas grand-chose et on se rend compte que cet album, c’est du vent. Du vent qui détend, du vent qui fait oublier les soucis pendant quelques minutes, mais du vent quand même.

  • Come
  • Heads Up
  • Mr Johnson
  • Lil Mam
  • Hope
  • All my Days
  • Hob
  • Makeba
  • You Can Blame Me
  • So Peaceful
  • City
  • Son of a Sun
  • Dynabeat

Note : 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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