avril 20, 2024

Fire Punch

Auteur : Tatsuki Fujimoto

Editeur : Kazé

Genre : Science-Fiction, Fantastique

Résumé :

Dans un monde où tout est recouvert de glace, la famine et le chaos règnent sur la Terre. Parmi les quelques humains qui tentent de survivre, certains sont dotés de pouvoir surnaturels. Agni et sa sœur, Luna, font partis de ces « élus » et possèdent la faculté de se régénérer. Agni utilise ce pouvoir pour nourrir les habitants de son village. Pourtant cela ne suffira pas à les préserver du terrible malheur qui va s’abattre sur eux… Agni sera le seul survivant du massacre qui a brûlé tous ses proches. Il part alors dans une quête effrénée pour assouvir sa soif de vengeance !

Avis :

Le post-apocalyptique est un genre qui trouve beaucoup de résonance dans des histoires où l’humanité n’a plus vraiment sa place et où les hommes sont devenus des prédateurs complètement frappés. Il suffit de voir des productions cinématographiques comme La Route ou Mad Max pour s’apercevoir que nous avons une vision très pessimiste de notre avenir. Ce qu’il y a de bien avec ce genre, c’est qu’il peut amener des réflexions sur nos conditions d’aujourd’hui et les efforts que l’on peut faire pour éviter de vivre comme le prédisent certains films. Mais il n’y a pas que le cinéma qui explore le côté post-apo, on peut aussi trouver des romans et quelques fois des mangas. Ayant fait grand bruit lors de sa sortie pour son originalité et sa violence, Fire Punch est un véritable coup de poing dans la face du lecteur, qui se retrouve dans un univers complètement déshumanisé, mais où les croyances vont bon train.

Pour la petite histoire, l’auteur floute volontairement les pistes en ne situant jamais son récit. On ne sait pas à quelle époque nous sommes, ni sur quel lieu. Cette absence d’information va renforcer l’aspect glacial et isolé de l’histoire. Nous allons donc suivre Agni, un jeune homme qui vit avec sa sœur dans un petit village. Agni et sa sœur ont tous les deux un pouvoir, ils peuvent se régénérer. Le monde étant transformé en un immense glacier, Agni se coupe le bras plusieurs fois pour donner à manger aux habitants afin qu’ils ne meurent pas de faim. Oui, nous parlons bien de cannibales. Un beau jour, un avion vient se poser proche du village avec un « élu » à son bord, Doma, qui peut jeter des flammes qui ne s’éteignent que lorsque l’objet enflammé meurt et soit réduit en cendres. Brûlant tout le village et ses habitants, Doma repart vers une cité, berceau de l’humanité. Grâce à son pouvoir de régénération quasi immédiate, Agni survit, mais les flammes continuent de brûler autour de lui. Il décide alors de venger la mort de sa sœur.

A la lecture, on se rend bien compte que l’on ne met pas les pieds dans quelque chose de connu. Et c’est bien simple, Fire Punch brûle les pistes, retourne sa trame plusieurs fois au sein d’un même tome et propose vraiment quelque chose de neuf. Le scénario peut paraître assez fouillis comme ça, mais tout est bien posé. Avec cette histoire, Tatsuki Fujimoto, dont c’est le premier manga, livre une pensée très nihiliste de l’espèce humaine. N’apprenant finalement rien de ses erreurs, on reste dans une relation de dominants à dominés, les plus forts exploitant les plus faibles en utilisant comme substrat, la religion. Et oui, Fire Punch n’est pas qu’un récit violent et parfois gore, c’est aussi une jolie allégorie à l’être humain et à ce qu’il est prêt à croire pour survivre. On aura bien évidemment aussi des moments de doute et de franche naïveté, avec un héros avide de vengeance, mais qui va découvrir qu’avec son pouvoir, il peut sauver des minorités. Sorte de figure christique qui navigue de pages en pages, comme un exode, Fire Punch peut se lire sur plusieurs niveaux de lecture.

Mais attention, le manga n’est pas à mettre entre toutes les mains. En effet, il est très violent et gore, n’épargnant personne. Des enfants meurent, des gens sont utilisés comme carburant, il y a de la torture, du viol, des morts brutales et parfois une grosse envie de mettre de la zoophilie. L’humanité a totalement perdu son sens premier et on se retrouve à lire une histoire sans filtre, qui essaye de voir les plus gros vices de l’homme pour les coucher sur papier. Mais cette violence n’est pas gratuite et va mettre en évidence ce monde en perdition qui n’est pas si éloigné du notre. Un monde qui est habité par des personnages forts et hautement charismatique, à l’image d’une nana fan de cinéma et qui veut tourner un film avec comme héros Agni. Complètement barrée, drôle et violente à la fois, c’est clairement le genre de personnage qui change la donne et relance une intrigue déjà bien folle. Et enfin, c’est assez intéressant car parfois, on se retrouve avec des personnages qui ont du potentiel, mais qui ne vont pas vivre bien longtemps, le mangaka laissant constamment planer un doute sur le sort de certains personnages.

Le seul petit bémol que l’on peut apporter à Fire Punch, c’est le dessin. Le trait de Tatsuki Fujimoto est assez bon et certaines planches sont très belles, notamment quand c’est un décor détruit, mais certains moments sont bien moins appliqués. On pense notamment à Agni lorsqu’il se fait tabasser par un élu qui peut augmenter sa masse musculaire et qui pilote un robot en guise d’armure. Les effets de flammes sont assez grossiers et les scènes de combat sont brouillonnes, tant et si bien que parfois, on ne sait plus ce que l’on regarde. En fait, au niveau du graphisme, le manga souffle le chaud et le froid et c’est dommage car justement, il y a un travail autour du contraste entre la neige, le froid et les flammes du héros, dégageant une chaleur salvatrice.

Au final, Fire Punch est excellent manga qui sort des sentiers battus pour proposer quelque chose de nouveau et de neuf. Violent, gore, sans pitié, la série n’est pas pour autant gratuite et interpelle sur ce qu’est l’humanité et ce que nous pourrions devenir sur un jour le soleil venait à s’éteindre. A la fois trash et intelligent, Fire Punch est une très bonne surprise et peut-être même le manga de l’année en termes de surprise et de qualité.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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