avril 25, 2024

Lisa Portelli – La Nébuleuse

Avis :

Il arrive qu’injustement, des artistes talentueux issus d’autres pays ne traversent pas les frontières et demeurent encore inconnus à nos oreilles. Pour dénicher parfois des perles rares, il faut alors plonger dans l’océan sombre et glacial qu’est internet et farfouiller tel un chercheur de trésors pour avoir droit au saint Graal. Mais il arrive aussi parfois que des artistes talentueux peinent à trouver le succès, ou tout du moins une certaine notoriété, dans leur propre pays. On pourrait presque dire que c’est le cas de Lisa Portelli. Découverte en 2011 avec son premier album Le Régal, la jeune femme, malgré son talent et un premier album réussi, n’a pas réussi à se faire un nom sur la scène française et à quelque part, ce n’est pas plus mal. Pourquoi ? Parce que cela lui permet d’avoir les mains libres pour peaufiner son univers et de ne pas succomber aux volontés des maisons de disques qui ont tendance à formater les artistes français, surtout ceux qui officient dans la catégorie « variété ». Mais est-ce le genre de Lisa Portelli ? Pas vraiment, même si on retrouve parfois quelques accès de facilité mélodique et une sonorité relativement mainstream qui pourrait facilement passer sur les ondes radiophoniques. Mais Lisa Portelli possède une plume, une jolie voix, maîtrise la guitare et se fait accompagner d’un bassiste et d’un batteur, chose impensable pour de la variété pop franchouillarde. Alors que cache secrètement La Nébuleuse, le second album de cette jeune chanteuse ?

L’album commence d’une jolie façon, relativement poétique avec De Noir et d’Or. Démarrant assez lentement avec une petite guitare à peine écorchée et une douce voix mélodieuse, le morceau possède aussi une ambiance assez solaire qui fait du bien et qui donne une bonne idée de l’univers aérien de l’artiste. C’est simple, c’est beau et c’est plutôt bien écrit. Bien évidemment, il faut accrocher aux textes poétiques, mais c’est ce qui donne tout le charme de cette chanson. Le morceau monte progressivement, arrivant presque à devenir un moment un peu plus rock. Et c’est d’ailleurs ce qui va le plus marquer avec cet album, une volonté de mettre en avant un côté pop rock assumé et parfois presque sombre. On retrouve cela avec Tout Cela, un titre assez triste mais relativement efficace ou encore Vers d’Autres Voies, qui est un titre à la guitare lourde, allant même chercher quelques références au Hard Rock pour offrir un titre court, mais qui sort du lot et montre que la chanteuse ne se cantonne pas à un seul style de musique. Elle accepte de sortir de sa zone de confort pour fournir quelques morceaux plus rêches, et qui finalement permettent de voir toute l’étendue de son talent. Cherche la Joie est aussi un morceau un peu plus rock que le reste, même si le texte est un poil faiblard. Bref, dis comme ça, on a affaire à un bon album.

Mais il y a un mais. Le plus gros défaut de La Nébuleuse c’est sa redondance. En effet, on a dit au-dessus que l’on avait droit à une pop acidulée teintée de rock, mais le problème, c’est qu’entre certains morceaux plaisants, on se retrouve avec des chansons qui sont toutes sur la même tonalité et qui créent un ennui à force d’écoutes répétées. Entre Appartenir au Large, Longtemps, La Nébuleuse ou encore Dans la Rocaille, on a la sensation d’entendre le même rythme ainsi que la même intention, c’est-à-dire jouer à fond la carte de la licence poétique quitte à perdre l’auditeur sur les thématiques brassées. C’est un ressenti un peu désagréable même si les morceaux sont plutôt sympathiques. En fait, il y a un mauvais dosage entre des titres plus rapides ou à l’univers bien marqué et des titres plus tendres et plus légers. On a clairement la sensation que si on retire les trois morceaux un peu rock, il ne reste que de la pop aérienne et un peu lente. Alors oui, on peut sortir La Nébuleuse de ce lot avec l’ajout de quelques instruments ou sonorités particuliers. Obsession monte aussi crescendo et laisse plus de place à la gratte que certains autres morceaux, mais quand bien même, ça reste un poil trop lisse pour pleinement convaincre. Et encore une fois, c’est dommage quand on entend le potentiel énorme de Lisa Portelli sur certaines de ses compositions. Le pire morceau étant clairement Naviguer, qui est d’un ennui profond, aussi bien dans le texte que dans la mélodie.

Au final, La Nébuleuse, le dernier album de Lisa Portelli, est un album qui souffle aussi bien le chaud que le froid. Si l’on sort les quatre chansons qui sortent un peu de l’ordinaire pop rock que l’on entend habituellement, il ne reste plus grand-chose à se mettre sous les oreilles, hormis quelques textes agréables et bien loin des standards du genre. C’est dommage, car si l’album en lui-même n’est pas si mal, il manque de variété et de variation pour pleinement convaincre.

  1. De Noir et d’Or
  2. Appartenir au Large
  3. Naviguer
  4. Longtemps
  5. Tout Cela
  6. Vers d’Autres Voies
  7. La Nébuleuse
  8. Dans la Rocaille
  9. Cherche la Joie
  10. Obsession
  11. En Sueur
  12. Je Suis la Terre

Note : 12/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=zl52MKx5Uh8[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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