avril 25, 2024

D’Angelo and the Vanguard – Black Messiah

D’Angelo-And-The-Vanguard-Black-Messiah

Avis :

Il existe des personnes sur Terre qui possèdent un don inné. Que ce soit dans le cinéma, dans le dessin ou bien dans la musique, certaines personnes ont des prédispositions pour officier dans tel ou tel médium. D’Angelo, né Michael Eugene Archer fait partie de ces personnes. Dès l’âge de deux ans, il décide de faire de la musique, puis c’est à 15 ans qu’il prend la décision d’en faire son métier. Un choix pas si évident que ça à cause du jeune âge de l’artiste à l’époque, et pourtant, c’est à 21 ans qu’il sort un premier album. En 1995 sort Brown Sugar, un album qui se vend très moyennement au début puis qui gagne en reconnaissance grâce au titre Lady. Il faudra attendre cinq ans pour voir Voodoo, le deuxième effort de l’artiste et c’est un succès immédiat et fulgurant. Mais la vie a ses aléas, et après une arrestation en état d’ébriété et avec du cannabis, l’homme a subit un terrible accident de voiture. Il décide alors d’écrire un nouvel album, James River, mais en 2007, il décide d’abandonner le projet, qu’il trouve trop sombre et se met à écrire un tout nouvel album plus lumineux. C’est ainsi que naîtra Black Messiah et le nouveau nom du chanteur, D’Angelo and the Vanguard. Troisième véritable skeud de l’artiste, Black Messiah s’impose comme une référence dans le domaine du hip-hop, mais aussi dans le domaine du jazz ou du blues.

Le skeud démarre avec Ain’t That Easy, un pur morceau soul avec de vrais instruments dedans. C’est peut-être stupide de dire cela de façon aussi puéril, mais à une époque où tout marche au beat et aux sonorités électro sans saveur, il semble salvateur d’aborder une musique avec un vrai groupe, permettant de ressentir de vrais moments de soul et un profond respect pour son auditeur. Mais le plus intéressant dans ce long album, c’est son éclectisme. Il faut dire que l’univers musical de D’Angelo est conséquent et qu’il brasse toute sa culture dans cet album. Si la soul prédomine l’aura de ce skeud, on y trouvera aussi des morceaux bien plus jazzy ou encore bluesy. Pour la première catégorie, impossible de passer à côté de Betray my Heart, où l’instrumentalisation virevolte avec une certaine grâce alors que le chanteur continue sur une rythmique soul profondément agréable et douce. Il en résulte un titre hybride d’une grande puissance et qui prend à contre-pied tous les fans du monsieur qui s’attendaient à un énième album de soul ou de hip-hop. Il y a une réelle prise de risque dans cet album et cela se ressent sur chaque morceau. Pour des titres plus blues, on peut parler de The Door, qui s’ancre parfaitement dans les racines de ce qui sera aux origines du rock, et encore une fois, on appréciera cette grande maestria dans la composition des morceaux.

d-angelo-made-in-america-650-430_zpsb32b568a

Si l’album est absolument fabuleux sur quasiment tous les titres, il y en a un qui fait un peu tâche dans l’album. C’est 1000 Deaths qui résonne comme un essai raté pour aller faire un autre style, un genre de néo-soul qui ne trouve pas vraiment de grâce. Les sonorités sont volontairement saturées, tout comme la voix (qui fait d’ailleurs penser à du Lenny Kravitz) et l’ensemble ne ressemble pas à un vrai titre de musique tant il est disgracieux à l’oreille et cela malgré une belle ligne de basse. Fort heureusement, ce sera le seul titre vraiment pénible de l’album, le reste étant d’une maîtrise parfaite. Allant même chercher des consonances hispaniques avec le très beau titre Really Love qui sera une ballade folk fort touchante et très sensuelle. Enfin, difficile de passer à côté du dernier titre, Another Life, qui clôture de manière formidable l’album, arpentant le chemin balisé de la soul commercial, en arrivant toutefois à se démarquer grâce, encore une fois, à une instrumentalisation parfaite, mais aussi à une voix particulière et à une sorte de symbiose entre tous les musiciens. C’est beau, ça part très loin, c’est à la fois punchy et sexy, et c’est un vrai grand morceau de soul, ou de néo soul, appelez cela comme vous voulez.

Au final, Black Messiah, le troisième et dernier album de D’Angelo and the Vanguard, est un très grand album de soul qui mélange et combine les genres pour régurgiter quelque chose d’inédit et de vraiment plaisant. Loin de toutes volontés commerciales, la campagne de pub étant quasiment inexistante à sa sortie, cet effort signe un grand et beau retour, aussi d’un genre un peu tombé en désuétude et d’un artiste qui aura mis quatorze ans à ressortir quelque chose.

  1. Ain’t That Easy
  2. 1000 Deaths
  3. The Charade
  4. Sugah Daddy
  5. Really Love
  6. Back to the Future (Part I)
  7. Till It’s Done (Tutu)
  8. Prayer
  9. Betray My Heart
  10. The Door
  11. Back to the Future (Part II)
  12. Another Life

Note: 17/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=rejA6QRtrAI[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.