avril 25, 2024

La Princesse des Glaces – Camilla Lackberg

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Résumé :

Erica Falck, trente-cinq ans, auteur de biographies installée dans une petite ville paisible de la côte ouest suédoise, découvre le cadavre aux poignets tailladés d’une amie d’enfance, Alexandra Wijkner, nue dans une baignoire d’eau gelée. Impliquée malgré elle dans l’enquête (à moins qu’une certaine tendance naturelle à fouiller la vie des autres ne soit ici à l’œuvre), Erica se convainc très vite qu’il ne s’agit pas d’un suicide. Sur ce point – et sur beaucoup d’autres -, l’inspecteur Patrik Hedström, amoureux transi, la rejoint. A la conquête de la vérité, stimulée par un amour naissant, Erica, enquêtrice au foyer façon Desperate Housewives, plonge clans les strates d’une petite société provinciale qu’elle croyait bien connaître et découvre ses secrets, d’autant plus sombres que sera bientôt trouvé le corps d’un peintre clochard – autre mise en scène de suicide.

Avis :

Les auteurs de polars suédois sont reconnus sur la scène internationale pour nous fournir des romans noirs de premier ordre. Outre l’indétrônable Stieg Larsson et sa mythique trilogie Millénium, on compte également des personnages qui n’ont (presque) rien à lui envier. Parmi eux, l’on peut citer Henning Mankell et Johan Theorin. Aussi, c’est avec une confiance aveugle que j’aborde le premier roman de Camilla Läckberg. Des avis positifs de la part des lecteurs et de la critique, un succès apparemment mérité, une héroïne attachante… Bref, les éloges fusent de toute part si bien qu’on a l’impression de tourner les pages d’un chef d’œuvre sitôt le livre dans les mains.

La scène d’ouverture semble confirmer cet excellent a priori. Une jeune femme retrouvée dans sa baignoire congelée, les veines tranchées. Le climat glacial s’installe. L’atmosphère sombre et macabre, bel et bien présente. L’entame faite, on expose les personnages et le quotidien somme tout banal de ce petit village répondant au doux nom de Fjällbacka. Là également, le cadre atypique, loin de la fureur et de la pollution des grandes villes contribuent à un départ sur les chapeaux de roue, tant sur l’endroit que sur les tenants de l’histoire. Dès lors, l’on se dit que notre avis est quasiment fait : une intrigue diabolique comme les Suédois (une Suédoise en l’occurrence) savent si bien les écrire.

Seulement, la chute sera d’autant plus vertigineuse qu’inattendue. On ne remettra pas en cause les qualités littéraires de l’ouvrage. De ce point de vue, le style de l’auteur demeure fluide en dépit du faible nombre de chapitres (seulement 6 pour un total de 448 pages en format poche). Ce détail d’apparence anodine révèle le rythme dont pâtira le récit : d’une longueur alarmante. À force de dépeindre ses personnages et leur vie de tous les jours, Camilla Läckberg en oublie de se concentrer sur le cœur du livre : l’enquête policière. En lieu et place de cela, elle accorde une importance exagérée aux facéties des uns et des autres. En tête de liste, une romance aussi malvenue que le contexte ne la suggère nullement.

Comprenez qu’une histoire d’amour n’est pas rebutante dans un roman si elle n’est pas prépondérante au moteur de l’intrigue (exception des récits romantiques bien entendu). Mais, lorsque l’on achète un polar, on s’attend à un minimum de respect sur les codes du genre. Dans certains cas, on peut les transgresser. Or, madame Läckberg préfère à la résolution du crime, les rumeurs qui parcourent le village, le passé des uns et la connerie des autres. Pour faire simple, l’aspect polar/policier occupe à peine un quart du livre. Le reste n’est qu’une interminable et poussive digression sans fondement. À l’ennui succède l’apathie. On tourne de l’œil à défaut de tourner les pages avec entrain.

Malgré la tentation de fermer le bouquin une bonne fois pour toutes, on persévère même si l’envie a disparu depuis longtemps. Comme si cela n’était pas suffisant, l’intrigue est cousue de fil blanc. Les mystères sont rapidement éventés ou prévisibles. Quelques indices bien placés et un bon observateur aura raison du dénouement, peut-être sur l’identité du coupable, mais surtout sur le mobile. De fait, les passages inutiles se révéleront d’eux-mêmes et ne parviendront pas à flouer la vigilance du lecteur, si ce n’est en l’endormant. L’on se dit que cette conclusion n’en valait même pas la peine.

Autre point qui fâche : les protagonistes s’avèrent des plus antipathiques et caricaturaux. Le clivage des sexes dégouline des pages avec une caractérisation sommaire où les clichés se succèdent sans vergogne. Les hommes sont arrogants, narcissiques, violents, manipulateurs, arrivistes, paresseux, incompétents et opportunistes (le beau-frère et le commissaire en tête). La gent féminine, elle, est dépeinte avec plus de complaisance, même si l’on notera de jolis stéréotypes : la femme battue qui refuse de voir la vérité en face, l’épouse de Jan, un pois chiche en guise de cerveau et vénale par-dessus le marché. Erica, tout comme Patrick, est ordinaire, un rien niaise à l’évolution très limitée.

Au final, La princesse des glaces apparaît comme une amère déception. Après un excellent départ, l’on se rend vite compte que ce roman relègue les ingrédients du polar au grenier pour se contenter d’une romance sans surprise et du quotidien de personnages détestables, à tout le moins standards. On ne retiendra que peu de points positifs si ce n’est le cadre en lui-même et le style de l’auteur. Pour inverser les rôles, c’est comme si vous souhaitez acheter un livre avec une chouette histoire d’amour (par exemple, Danielle Steel) et que vous explorez sous la couverture un thriller glauque et sanglant à souhait (du Grangé). Si cela rebute dans ce sens, il en va de même dans l’autre…

Note : 08/20

Par Dante

AqMENote de AqME: 12/20

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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