avril 26, 2024

Desultory – Through Aching Aeons

Avis :

Qu’on se le dise, le Death Métal est un genre propre à la Scandinavie et on ne compte même plus les groupes issus de cette partie-là du globe. La Finlande possède d’ailleurs tellement de groupes de Death ou de Black que certaines rues ou certaines places portent le nom d’illustres formation, comme par exemple Lordi quand il a gagné l’Eurovision. La Suède n’est pas en reste non plus et si certains groupes percent à l’internationale, d’autres ont plus de mal à passer les frontières, et cela malgré un son de qualité, voire de très grande qualité. Prenons le temps, si vous le voulez bien, de se pencher sur le cas de Desultory (désincarné pour les anglophobes). Fondé en 1989 à Stockholm, le groupe va tout d’abord fournir trois démos jusqu’en 1992, puis un premier album remarqué en 1993, Into Eternity. Deux albums plus tard et trois années, le groupe décide de faire une pause et de se séparer de Stefan Pöge, en profitant ainsi pour changer complètement de style. Mais la pause va durer plus longtemps que prévu, puisqu’il faudra quatorze ans au groupe pour sortir un nouvel album en 2010 et enfin celui qui nous intéresse en 2017 avant de complètement se séparer pour vaquer à d’autres occupations. On pourrait donc croire que Desultory a fourni un album décevant, mais c’est plutôt le contraire, le groupe se splitant sur un chant du cygne d’une grande qualité.

Il est d’ailleurs dommage que la formation n’existe plus tant le Death que propose Desultory est intéressant à bien des égards, mélangeant certains passages assez Black (double pédale, rythmique déchainée), à d’autres moments plus aériens, lorgnant du côté du Death mélodique. Le skeud débute avec Silent Rapture et il est une sorte de synthèse de ce que va proposer le groupe dans la suite de cette album, qui ne possède que neuf titres, mais qui ont tous leur spécificité et leur originalité. Ce premier morceau donc est assez bourrin, voire difficile d’accès pour les non-initiés, mais il possède quelques passages bien sentis, complètement hors du temps et qui bénéficient d’une mélodie assez mélancolique. C’est à la fois rugueux et doux, offrant un double sentiment mais qui vraiment osmotique. Avec Spineless Kingdom, le groupe revient à quelque chose de plus brutal, notamment avec le chant guttural propre au Death qui envoie du graveleux. La batterie est très marquée et scande un rythme très rapide qui est suivi par les guitares. Il s’agit peut-être du titre le plus virulent de l’album, mais pourtant, il contient tout de même son lot de passages intéressants, évitant brillamment la double-pédale insupportable et les cris trop puissants. On retrouvera même quelques allusions à du Doom, comme sur l’introduction de Through Aching Aeons, avec des riffs assez lents mais très lourds, appuyant un début oppressant, avant de lâcher la voix du chanteur et de faire quelque chose de plus ouvert, de plus mélodique, ce qui manque grandement à certains groupes de ce genre qui ne jurent que par la violence.

Desultory évite donc tous les clichés par rapport au Death ou au Black en se situe à un juste milieu et profitant pleinement des mélodies imposées par les guitares. On remarquera cela de façon plus prégnante avec des titres comme Beneath the Bleeding Sky, un superbe titre qui annonce la couleur dès le départ avec une rythmique très marquée, une basse qui s’entend très bien et une ambiance sombre, qui donne un sentiment de mélancolie assez fort. Et c’est plutôt bien vu puisque la mélancolie est l’un des thèmes phare du groupe, en même temps que la dépression ou la solitude (thématique que l’on peut retrouver sur la jaquette). Avec Divine Blindness, le groupe dévoile sa capacité à créer des introductions touchantes, à base de piano, avant de lâcher la bête et de proposer l’un des meilleurs titres de cet excellent album. Certainement moins puissant que les autres morceaux, il n’en demeure pas moins le plus construit, le plus complexe, mais aussi le plus mélodieux. Tout comme Breathing the Ashes, un morceau qui pourrait sembler lourd et virulent, mais qui, encore une fois, profite des grattes en second plan pour alléger son propos et permettre d’ancrer une vraie mélodie à l’édifice. Une mélodie qui s’efface sur les couplets ultra bourrins mais super efficaces avant de réapparaître sur les refrains. Un peu comme sur Our Departure, le dernier titre, qui conclue de manière sublime cet album.

Au final, Through Aching Aeons, le dernier album de Desultory, est une véritable réussite. Il s’agit d’un album d’une grande classe, à la fois touchant et nerveux, bon et brut, violent et doux. Rares sont les groupes capables de fournir des albums de cette qualité, avec cette faculté de créer de la mélodie dans la violence, de la mélancolie dans la rapidité. Bref, c’est beau, c’est techniquement irréprochable, et on ne peut que regretter la séparation d’un tel groupe.

  1. Silent Rapture
  2. Spineless Kingdom
  3. Through Aching Aeons
  4. In This Embrace
  5. Beneath the Bleeding Sky
  6. Slither
  7. Divine Blindness
  8. Breathing the Ashes
  9. Our Departure

Note : 18/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=-sjC5rlGGdc[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.