avril 25, 2024

Les Sept Samouraïs

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Titre Original : Shichinin no Samurai

De : Akira Kurosawa

Avec Toshirô Mifune, Takashi Shimura, Keiko Tsushima, Yukiko Shimazaki

Année : 1954

Pays : Japon

Genre : Drame, Action

Résumé :

Au Moyen-Age, la tranquillité d’un petit village japonais est troublée par les attaques répétées d’une bande de pillards. Sept samouraïs sans maître acceptent de défendre les paysans impuissants.

Avis :

Si on attribue volontiers l’hégémonie du cinéma aux américains, il ne faut pas oublier que la quantité n’a jamais été synonyme de qualité. Et cela se constate très tôt avec des films étrangers qui vont se faire croquer lors du montage, pour devenir plus accessibles aux occidentaux, mais qui vont aussi subir des remakes, l’industrie du cinéma étant un perpétuel cycle qui se mord la queue pour refournir à chaque génération une nouveauté qui n’en est pas une. Ainsi, en 1954 sort Les Sept Samouraïs du très grand Akira Kurosawa. Nanti d’un budget de 500 000 dollars et longtemps considéré comme le film le plus cher de l’histoire cinématographique du Japon, le film ne sortira que deux ans plus tard aux States dans une version tronquée de plus d’une heure. Cela n’a pas empêché certains producteurs de voir un potentiel incroyable dans l’histoire contée et c’est en 1960 que sort Les Sept Mercenaires, un remake version western de la version nippone. Pour voir une version complète en France, il faudra être très patient, puisque le film ne sortira qu’en 1980 dans une version digne de ce nom.

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Car oui, chef d’œuvre parmi les chefs d’œuvre, Les Sept Samouraïs est un immanquable du septième art qui prouve bien que le cinéma est un art, associant des messages forts à des images qui deviennent presque des peintures. Avec ce film, Akira Kurosawa signe une œuvre fleuve mais pas dans le temps, plutôt dans l’émotion et dans les sentiments qu’il véhicule au travers une équipe qui se forme sous le signe de l’altruisme et de la volonté de faire du bien. Car ce métrage n’est pas seulement un film d’arts martiaux et si l’on regarde bien, il s’agit même d’un drame poignant à différents niveaux et brassant différents thèmes. Des thématiques d’une grande richesse où chaque personnage aura son importance, où la portée sociale sera prépondérante et où l’honneur sera mis en évidence. Bien loin des clichés japonais sur les samouraïs ou sur une société puritaine qui a du mal à se lâcher, Akira Kurosawa signe une œuvre humaniste, aussi bien chez les samouraïs que chez les paysans.

Du point de vue des paysans, l’heure est grave puisque une bande de pillards s’en prend à leur récolte et leur laisse à peine de quoi survivre. Complètement perdus, ils décident de faire appel à des samouraïs par charité pour les aider à se débarrasser des malfrats. En proie au doute, dédaignant presque la nature humaine que certains jugent égoïste, leur foi va être mise  l’épreuve lorsqu’un samouraï va accepter leur offre par pitié et par compassion. Une équipe va alors se réunir pour venir en aide à ses villageois qui sont finalement les nourriciers du peuple. C’est alors là que l’on va voir le vrai visage de certains villageois, méfiants, parfois mauvais envers un groupe qui les aide par charité. Le réalisateur laisse place au doute sur les intentions de ce village et surtout sur ce qu’il cache comme secret. On pourra y voir alors une nature pus égoïste, exactement comme celle crainte par ses mêmes personnes lors du recrutement des samouraïs. Il réside dans ce film une grande intelligence dans la gestion des émotions et de la nature humaine. Les villageois se retrouveront en désaccord sur certains moments et la nature même du samouraï va en gêner certains. On pourra donc voir le père de famille qui répudie sa fille parce qu’elle tombe amoureuse d’un samouraï. Le cinéaste n’oublie pas aussi que son film est ancré dans une période précise et les mœurs ont la vie dure.

Mais le plus fort, c’est que Kurosawa ne délaisse pas non plus les vrais héros de ce métrage, les samouraïs. S’il reste difficile d’identifier chacun d’eux, le réalisateur a préféré se focaliser sur quatre d’entre eux, ayant des comportements bien différents et des visions de la vie non identiques. On pourra alors y voir un chef assagi, respectueux, altruiste, mais aussi méfiant et stratège. Très japonais dans sa manière d’être, on ne pourra passe à côté de la longue mise en place de la stratégie défensive. Ce chef est un peu la résistance du groupe, celui qui fédère et rassemble. Il sera alors épaulé par un jeune apprenti qui va tomber amoureux et qui va devoir prouver sa valeur et sa loyauté, chose qu’il va faire aisément, animé par l’amour qu’il ressent pour les samouraïs. Il appréciera d’autant plus le meilleur sabreur du groupe, un homme calme, taciturne, mais d’un grand cœur. Enfin, le plus important sera certainement celui qui se fait nommer Kikuchiyo, un personnage haut en couleurs mais terriblement touchant malgré sa maladresse et son aspect bourru. Véritable héros de l’histoire, il comprendra d’autant plus les paysans puisqu’il est issu d’une famille paysanne, mais surtout, il sera celui qui se battra le plus pour maintenir la paix dans le village. Encore une fois, Akira Kurosawa joue sur la notion de code d’honneur, de camaraderie et d’amitié. Il suffit de voir la réaction de ce grand bonhomme lorsque l’un de ses frères d’épée meurt un peu par sa faute.

Enfin, Les Sept Samouraïs c’est aussi et surtout une maîtrise technique ahurissante et un sens du rythme inné. Malgré les trois heures que dure le film, on ne ressent aucun ennui et le cinéaste parvient avec justesse à jongler avec ses différentes thématiques. Ainsi, entre les conditions de tournage apocalyptiques et le respect du code du Japon médiéval, Kurosawa livre une œuvre unique qui oscille perpétuellement entre l’amour, la guerre, l’humour ou encore le drame. Cela permet alors de voir l’ampleur du film qui a besoin de ces heures pour être cohérent et compact. D’autant plus que la mise en scène est à tomber. Chaque plan est une œuvre à elle toute seule, enchainant les séquences iconiques et sublimant ainsi un noir et blanc qui donne un véritable cachet au métrage. Et si certains détails sont visibles, comme un rail lors d’un plan ou encore des perruques visibles, le talent du réalisateur n’est pas à remette en cause tant tout est beau et pensé et sensé.

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Au final, Les Sept Samouraïs est une œuvre indispensable, le genre de film qui ne vieillit jamais et qui demeure malgré le temps qui passe. Et si le film fait preuve d’un sens du rythme incroyable et d’une mise en scène exemplaire, c’est surtout sur le traitement des personnages que l’œuvre de Kurosawa demeure intouchable, présentant une palette étendue d’émotions, de caractères et de mœurs. Il en ressort un film d’une grande humanité et humilité.

Note : 20/20

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AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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