avril 26, 2024

Guillermo Del Toro – Dans l’Antre avec les Monstres

Avis :

Parmi tous les cinéastes qui possèdent un certain regard sur le septième art, il y en a un qui fascine plus que les autres, c’est Guillermo Del Toro. Réalisateur de génie, collectionneur invétéré, amoureux transi des monstres, le mexicain ne laisse personne indifférent, aussi bien dans sa mise en scène que dans les émotions que véhicule chacun de ses films. Il est donc logique que des livres le concernant sortent, autant pour satisfaire la soif des premiers fans, que pour les profanes souhaitant connaître un peu plus le bonhomme, son œuvre, sa vie et ses passions. Nous étions déjà revenus sur son cabinet de curiosités, qui était un livre fort plaisant dans lequel chaque film était passé à la loupe avec des exemples des notes prises sur les carnets que se trimballe toujours le cinéaste. Dans sa continuité, l’éditeur Huginn & Muninn propose alors Guillermo Del Toro – Dans l’Antre avec les Monstres, qui est scindé en deux parties, essayant de rentrer dans la psyché du réalisateur et d’étudier plus en détail ses références, ses amours et bien évidemment Bleak House, son manoir/musée. Et si le livre est à destination des amoureux du cinéma de ce grand monsieur, il est aussi une petite bible regroupant des tableaux, des inspirations et des figurines peuplant Bleak House et le cerveau de Guillermo Del Toro.

Très clairement, le livre se scinde en deux parties distinctes. La première tient plus de l’essai concernant les thématiques et les inspirations du réalisateur. Partant de sa folie de la collection et de ses différents cabinets de curiosités, Britt Salvesen essaye d’en détacher les éléments essentiels du cinéma de Del Toro. C’est très dense et souvent complexe pour pas grand-chose, surtout quand on connait l’œuvre de l’homme presque par cœur. Il y aura par la suite une petite interview du réalisateur totalement passionnante, dans laquelle il explique pourquoi il aime les monstres et surtout sa vision du cinéma, concernant la lumière, les effets spéciaux ou encore la genèse de ses monstres. C’est très bien écrit, c’est très clair et on ne peut qu’être subjugué par la clairvoyance du monsieur, notamment sur sa façon de voir le cinéma. Enfin, cette première partie se termine sur un autre essai de la part de Paul Koudounaris, qui raconte cette fois-ci l’historique du monstre depuis l’antiquité jusqu’à nos jours et qui surtout parle de l’évolution du monstre, de la façon de le percevoir et de sa place dans la société. Il s’agit-là d’un récit absolument brillant et passionnant qui trouve une vraie résonnance dans le travail de Guillermo Del Toro.

La seconde partie sera plus clairsemée car elle explore toutes les thématiques chères à Del Toro en une seule page, puis des photos de tableaux et autres objets figurant dans la collection du réalisateur. On passera donc par l’innocence et l’enfance, l’ère victorienne, la magie et l’occulte, le cinéma, le comics, la pop culture, le monstre de Frankenstein, les phénomènes de foire et bien évidemment la mort. Les explications sont légères, mais simples et concises, évitant que l’on se perde dans les élucubrations faussement intellectuelles que l’on retrouve dans la toute première partie. Cette simplicité permet ensuite de se plonger à corps perdu dans certaines œuvres inconnues et totalement sublimes, permettant de voir les inspirations du cinéaste. Le seul gros reproche que l’on peut faire à cette partie, c’est que cela tient plus de l’anecdotique que de la véritable recherche de fond. On n’apprend pas grand-chose si on s’intéresse un peu à Guillermo Del Toro et le seul intérêt consiste à découvrir des œuvres d’artistes méconnus, voire totalement inconnus. Fort heureusement, la qualité du papier et de l’ouvrage fait que l’on a envie de s’y replonger pour retrouver un univers à la fois sombre et féérique, enchanteur et cauchemardesque.

Au final, Guillermo Del Toro – Dans l’Antre avec les Monstres est un ouvrage qui se destine uniquement aux fans du réalisateur mexicain. Si la première partie peut prêter à sourire sur certaines études alambiquées, elle reste la plus intéressante grâce à une interview passionnante et un historique sur les monstres très intelligent. Il est dommage que l’ouvrage ne se concentre pas plus sur la vie du bonhomme, sur son enfance, pour trouver résonnance à toutes ses thématiques qui peuplent avec amour ses films brillants. On retrouvera par contre cet amour incommensurable des monstres, cette part d’humanité qui nous manque tant et rien que pour ça, l’ouvrage vaut le coup d’œil.

Note : 15/20

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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