Auteurs : Ryou Ryumon et Kouji Megumi
Editeur : Pika Edition
Genre : Seinen
Résumé :
Un espion russe est retrouvé assassiné au Japon, le seul indice sur les raisons de sa mort se trouve sur une puce informatique qu’il a réussi à cacher de son meurtrier. Fujimaru Takagi, jeune hacker de génie, connu sous pseudonyme Falcon, collabore avec la Third-I, l’agence gouvernementale d’investigation de la sécurité publique, pour décoder les informations présentes sur la puce.
Dans le même temps, son père, Ryûnosuke Takagi, sous-directeur de l’agence, est recherché pour le meurtre de l’agent russe, il est donc condamné à se cacher le temps que son fils découvre l’identité du vrai tueur. Fujimaru déchiffre, avec ses amis, une vidéo intitulée Carnage de Noël où l’on peut voir tout un village se vider de son sang. Le petit génie du hacking et ses amis en déduisent que seul un virus serait capable de faire une telle chose.
Les choses se compliquent encore lorsque la terroriste Maya Orihara, responsable de tout ceci et ayant eu vent que Fujimaru pouvait remettre en cause ses projets, va tenter de se rapprocher du hacker et de ses amis en s’infiltrant dans leur lycée en tant que professeur.
Avis :
Le manga se divise en trois catégories très distinctes qui peuvent par la suite su subdiviser en plusieurs sous catégories. En premier lieu, on trouve le Shônen qui s’adresses aux jeunes lecteurs et aux adolescents comme Naruto, Bleach ou encore One Piece. Ces récits sont souvent assez simples à comprendre et il y a une multitude de bastons qui restent très édulcorés au niveau projections sanguines. Ensuite vient le Shojo qui concerne les jeunes filles, puisque ce sont principalement des histoires d’amour. Enfin, il y a le Seinen, le genre plus adulte dans lequel on retrouve de la violence, du sang ou alors du sexe. Avec l’évolution de la société et la mixité des genres littéraires, on se retrouve parfois avec des œuvres qui font parfaitement le mix entre deux genres. Bloody Monday semble être l’exemple le plus typique puisqu’il se situe entre le Shôjo et Seinen et cela pour plusieurs raisons complètement différentes. Est-ce que cela l’empêche d’être un bon manga ? Non.
L’histoire tourne autour de Fujimaru, un jeune hacker qui a dans les quinze ans et qui est un véritable prodige. Sous son pseudonyme de Falcon, il s’amuse à rendre justice grâce à ses piratages et a toujours une longueur d’avance sur les autres. Ce jeune garçon a un père qui travaille au Third-I, une sorte de police intérieure qui veille aux espions et aux cellules terroristes. Il arrive que Fujimaru aide le Third-I à résoudre des affaires. Sauf que cette fois-ci, le jeune homme se retrouve confronté à un énorme problème, puisque une secte terroriste menace de propager un virus dans Tokyo si leur leader n’est pas libérer. Son père étant en fuite suite à un meurtre qu’il n’a pas commis, Fujimaru va devoir aider le Third-I à résoudre cette enquête particulièrement corsée.
Dans les grandes lignes, Bloody Monday est un Seinen qui s’assume pleinement dans son fond. N’hésitant pas à faire parler le sang pour démontrer la violence et la volonté des terroristes, le manga se glisse facilement dans cette case, apportant aussi une raison complexe à toute cette machination. Et c’est certainement ce qui fait la force de la série car au-delà des différents duels entre le héros et une horde d’ennemis, c’est réellement l’impact de la technologie sur notre société et comment on peut s’en sortir en utilisant correctement les machines qui est mis en avant. Ainsi, on peut donc voir le manga avec une certaine appréhension puisqu’avec toutes les explications fournies, le jeune garçon peut quasiment faire tout ce qu’il veut et ainsi piéger de dangereux criminels. Mais ce n’est pas tout puisque la saga aborde aussi le terrorisme et les raisons de plonger un pays entier dans le chaos. Voulant faire une légère critique de la société exigeante, l’auteur n’accentue pas trop cet accent, préférant mettre en avant les actions des protagonistes et les affrontements verbaux.
En effet, Bloody Monday ne joue pas forcément que sur l’action, mais aussi et surtout sur la psychologie des personnages. On retrouvera d’ailleurs deux antagonistes qui rappelleront Death Note dans la façon d’agir et d’anticiper les réactions de l’autre. Certaines séquences de réflexion seront très poussées, montrant toute l’intelligence du scénario et la facilité avec laquelle l’auteur nous dirige. D’ailleurs, les retournements de situation seront nombreux et parfois surprenants, n’oubliant jamais de prendre à revers le lecteur ou encore de montrer les différentes motivations des protagonistes. Dans ce sens, Bloody Monday est très intelligent. Cependant, on notera quelques défauts au sein de l’écriture. La partie géopolitique n’arrive qu’à la fin, ce qui fait un peu tard, même si c’est bien de l’avoir traitée. On regrettera aussi quelques clichés du genre comme les sauvetages de dernières minutes ou encore cette propension à ne pas tuer certains personnages importants alors qu’ils auraient pu (du) y passer depuis trois plombes. C’est clairement du pipi de chat comme soucis, mais le pire, c’est clairement les quelques fulgurances humoristiques qui parsèment le scénario. Comme à chaque fois dans les mangas type Shônen, on retrouve des apartés qui se veulent drôles, mais qui plombent complètement la tension du scénario. Bloody Monday n’échappe pas à la règle, même si cela reste minime.
Mais ce côté Shônen n’a pas que des défauts, puisqu’on le retrouve aussi dans le dessin et force est de constater que c’est relativement beau. Les personnages sont tous identifiables avec leur qualité et leur défaut mais surtout leurs caractéristiques. Si on retrouve les clichés du genre comme la nana aux seins énormes ou encore la karatéka et le type doué à l’arc, l’ensemble tient bien la route et le découpage des cases est hyper dynamique, permettant une lecture fluide et plaisante. On notera aussi qu’un soin particulier a été donné aux méchants pour leur donner un charisme certain et même le personnage de fin, le chef des terroristes, se révèle sur la fin avec un dessin qui exprime bien toute la folie. Les traits sont dynamiques, nerveux lors des phases d’action et franchement, nous sommes face à un excellent travail.
Au final, Bloody Monday est un très bon manga qui oscille entre deux genres et qui ne tranche jamais pour mieux fonctionner. Ne tombant jamais dans la surenchère de bagarre ou de sanglant, la série fait un choix intelligent de proposer des hackings intéressants et de montrer qu’avec internet et les nouvelles technologies, tout ou presque est possible. Il en résulte une saga passionnante, qui traine un peu en cours de route, mais qui se rattrape sur son final pour ne jamais lâcher le lecteur jusqu’au dernier plan. En bref, une série que l’on conseille pour les fans d’espionnage et de thriller politique.
Note : 16/20
Par AqME