De : Cosimo Alemà
Avec Stephanie Chapman-Baker, Sam Cohan, Valena Kane, Neil Linpow
Année: 2010
Pays: Italie
Genre: Horreur
Résumé:
Une bande de jeunes part en forêt faire une partie de softball, un innocent jeu de rôle qui se révèle peu à peu un cauchemar sanglant… L’équipe découvre un campement caché au plus profond de la forêt et se retrouve poursuivi par un groupe d’anciens soldats lourdement armés.
Avis :
Le film d’horreur semble être un genre privilégié pour commencer dans le septième art. Si beaucoup de grands réalisateurs se sont faits connaître grâce au genre, d’autres végètent encore et toujours dedans sans jamais faire d’éclat. Ainsi donc, c’est en 2010 que Cosimo Alemà se lance dans la mise en scène de War Games, un film qui va s’appuyer sur des faits réels, où des militaires en manque de tuerie vont traquer et massacrer quelques jeunes qui faisaient du softball dans les bois. On le sait, les films qui s’inspirent de faits réels peuvent, potentiellement attirer le chaland de par la véracité de l’histoire et de la tension que cela peut provoquer. Mais, entre une version romancée pour se faire plus choquant ou encore un film qui s’autorise une adaptation pour faire un divertissement et oubliant toute déontologie, War Games s’imposera surtout comme un gros navet bien gluant.
Déjà, du point de vue du scénario, on a un gros problème. Dès le départ, on est aux côtés d’un type et son neveu qui placent des mines dans le sol, pur on ne sait quelle raison. Ensuite, on se retrouve avec une bande de jeunes en voiture, qui discutent de tout et de rien, dont deux sœurs qui fêtent leur dernier moment ensemble. Première incohérence, les jeunes semblent se perdre, puis quelques minutes plus tard, on nous raconte que cela fait plusieurs fois qu’ils viennent faire du softball dans ce même lieu. Certes, ce n’est pas très grave, mais cela nuit déjà à la crédibilité de l’ensemble. Qu’importe, le reste sera tellement basique et bas du front que rien ne pourra plus nous étonner. Ainsi donc, trois types patibulaires vont tirer à balles réelles sur le petit groupe, pour les décimer petit à petit. Et sans jamais rien vraiment raconter.
C’est-à-dire que le film se perd totalement dans la gratuité de ces actes. On aura droit à des fusillades, à des tirs à bout portant, à certains qui vont se faire exploser ou égorger, mais sans jamais apporter d’éléments de motivation de la part des timbrés. C’est bien simple, ce sont d’anciens militaires qui s’amusaient à torturer des chiens, ils trouvent un groupe de jeunes et cela va être la fête. C’est tout. IL n’y aura pas plus de caractérisation, pas plus de background et ce n’est pas les déambulations de l’héroïne qui vont nous révéler des choses. Le réalisateur tente bien de nous montrer quelques photos, un bunker caché dans les bois, mais c’est tout. On ne saura pas les traumatismes des méchants, tout comme les « gentils » qui seront lisses au possible, ne rentrant même pas dans un cahier des charges, se comportant juste comme de la chair à canon.
Et cela sera un énorme problème pour le film. Déjà qu’il n’y pas d’histoire, que ça prend des plombes à démarrer et que le fond est totalement absent, les personnages ne sont pas travaillés, ne sont pas empathiques. Résultat des courses, on s’en bat complètement les noix. Que ce soit le type aux yeux bleus qui se tape la sœurette et qui explose sur le mine, celui qui a la grande gueule et qui se prend un coup de fusil à pompe dans le bide ou encore la blonde qui se fait charcuter à coups de machette, on s’en tape. On s’en tape parce que l’on n’a aucune attache avec eux, ils ne nous touchent pas, ils n’ont aucune épaisseur et leurs relations sont superficielles. Hormis les deux sœurs ou encore quelques amourettes, on n’a rien. Et là encore, même au niveau des deux sœurs, on s’ennuie ferme car ça reste inintéressant et sans aucune tension. Pour preuve, il se passe un truc qui devrait nous toucher, et pourtant, on s’en balance.
Enfin, War Games ne marche tout simplement pas à cause de sa réalisation, de sa mise en scène. Déjà, le film baigne dans un filtre jaune pour tenter de faire transparaitre de la chaleur, mais ça ne marche pas. Au mieux, on pourrait croire que le film a des traces de nicotine, mais en aucun cas on ressent de la moiteur. Ensuite, quasiment toutes les scènes gores sont faites hors-champ. C’est-à-dire que l’on ne voit rien, certainement pas manque de budget et même si cela aurait pu avoir un impact nous mettant mal à l’aise, ce n’est pas du tout le cas. Et en ce qui concerne les séquences plus frontales, elles manquent d’implication, elles manquent d’une imagerie plus sèche, plus violente. Etrangement, c’est à ce moment-là que le film se fait presque plus sage, plus lisse, évitant tout débordement d’hémoglobine et restreignant à un simple fait, bien loin de la furie vengeresse. Triste constat.
Au final, War Games est un film qui manque d’un peu tout. Si d’un point de vue rythmique, le film s’emballe assez vite, le fait de ne rien ressentir pour les personnages et de ne rien comprendre aux motivations des méchants laisse un goût amer. Plutôt mal filmé, soit trop sage, soit trop hors-champ, le film de Cosimo Alemà n’a pas grand-chose pour lui et semble être un lourd fardeau pour le réalisateur, puisqu’il n’a fait qu’un seul film derrière, avant de retourner aux courts-métrages et de capter un live de Lacuna Coil…
Note : 05/20
Par AqME