avril 26, 2024

Shrooms

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De : Paddy Breathnach

Avec Lindsey Haun, Jack Huston, Max Kasch, Alice Greczyn

Année: 2006

Pays: Etats-Unis, Irlande

Genre: Horreur

Résumé:

Une virée dans la forêt irlandaise entre amis pour faire du camping, l’idée est sympathique.
Goûter aux champignons hallucinogènes, pourquoi pas.
Surtout que c’est marrant de se promener dans les bois en voyant des créatures étranges et effrayantes. Jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’il ne s’agit pas uniquement d’hallucinations…

Avis:

Jouer sur la frontière du réel pour mieux aborder l’horreur, c’est une idée intéressante à lus d’un titre, surtout quand on sait que bons nombres de films d’épouvante oublient d’ajouter du mystère à leur intrigue. Encore faut-il que ce soit bien fait et que le parallèle entre réalité et bad trip soit cohérent sur tous les plans. Car comme pour les voyages temporels, il arrive qu’à la fin du film, après le twist, on se rend compte qu’il y a des choses qui ne vont pas, des passages qui ne collent pas et on se retrouve le cul entre deux chaises entre détester un film qui fait tout et surtout n’importe quoi ou être indulgent face à la prise de risque du réalisateur et du scénariste. Le problème avec Shrooms, c’est que même s’il commence tambour battant, il reste très classique dans sa démarche et n’apporte rien au genre, préférant encore une fois placer de la chair à canon dans un slasher quasi basique qui bouffe à tous les râteliers.

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L’histoire se base sur six jeunes qui partent en Irlande pour goûter à des champignons hallucinogènes. Un pari risqué pour l’héroïne qui retrouve son « presque » petit ami à l’aéroport, instigateur du voyage et du weekend. Le film ne semble pas s’embêter avec des présentations poussées de personnages. On retrouve tous les stéréotypes du genre, à savoir le mec musclé, le rigolo fumeur de joints, la bombasse, la râleuse et bien évidemment le couple qui semble à peu près normal malgré une relation compliquée. Bref, tous les poncifs du genre sont représentés et le réalisateur ne s’embête pas dans l’approfondissement des protagonistes. De ce fait, difficile de se sentir concerné par ce qu’il va leur arriver. Si certains utilisent ce procédé pour augmenter une pression durant tout le métrage afin de les rendre attachants (Don’t Breathe n’est que l’exemple le plus récent), avec Shrooms, rien ne va permettre aux spectateurs de s’accrocher à l’un d’eux. D’ailleurs, même le personnage principal est détestable, goutant un champignon interdit alors que deux secondes avant, son mec lui dit de ne pas les manger.

On peut donc voir qu’il y a aussi une certaine incohérence dans le propos et dans les réactions des personnages. Si le moment où la nana bouffe le champignon est le point de départ des emmerdes, on ne comprendra jamais vraiment comment les autres protagonistes ne voient rien venir. A force de toujours jouer sur la frontière entre réalité et bad trip gore, le cinéaste se perd complètement et n’arrive jamais à rattraper les rênes de son film. Du coup, il essaye quelques pirouettes scénaristiques en espérant que cela passe, comme le moment où tout démarre et que l’on ne comprend pas vraiment pourquoi cette nana, si timorée au départ, décide de bouffer un champignon dangereux. Et tout le film se repose sur des situations ubuesques, des embrouilles pour combler du vide ou encore des moments d’épouvante qui ne fonctionnent pas vraiment car ils ne sortent pas de l’ordinaire ou du déjà-vu.

Le seul intérêt du film réside dans sa volonté à troubler le spectateur entre ce qui est vrai et ce qui faux, jouant aussi sur deux légendes locales dont le jumeau solitaire et un diacre des plus violent. Là encore, ce qui aurait pu être intéressant s’avère bâclé et sans réel lien avec l’histoire in fine. Ces passages, qui se veulent effrayants, sont très souvent rapides et se terminent comme ils ont commencé, avec une course effrénée dans des bois humides. La gestion de la peur est mal dosée, n’offrant jamais de véritable trouille, la faute à une ambiance qui ne prend jamais et surtout des scare jumps éculés depuis maintenant des décennies. Il est très compliqué de trouver des points intéressants sur ce film qui accumule les tares et les clichés du genre pour fournir quelque chose de lambda et de pas tellement surprenant.

Pire que cela, on sent parfois le pompage éhonté sur d’autres productions, comme ce couple de consanguins vivant dans les bois, à l’écart de la civilisation et qui rappelle des films comme Détour Mortel ou La Colline a des Yeux. De jolies références mais qui montrent à quel point le réalisateur est en manque d’inspiration pour son film. Pot-pourri de plusieurs métrages d’horreur, Shrooms en trouve jamais son identité, même dans les moments de trip ou les quelques passages gores qui essaiment le film, et dont le premier est en-dessous de la ceinture. Alors certes, quelques petits moments sont plutôt pas mal, comme le moment avec les consanguins dans la cabane où une jeune femme se retrouve pour demander de l’aide, mais globalement, l’ensemble est vraiment faible et fragile.

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Au final, Shrooms est une belle déception qui n’arrive pas à trouver un équilibre correct entre son propos sur le bad trip et sa part d’horreur qui en devient mineure et ridicule. Longuet, jamais pertinent et présentant des personnages typiques du film d’horreur pour ados des années 2000, Shrooms ne trouvera pas son public, surtout si ce dernier est rompu au genre. Il en résulte donc un film plus que mineur, souvent désolant dans les réactions des protagonistes, et détestable par sa superficialité crasse, ne cherchant jamais vraiment à brouiller les pistes.

Note: 05/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=yUomSUQSa-w[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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