avril 26, 2024

Les Affamés

De : Robin Aubert

Avec Marc-André Grondin, Monia Chokri, Charlotte St-Martin, Brigitte Poupart

Année : 2018

Pays : Canada

Genre : Horreur, Drame

Résumé :

Dans un village, les choses ont changé. Certains habitants ne sont plus ce qu’ils étaient. Ils se mettent à attaquer leurs familles, leurs amis, leurs voisins… Une poignée de survivants s’enfoncent dans la forêt pour leur échapper.

Avis :

Il est très compliqué de nos jours de renouveler le film de zombies ou le film d’infectés. Car oui, certains puristes n’aiment pas que l’on mélange les mots et cela tient à une seule chose, si ça se traine, c’est un zombie, si ça court, c’est un infecté. Pour en revenir à notre première réflexion, des films de zombies, pardon, d’infectés, il en sort à la pelle chaque année, et bien souvent, on tombe sur des nanars, des films sans budget qui n’arrivent pas forcément à proposer autre chose que des survivalistes qui tentent d’échapper à une fin du monde programmée. Avec Les Affamés, nous avions espoir de trouver quelque chose de neuf. Quelque chose de plus percutant, de plus réflexif. Cela est dû à plusieurs facteurs. Premièrement, le film provient du Québec et bénéficie d’une mise en scène superbe dans des décors naturels sublimes. Deuxièmement, le film a décroché le prix du Jury à Gérardmer et peut se targuer de bonnes critiques et d’un bon bouche à oreille. Pour autant, Les Affamés reste un film joli à voir mais qui macère gentiment dans ses références sans apporter quoi que ce soit de neuf et essayant, en plus, de faire des métaphores à deux balles, assurant un côté arty qui peut plaire à ceux qui n’aiment pas l’horreur.

Le scénario est d’une platitude affolante. Au départ, on va suivre trois groupes de personnes qui vont par des chemins et à qui il arrive des bricoles, et ils vont tous se retrouver dans une maison, en plein milieu d’un exode d’infectés. Dans ce groupe, on trouve une femme forte qui charcute du monstre à coups de machette, un type mutique qui sauve une femme et une enfant, un vieillard avec un jeune qui crapahute dans les bois et deux grands-mères attachantes. Tout ce petit groupe décide alors de partir à la recherche d’un bunker et de traverser une plaine infestée d’infectés qui réagissent au moindre bruit. Et c’est tout. Le film ne propose que ça, des gens qui marchent, qui discutent, qui survivent comme ils peuvent et qui essayent de croire en un rêve insensé, celui d’une terre épargnée. Niveau nouveauté, on n’est pas servi et on se demande bien où le film veut nous amener. Quelles réflexions veut-il faire passer avec cette invasion et cet exode ? Des questions qui trouveront des éléments de réponses dans le comportement des infectés et dans quelques symboliques bien mises en avant dans le métrage.

Car oui, le seul truc qui sort un peu de l’ordinaire, c’est la place du monstre dans le récit. Les infectés ont des comportements étranges, ils courent à toute berzingue dès qu’ils entendent un bruit ou voient du mouvement, mais surtout, ils font des sortes de structures gigantesques au milieu des champs avec des objets du quotidien. La première tour que l’on va voir est composée d’objets disparates et peut donc évoquer notre côté matérialiste qui ne sert plus à rien une fois que l’on est mort. Une façon comme une autre de critiquer la société de consommation et finalement, George A. Romero l’avait déjà fait des décennies avant. C’est plus sur la deuxième colonne que des interrogations vont se poser, car elle est constituée de chaises, et uniquement de chaises. Symbole de stabilité, de force et de calme, elle peut être perçue comme une métaphore des zombies, qui sont pour le coup calme et fort, mais peut aussi se rapprocher d’un confort désormais disparu, où les survivants n’ont plus le temps de s’assoir. C’est tiré par les cheveux, mais pourquoi pas. Enfin, dans le dernier plan du film, le réalisateur s’arrête sur un magnifique ara rouge. Symbole de l’éloquence mais surtout de la beauté de la vie, on peut là aussi y voir un message qui s’adresse directement au spectateur, celui de profiter de la vie car elle est belle et qu’une fois mort, on ne pourra plus rien contempler.

Derrière ces symboles un peu intellos, on trouve finalement un film qui va brasser beaucoup de vide. Concrètement, on va suivre des gens qui marchent et qui tentent de survivre, mais on ne va rien ressentir pour eux. L’empathie ne viendra jamais, notamment à cause de comportements parfois pénibles, voire même incompréhensibles. A titre d’exemple, il est très compliqué de comprendre pourquoi d’un coup la nana s’énerve sur le type qui vient alors de la sauver. Difficile aussi de rire des blagues du type qui ne prend rien au sérieux et qui veut pourtant jouer les gros durs. Et que dire des fulgurances humoristiques avec ce simple d’esprit qui surgit de nulle part à chaque fois et qui s’amuse à faire peur aux autres personnages. On navigue avec des protagonistes pas forcément intéressants et dont les actions sont très limitées. D’ailleurs, mais les interactions entre eux ne sont pas forcément intéressantes et le tout manque de vie, de poigne et d’impact. Tout comme la fin qui se veut un peu plus épique que le reste et un tantinet plus gore, mais ça ne fonctionne pas parce qu’on se fout royalement des personnages et de ce qui peut leur arriver, on n’a pas d’empathie pour eux. Reste alors la mise en scène, très belle, très classe. Les jeux de lumière sont parfaits et les décors naturels sont tout simplement sublimes. C’est d’ailleurs le gros point fort de ce film qui joue énormément avec les forêts et cette ambiance campagnarde.

Au final, Les Affamés est un film de zombies qui ne change pas du tout la donne. Doté d’un rythme lénifiant et d’un scénario fainéant, l’ennui a vite fini par nous rattraper malgré la beauté de la mise en scène et l’implication de certains acteurs. N’apportant rien de bien neuf dans le domaine de l’invasion d’infectés et du survival, on se retrouve avec un film qui a réussi son buzz grâce à ses origines (Québec) et certains de ses plans, mais pas avec son fond ou son apport de sang neuf dans le genre. Bref, un film très moyen qui permet de mettre en avant un cinéaste qui semble posséder un bel œil.

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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