Titre Original : The Adventures of Tintin : Secret of the Unicorn
De: Steven Spielberg
Avec les Voix de Jamie Bell, Andy Serkis, Daniel Craig, Nick Frost, Simon Pegg
Année : 2011
Pays : Etats-Unis, Nouvelle-Zélande
Genre : Animation
Résumé :
Parce qu’il achète la maquette d’un bateau appelé la Licorne, Tintin, un jeune reporter, se retrouve entraîné dans une fantastique aventure à la recherche d’un fabuleux secret. En enquêtant sur une énigme vieille de plusieurs siècles, il contrarie les plans d’Ivan Ivanovitch Sakharine, un homme diabolique convaincu que Tintin a volé un trésor en rapport avec un pirate nommé Rackham le Rouge. Avec l’aide de Milou, son fidèle petit chien blanc, du capitaine Haddock, un vieux loup de mer au mauvais caractère, et de deux policiers maladroits, Dupond et Dupont, Tintin va parcourir la moitié de la planète, et essayer de se montrer plus malin et plus rapide que ses ennemis, tous lancés dans cette course au trésor à la recherche d’une épave engloutie qui semble receler la clé d’une immense fortune… et une redoutable malédiction. De la haute mer aux sables des déserts d’Afrique, Tintin et ses amis vont affronter mille obstacles, risquer leur vie, et prouver que quand on est prêt à prendre tous les risques, rien ne peut vous arrêter…
Avis :
Adapter une bande dessinée franco-belge, c’est bien souvent la croix et la bannière et les résultats sont quasiment tout le temps médiocres. On peut citer en vrac Boule et Bill, Benoit Brisefer, Les Profs ou encore Lucky Luke. Il semblerait que le matériau soit réellement inadaptable pour le septième art et pourtant, certaines productions nous font mentir, comme Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre. Il s’agit-là de l’une des rares exceptions du cinéma français, film dans lequel Alain Chabat avait capté toute l’essence même de la BD pour la transfigurer au cinéma. Depuis, on tire un peu la gueule et ce n’est pas le Gaston Lagaffe de Pef qui va nous réconcilier avec le genre. Mais si cette incapacité à bien traiter le neuvième art dans le septième était une inaptitude typiquement française ? Non, parce qu’en 2011, Steven Spielberg s’associe avec Peter Jackson pour faire un film d’animation sur Tintin, LA plus célèbre BD du panthéon franco-belge. De qui faire frémir les moustaches de la nouvelle « nouvelle » vague française, et pourtant, le film est une pure réussite. Pourquoi ?
En premier lieu, Spielberg se donne les moyens de réussir et il ne va pas maladroitement singer les planches du matériau de base. S’il prend quelques libertés sur l’histoire (on y reviendra), c’est surtout la qualité technique du film qui surprend. Ici, il utilise la Performance Capture pour tout faire en studio. Le résultat est tout simplement bluffant et l’animation est une grande réussite. C’est beau, c’est très fluide et surtout, surtout, ça garde une certaine patte graphique. C’est-à-dire que ça ne ressemble à rien d’autre et que tous les personnages sont très bien reproduits. On notera aussi quelques clins d’œil à l’œuvre de base, avec notamment au début, un caricaturiste qui dessine Tintin comme sur la bande-dessinée. Bref, d’un point de vue visuel, c’est vraiment incroyable. Et il faut combiner cela à une mise en scène inspirée et grandiose avec des moments forts. Le plan-séquence de la course-poursuite dans la ville marocaine est incroyable, montrant, si besoin en est, que Steven Spielberg a su garder un œil aguerri et vif. D’ailleurs, tout le rythme du film est soutenu, enchainant les péripéties sans créer d’ennui.
L’autre point fort de ce film, c’est son histoire. Beaucoup lui reprocheront sa liberté par rapport aux deux tomes que sont Le Secret de la Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge, mais encore une fois, c’est pour apporter quelque chose de bénéfique à l’intrigue et au développement des personnages. Tintin est un héros qui peut sembler assez lisse, mais pourtant, on va vite s’attacher à lui car il est simple, aventureux, courageux et tenace. Il s’agit d’un vrai héros. Haddock quant à lui est le faire-valoir de base, mais qui possède un vrai background, une vraie histoire, le scénario s’amusant donc à parler d’hérédité et conflits générationnels entre deux familles. Seul le méchant est un peu décevant, comme c’est souvent le cas dans ce genre d’entreprise, mais il reste complètement fou et hargneux, ce qui suffit à le rendre détestable. Les touches d’humour qu’apportent Dupont et Dupont sont assez savoureuses et même Milou possède son moment impressionnant, conférant à l’animal un vrai caractère. Et tout ce petit monde va graviter autour d’une histoire d’héritage et de guerre des familles. C’est assez intéressant car ça aurait pu être violent, mais Spielberg trouve la bonne façon pour parler de cela, tout en rendant son film spectaculaire et attrayant.
C’est assez étrange de voir que c’est un américain et un néo-zélandais qui ont réussi à adapter une bande-dessinée franco-belge avec une aussi belle justesse. Parce que quoi qu’en disent les détracteurs, le film offre vraiment une seconde vie aux œuvres de Hergé, qui commençaient grandement à sentir la naphtaline. Avec ce film, le duo redonne un coup de fouet à la saga, lui ajoutant de l’action, de l’humour et surtout une énergie débordante en corrélation avec son temps, sans pour autant crétiniser l’ensemble pour plaire aux plus jeunes. Nous sommes clairement face à une adaptation fidèle qui a su évoluer avec son temps et qui, par petites touches, rend hommage à l’œuvre de base, tout en la dynamitant.
Au final, Les Aventures de Tintin – Le Secret de la Licorne est une franche réussite et il ravira aussi bien les petits que les grands. Il y a suffisamment d’action et d’épopées pour plaire aux plus jeunes, et il y a un vrai fond avec un joli message pour les adultes. Et en plus de cela, Spielberg, comme à son habitude, livre une œuvre où le cynisme est complètement absent, laissant parler son âme d’enfant pour livrer un film profondément bon, aussi bien dans sa forme que dans son fond.
Note : 17/20
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Par AqME
Une réflexion sur « Les Aventures de Tintin – Le Secret de la Licorne »