mars 28, 2024

Réalité

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De : Quentin Dupieux

Avec Alain Chabat, Jonathan Lambert, Elodie Bouchez, Kyla Kenedy

Année : 2015

Pays : France, Belgique

Genre : Comédie

Résumé :

Jason Tantra, un cameraman placide, rêve de réaliser son premier film d’horreur. Bob Marshall, un riche producteur, accepte de financer son film à une seule condition : Jason a 48 heures pour trouver le meilleur gémissement de l’histoire du cinéma…

Avis :

Dans la grande famille du cinéma français, il y a des gens de tout bord et de tout horizon et puis il y a Quentin Dupieux. Alors, Quentin Dupieux, c’est un type que beaucoup connaissent sous le pseudonyme de Mr Oizo. Auteur, compositeur, mais aussi scénariste et réalisateur depuis une belle quinzaine d’années, Dupieux a eu beaucoup de casquettes. Et si dans le domaine de la musique, il n’avait plus rien à prouver, c’est désormais dans le cinéma que Dupieux agite les toiles des grands écrans. Arrivé en 2001, avec le génial moyen-métrage le « Non-film« , le réalisateur étonne par le côté décalé de son film. Un côté qu’il ne cessera pas de développer, si bien que le cinéma de Quentin Dupieux ne ressemble à personne et n’a rien de commun, si ce n’est que son propre style.

Moins d’un an après l’éclectique « Wrong Cops« , Quentin Dupieux est de retour avec son film qui est peut-être bien le plus original et le plus barré. Avec Alain Chabat en tête d’affiche, le cinéaste nous entraîne (et c’est bien le mot) dans un film qui jongle avec les réalités. Une comédie terriblement « Dupieinne », un mélange de style et d’influence, qui atteint des sommets de comédie absurde par moments. Un film qui sera, pour beaucoup, difficile d’accès tant il est alambiqué. Et à la fin de celui-ci, on n’est pas sûr d’avoir bien tout compris et une deuxième, peut être une troisième ou quatrième vision sera nécessaire pour en comprendre (ou non) toutes ses subtilités.

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Jason Tantra est un petit cameraman sur une émission de télévision par franchement captivante. Jason rêve d’autre chose bien sûr et se voit en réalisateur. Cela fait même plusieurs années qu’il travaille à l’écriture de son premier film « Waves ». Un beau matin, il décide enfin d’en parler à Bob Marshall, un riche producteur que Jason connait un peu. Lui racontant le pitch du film, le producteur a l’air d’accrocher. Alors quand Jason parle de mort et de souffrance dans la trame de son film, le producteur lui propose un marcher. Intéressé, mais pas convaincu, il accepte de produire le film de Jason, seulement et seulement si celui-ci lui apporte le gémissement le plus angoissant de l’histoire du cinéma. Jason a alors deux jours pour trouver un gémissement de douleur qui mériterait un Oscar. Jason est on ne peut plus motiver, mais bizarrement, les frontières entre le réel ou la fiction vont devenir de plus en plus folles…

Alain Chabat chez Dupieux, et bien je ne l’avais pas vu venir celle-là et le résultat est on ne peut plus intriguant.

Comme tout film de Dupieux qui se respecte, son scénario sera loin d’être évident ou facile. D’ailleurs, je peux même vous dire que sur tous les films de son réalisateur que j’ai pu voir, ce « Réalité » est le moins évident à comprendre et en même temps l’un des plus captivants dans sa construction. « Réalité« , ce sont les dédales d’un cauchemar avec l’onirisme d’un rêve éveillé dans lequel on a adoré s’y évader. Son scénario est inventif et totalement alambiqué, il part dans tous les sens et pourtant, le film se suit avec beaucoup d’intérêts, et ne cesse de surprendre son spectateur avec des rebondissements qui nous retournent la tête. Le réalisateur maîtrise bien son film et c’est avec plaisir que l’on constate une liberté assez affolante dans le fil rouge de son histoire qui est une belle mise en abîme du cinéma ou des cinémas. « Réalité » est une comédie complètement barrée, qui est saupoudrée de références par-ci par-là. Ainsi, le film fait pensé à du Lynch, à du Cronenberg, et même du Christopher Nolan grâce à son concept. Et puis on trouve aussi des références à son propre cinéma, ce qui pourra ravir les plus passionnés de l’œuvre de Dupieux. Des références qui parfois sont vraiment tordantes. D’ailleurs avec ce film, on peut dire que Quentin Dupieux invente une nouvelle sorte d’humour. Un humour fin, décalé, qui colle très bien à l’œuvre de son réalisateur.

« Réalité« , c’est aussi une mise en scène des plus complexes qui déborde de créativité à chaque plan. Superbement filmé, rappelons que c’est Quentin Dupieux qui éclaire ses films et fait ses propres bandes sons. Parfaitement monté, même si une deuxième séance est nécessaire pour vraiment en comprendre toutes les subtilités, peut-être plus. Ce qui est génial dans ce film, c’est son ambiance presque irréelle. Une ambiance chaque fois différente et en même très proche et que j’apprécie de retrouver dans chaque film de Dupieux. Et je peux dire que dans cette ambiance, le réalisateur va nous perdre à plus d’un moment. On apprécie beaucoup cette impression que les comédiens sont en roule libre et que le film n’est presque que de l’improvisation, alors que c’est totalement l’inverse et que tout est parfaitement orchestré, pensé, imaginé et joué à la lettre, selon les idées du réalisateur. Avec cette histoire atypique, presque inédite même, Quentin Dupieux mélange les flashbacks, les flashforwards, le présent, le passé et le futur, le réalisateur mélange tout, invente beaucoup pour étoffer son film, et nous autres spectateurs, on se laisse emporter au cœur de ce qui semble être l’histoire la plus folle de son personnage principal.

Alors qu’il s’exporte beaucoup aux USA depuis « Rubber« , le réalisateur décide cette fois de revenir avec un casting moitié US, moitié français et offre le premier rôle à Alain Chabat. Un Alain Chabat grisonnant que l’on n’aurait pas forcément vu chez le réalisateur, et qui une fois ancré dans l’univers de ce dernier, devient un peu comme une évidence et sera être aussi drôle qu’énigmatique. Il campe un personnage qui rêve de réaliser un film et qui essaie de s’en donner les moyens, malgré les défis que la vie lui réserve. Dupieux voulait Chabat et personne d’autre, il a donc attendu que le comédien soit libre et c’est une vraie belle idée, puisque cela faisait bien longtemps que l’on n’avait pas vu Alain Chabat aussi bon et à l’aise dans un rôle. Ensuite en second plan, on retrouve Jonathan Lambert dans le rôle totalement délirant et loufoque d’un producteur qui est complètement dans le genre de ce que l’on adore chez Quentin Dupieux, c’est-à-dire le non-sens et l’absurde. L’acteur s’en donne à cœur joie et nous sort des répliques mémorables. Le duo nous offrira d’ailleurs de sacrés bons moments au fil de l’intrigue. Du côté des Américains, c’est Jon Heder qui est au top et qui nous offrira d’excellents délires avec ses obsessions et la jeune Kyla Kenedy sera aussi intrigante que l’histoire du film elle-même.

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« Réalité » est donc un film qui rentre typiquement dans l’univers si décalé de Quentin Dupieux. C’est un film qui définit une sorte de comédie qui sera faire rire, autant qu’elle sera capable de vous faire vous creuser les méninges. Peut-être pas le plus accessible de son réalisateur, mais certainement l’un des plus inspirés. C’est un film dans lequel on rentre ou pas, mais si jamais l’expérience est belle pour vous, alors, une conclusion s’impose ! L’envie de retourner voir le film pour être sûr d’avoir vraiment tout compris. Et l’on prend le pari qu’à la deuxième lecture ce ne sera pas le même film qui s’offrira à nous…

Note : 17/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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Une réflexion sur « Réalité »

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