avril 25, 2024

Big Fish

De : Tim Burton

Avec Ewan McGregor, Albert Finney, Billy Crudup, Jessica Lange

Année: 2004

Pays: Etats-Unis

Genre: Drame

Résumé :

L’histoire à la fois drôle et poignante d’Edward Bloom, un père débordant d’imagination, et de son fils William. Ce dernier retourne au domicile familial après l’avoir quitté longtemps auparavant, pour être au chevet de son père, atteint d’un cancer. Il souhaite mieux le connaître et découvrir ses secrets avant qu’il ne soit trop tard. L’aventure débutera lorsque William tentera de discerner le vrai du faux dans les propos de son père mourant.

Avis :

Pour les réalisateurs, il y a plusieurs types de films. Mais le plus souvent, ils se divisent en deux catégories, les films de commande, bien souvent de gros blockbusters sur lesquels les réalisateurs n’ont pas les coudées franches, puis les films plus personnels, plus intimistes, où les cinéastes nous invitent presque à rentrer dans leur subconscient. Afin de joindre les deux bouts financièrement, les réalisateurs doivent faire un peu des deux pour trouver un bon équilibre entre un film qui va rapporter beaucoup d’argent et un autre qui se fera plus par plaisir ou sens artistique. On peut notre Guillermo Del Toro qui a fait des films comme Blade II ou Pacific Rim afin de financer des métrages comme Le Labyrinthe de Pan. Mais celui qui nous intéresse aujourd’hui est Tim Burton. Car malgré une carrière en dents de scie en ce moment, il ne faut pas oublier que c’est un cinéaste qui a une vision particulière du septième art et qui possède une vraie touche personnelle. Alors oui, il y a eu les films de commande, comme l’ignoble Alice au Pays des Merveilles, mais il a aussi fait des métrages plus intimes, qui lui sont très chers, parce que le sujet est fort ou tout simplement parce que ça lui évoque une partie de sa vie. Et parmi ces films-là, on retrouve Big Fish.

Alors Big Fish a une résonnance toute particulière pour son réalisateur, puisque durant le tournage, Tim Burton a perdu son papa, ce qui a certainement influencé sa vision des choses et le sublime final du métrage. Et en même temps, c’est un film qui ne pouvait être réalisé par personne d’autre que Tim Burton. Entre la folie visuelle des moments racontés par le père et ce retour à la réalité assez abrupt et dur, il fallait tout l’imaginaire de ce réalisateur pour donner un résultat incroyable et un film où les sujets sont abordés de manière efficace et vraiment juste. Dans ce film, on va surtout parler de la relation père/fils. Une relation complexe entre un père qui a la tête dans les étoiles et la langue bien pendue pour magnifier la réalité. Une réalité qui semble chère au fils, vivant à Paris et n’ayant pas l’imagination de son père. Il lui reproche même de s’accaparer tout le monde par ses histoires, au détriment des soins affectifs dont il a besoin. Le film va donc énormément se concentrer sur une relation compliqué, entre amour et haine, mais sans jamais tomber dans la surenchère. Très rapidement, le film va nous toucher par deux choses, la prise de conscience du fils que l’on a qu’un seul père et que s’il invente des histoires, elles ont toutes leur part de vérité et vont permettre à cet homme de rester pour l’éternité.

Outre cette relation qui va évoluer dans le bon sens et faire pleurer même le plus endurci des cœurs, Big Fish est aussi un film sur la passation et sur l’importance des histoires. En gros, le monde est bien trop gris, donnons-lui des couleurs, des personnages excentriques et essayons de nous amuser d’une moindre chose. Et c’est clairement ce qu’il se passe à l’écran lorsque le père, magnifique Albert Finney, raconte ses histoires et retrace sa formidable vie. Il laisse une trace partout où il passe, restant ainsi dans les mémoires et ne mourant jamais vraiment. Big Fish est un film qui va montrer que si l’on veut rester, même après sa mort, il faut être bon et un peu fou. La morale de l’histoire est vraiment belle et bien amenée, dédramatisant finalement la mort, puisque nous serons toujours vivants dans les cœurs et les mémoires. Le deuil est une chose complexe, mais Tim Burton démontre que l’on peut passer au-dessus et qu’il faut accepter les gens tels qu’ils sont. Enfin, au niveau des thématiques, on retrouvera aussi un puissant message d’amour qui va encore plus magnifier le portrait de ce père fantasque, mais fidèle envers sa femme.

Le film tient vraiment sur son visuel, forcément farfelu quand on connait un peu l’univers de celui qui est aux commandes, mais il tient aussi et surtout grâce à ses personnages. Le père est une montagne d’émotions brutes et il sera bien impossible de ne pas ressentir de l’empathie pour ce personnage haut en couleurs. Mais ce n’est pas le seul protagoniste pour lequel on ressent de l’amour. Jessica Lange, en mère qui va perdre son mari, est tout bonnement bouleversante dans son amour pour cet homme. Et que dire de Billy Crudup, en fils qui revient au chevet de son père pour lui dire au revoir et comprendre tout ce qu’il a raté en étant pas à ses côtés. L’acteur est à la fois touchant et fébrile, montrant ses regrets, mais aussi et surtout son amour pour ce père si imposant, mais débordant de sentiments. Enfin, même Marion Cotillard s’avère être touchante pour sa première sur le sol américain. Big Fish a su travailler ses personnages et rendre le tout drôle mais aussi attendrissant, beau et tout simplement humain.

Au final, Big Fish est, encore aujourd’hui, un grand film comme on en fait que trop rarement. Tim Burton sublime son art, lui insuffle un peu de son âme pour rendre ce film extrêmement émouvant et d’une beauté humaine sans égale. Il s’agit d’un film qui parle de choses dures, comme le deuil, la maladie, la relation conflictuelle entre un père et son fils, mais il en parle avec douceur, pudeur et une pointe de fantaisie, nous rappelant à tous que finalement, la vie c’est précieux et que nous pouvons rester vivant même dans la mort, pour peu que l’on soit dans le cœur des gens. Un film sur la puissance de la bonté qui fait un bien fou.

Note : 18/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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