Auteurs : Shimizu Takashi et Rinno Miki
Editeur : Senpai
Genre : Horreur
Résumé :
Ju-on est une série en deux volumes qui raconte deux histoires indépendantes. Dans la première, un père de famille à la recherche d’un nouveau logement, Taeko Saeki, semble trouver l’affaire du siècle : une grande demeure, peu chère, dans un quartier calme, près de l’école et de la gare… L’agent immobilier confesse toutefois les raisons de ce prix : la maison est hantée depuis le jour où, par une nuit sanglante, les anciens propriétaires sont morts dans des conditions mystérieuses. Le père de famille passera outre cet avertissement. Ce ne sera pas forcément pour son bien ni celui de sa famille… La seconde histoire, elle, s’intéresse à une star du cinéma d’horreur, Kyôko Harase, qui accepte de participer à une émission télé dont le sujet est une certaine maison hantée… Victime d’un accident de voiture après l’enregistrement, elle perd le bébé qu’elle attendait. Quelle surprise, alors, d’entendre son médecin lui annoncer peu de temps après qu’elle est finalement toujours enceinte et que la grossesse se déroule normalement… L’horreur, innommable, aurait-elle trouvé refuge dans ses entrailles ?
Avis :
S’il y a bien une chose qui semble impossible, c’est de novéliser les films, jeux vidéo et autres supports ludiques en romans ou en BD/manga/comics (rayez les mentions inutiles). Il faut dire que c’est très difficile de trouver un auteur qui souhaite s’attaquer à certains monstres du septième art et la preuve en est avec Alien Vs Predator qui a connu une édition chez Fleuve Noir ou encore les Indiana Jones chez Bragelonne sous le label Milady. Tous ces livres sont de plus ou moins bonnes factures, mais ils ne sont jamais excellents, voire même parfois carrément à côté de leurs pompes, en atteste les novélisations du jeu Doom. Avec Ju-On, on s’attaque aussi à un autre problème, puisque les deux tomes ont été écrits par le réalisateur des films et ne semble être qu’une extension de l’univers, pire une offre mercantile pour surfer sur le succès des remakes américains. Car peu de gens ont vu les originaux japonais, The Grudge étant plus connu de la jeune sphère fan de film d’horreur. Or, avec ce manga, on est pile dans tout ce qu’il ne faut pas faire.
Premièrement, on tombe sur deux tomes très courts, indépendants l’un de l’autre et qui finalement ne raconte rien. C’est bien simple, au niveau de l’histoire, il n’y a aucun fond, et le fil rouge est assez fin que l’épaisseur d’un timbre-poste. Dans le premier tome, on tombe sur une famille qui achète la maison hantée et qui se retrouve décimée. Rien de mirobolant, on apprend de façon sommaire l’historique de la baraque et la présentation des personnages dure approximativement cinq secondes. On retrouve une sœur grincheuse, un grand frère protecteur amoureux d’une nana qui a perdu ses parents, une mère esseulée et une prof à domicile plutôt têtue. Tout ce petit monde va se faire massacrer sans aucune cohérence, le tome voulant faire dans une surenchère de gore inutile et parfois tape à l’œil pour masquer le vide intersidéral de l’histoire.
Le deuxième tome n’est pas mieux et il va même réussir à faire pire. Cette fois-ci, les sujets de la malédiction sont des journalistes et une star de cinéma puisqu’ils ont tourné une émission dans l’enceinte de la maison hantée pour parler de sa légende. Tout le monde bien entendu va mourir, sans pour autant apporter de l’eau au moulin et relater les évènements de cette maison. Pire encore, rien ne verra avancer l’intrigue du manga, puisque le but ici est de présenter un massacre et rien d’autre. Il manque clairement de la profondeur à tout ça, aussi bien dans les personnages que dans l’intrigue, et surtout l’inactivité des protagonistes est agaçante. C’est bien simple, personne ne fait rien pour combattre ces fantômes revanchards et tout le monde subit ces meurtres sanglants.
Au-delà de ce constat alarmant de vide, la série accuse un autre problème inhérent au genre, le manque d’ambiance. Et cela est dû particulièrement aux dessins. Parfois jolis, souvent dissymétriques, il y a une vraie irrégularité dans les planches et l’ensemble semble presque amateur. On ressent aussi des dessins fait à la va-vite, notamment dans les décors qui sont souvent vides (comme l’histoire ceci dit, il y a une cohérence) et des cases souvent blanches en fond. Alors à la rigueur, faire dans le style épuré, pourquoi pas. Mais peut-être que pour un récit d’horreur, des aplats de noir aurait été plus judicieux. Là, on se retrouve avec des moments tout blancs, presque lumineux, pour faire apparaître un fantôme. Et globalement, ça ne marche pas. La tension est annihilée, la peur n’arrive pas et on enchaine les pages dans l’espoir d’avoir au moins une sensation au détour d’une case. Mais rien ne viendra puisque l’ambiance n’est pas travaillée. Le seul point positif dans tout ça, c’est que c’est court à lire, il y a peu de pages et peu de textes, et on a quelques fulgurances gores. Seulement, faire du gore pour du gore, comme au cinéma, ça a vite ses limites.
Au final, Ju-On est un peu une honte de l’édition. Moche, court, cher et complètement à côté de la plaque aussi bien dans l’intrigue que dans le dessin, nous sommes face à un pur produit marketing qui ne trouve aucune raison d’exister si ce n’est de surfer sur la vague de film d’horreur asiatique qui sortit dans les années 2000. Du coup, on se retrouve avec un objet inutile qui servira certainement de cale-pied sur votre bureau est bancal.
Note : 02/20
Par AqME