Auteur : Arnaldur Indridason
Editeur : Points
Genre : Policier
Résumé :
Pourquoi l’inspecteur Erlendur use-t-il sa mauvaise humeur à rechercher l’assassin d’un vieil homme dans l’ordinateur duquel on découvre des photos pornographiques immondes et, coincées sous un tiroir, la photo de la tombe d’une enfant de quatre ans ?
Pourquoi mettre toute son énergie à trouver qui a tué celui qui s’avère être un violeur ?
Pourquoi faire exhumer avec quarante ans de retard le cadavre de cette enfant? A quoi sert cette collection de bocaux contenant des organes baptisés pudiquement la Cité des Jarres ?
Pourquoi nos enfants nous font-ils toujours souffrir ?
Pourquoi partout dans le monde la vie de flic est toujours une vie de chien mal nourri ?
Avis :
Dans le domaine du polar, il est souvent difficile de s’extirper de la masse pour se faire un nom. Pourtant, les auteurs scandinaves démontrent une certaine propension pour de sombres et pénibles enquêtes dans la rigueur de leur climat. Moins omniprésente que ses consœurs sur le devant des librairies, la littérature islandaise possède néanmoins une figure de proue dans le genre avec Arnaldur Indridason. Un patronyme presque indissociable de son personnage emblématique : le commissaire Erlendur Sveinsson. Cet écrivain parvient-il à se différencier de la concurrence acharnée et, si c’est le cas, comment ?
S’il s’agit de son premier livre publié en français, La cité des jarres est en réalité le troisième tome de la série mettant en scène « Erlendur Sveinsson ». Les deux précédents ouvrages restant encore inédits dans nos contrées. Or, comme tout bon polar qui se respecte, l’intrigue débute par la découverte d’un cadavre. Rien d’original pour l’instant étant donné qu’on suit les recherches du flic en alternant séquences d’interrogatoires, investigations et vie privée chaotique avec une fille droguée jusqu’aux yeux. En cela, le personnage torturé et néanmoins compétent dans son métier demeure très strict pour coller aux exigences du genre.
D’ailleurs, la construction du livre se calquera sur un cahier des charges qui comporte nombre de contraintes et d’obligations à prendre en compte. L’auteur parvient à satisfaire son lectorat via une manière simple et efficace de faire progresser son histoire, mais il ne transcende en rien le potentiel de son sujet ou les codes du polar. Un suivi sans que le suspense soit vraiment ménagé ou que l’on vaque de surprises en retournements de situation inattendu. Le rythme très calme, voire pesant à certains moments, se contente d’une trame assez sommaire en dépit de thématiques obscures et dérangeantes telles que le trafic d’organes.
Si l’ensemble est bien amené, l’atmosphère peine à trouver une véritable consistance au sein des chapitres. Dommage, car le cadre peu usité de l’Islande et de ses contrées sauvages aurait pu permettre de donner un cachet unique au roman. Or, l’histoire pourrait se dérouler n’importe où étant donné qu’Arnaldur Indridason ne s’y attarde guère. Il n’effleure même pas les contours de son environnement si ce n’est par des descriptions furtives et banales de paysages urbains surfaits et conventionnels au possible. De plus, le contexte répond aux abonnés absents pour ajouter une plus-value intéressante dans le fond.
Quant aux protagonistes, ils traversent des tragédies, traînent un passé houleux et des squelettes dans le placard. Il en ressort des êtres en souffrance marqués par la vie. Malheureusement, on parvient difficilement à les trouver attachants ou détestables. A l’image de l’intrigue, il suscite peu d’empathie. On serait plutôt enclin à ressentir un grand vide, une indifférence mêlée de déception face à des portraits ternes où les cicatrices de leurs souvenirs ne les empêchent en rien de sombrer dans des comportements prévisibles et une personnalité transparente ; à tout le moins éteinte.
Au final, La cité des jarres s’avère un polar qui procure peu de réactions chez le lecteur. Si les ficelles du genre sont respectées à la lettre, elles empêchent les capacités de l’intrigue à développer une ambiance peu commune en Islande. Tant l’histoire que les protagonistes ou la manière d’aborder le sujet principal transpirent une banalité presque navrante. Le livre n’est pas mal écrit, il fait juste montre d’une absence totale d’ambition où la platitude des événements succède à une trame peu surprenante. Un roman auquel il manque une étincelle d’originalité et une touche personnelle pour devenir véritablement intéressant.
Note : 11/20
Par Dante