avril 26, 2024

La Communion

Titre Original : Corpus Christi

De : Jan Komasa

Avec Bartosz Bielenia, Eliza Rycembel, Aleksandra Konieczna, Tomasz Zietek

Année : 2020

Pays : Pologne, France

Genre : Drame

Résumé :

Daniel, 20 ans, se découvre une vocation spirituelle dans un centre de détention pour la jeunesse mais le crime qu’il a commis l’empêche d’accéder aux études de séminariste. Envoyé dans une petite ville pour travailler dans un atelier de menuiserie, il se fait passer pour un prêtre et prend la tête de la paroisse. L’arrivée du jeune et charismatique prédicateur bouscule alors cette petite communauté conservatrice.

Avis :

Totalement inconnu par chez nous, Jan Komasa est un réalisateur polonais dont « La communion » est le premier film qui sort chez nous (sûrement parce que cette année, il a concouru aux Oscars, dans la catégorie meilleur film étranger). Si « La communion » est son premier film qui arrive jusque dans nos salles, Jan Komasa est loin d’être un débutant en son pays. Komasa débute au début des années 2000 et en courts-métrages et épisodes de séries télé, il passe au long-métrage en 2011 avec « La chambre des suicidés« , un film qui parle du harcèlement scolaire. S’ensuit alors « Insurrection » où le réalisateur s’attarde sur la Seconde Guerre mondiale.

« La communion » est son troisième film et c’est encore une fois un changement de cap pour Jan Komasa, puisque c’est cette fois-ci le réalisateur a décidé de nous parler du pardon à travers un film brut et fort. Un film puissant, qui ne fait aucune concession, au point qu’on ressort de la salle groggy, bousculé, et presque aussi tourmenté que ces personnages. Avec « La communion« , Jan Komasa nous offre ni plus ni moins qu’une claque qui n’a pas fini de nous hanter bien après la séance.

Daniel est un jeune homme d’une vingtaine d’années qui est en centre de détention. Au centre, il se découvre un intérêt certain pour la religion, mais il ne peut prétendre à des études de séminariste. À sa sortie, il a décroché un petit boulot dans une menuiserie, à l’autre bout pays. Mais une fois sur place, par un étrange concours de circonstance, il va se faire passer pour un jeune prêtre en pèlerinage. Bien vite, le jeune homme va se retrouver à devoir gérer la communauté en l’absence du curé de la paroisse. Hésitant au départ, Daniel va peu à peu prendre ses marques et mieux encore, il va devenir un acteur de poids du petit village qui l’accueille et ses prêches pleins de passion vont transformer la vie des villageois.

Il y a des films dont une simple petite chose peut créer une attente, et pour « La communion« , c’est son affiche. Dès que mes yeux se sont posés dessus, il s’est passé quelque chose, au point que j’ai attendu le film sans rien en savoir et je dois dire qu’à la sortie de la séance, je suis très loin d’être déçu, tant le film de Jan Komasa m’a tout simplement retourné.

Puissante, brutale, habitée, l’histoire de ce faux prêtre est tout simplement incroyable. Jan Komasa nous offre ici une pépite dont chaque recoin est quasi-parfait. « La communion« , c’est l’alliance d’une mise en scène dure, d’une intrigue folle et le tout est porté par un acteur ô combien charismatique qui donne tout ce qu’il a pour ce rôle et ce film.

« La communion« , c’est tout d’abord un scénario puissant, d’une richesse folle. Avec ce film, Jan Komasa aborde ici la rédemption, le pardon et pose une puissante réflexion sur la culpabilité. Amour, haine, violence, remise en question, pardon, rancœur, joie, sexe, imposture et douleur sont au cœur de ce film. Jan Komasa, à travers cette histoire de jeune qui se fait passer pour un prête, pose un regard aussi féroce qu’il peut être étrangement tendre, notamment quand le film aborde de plein fouet ce qui hante la petite bourgade. Dès lors, le réalisateur fait la peinture de l’être humain dans tout ce qu’il peut avoir de plus complexe, de plus injuste, mais aussi de plus beau. « La communion« , c’est un film qui mélange parfaitement tous ces éléments, et ce qu’y en ressort est puissant. Puissant parce que vrai, parce que juste, et surtout parce que cette réflexion sur l’amour, la haine et le courage de pardonner aux autres, mais aussi à soi-même, est le chemin de l’apaisement, mais encore faut-il l’accepter. Bref, « La communion« , dans son écriture, est une bombe d’émotion qui n’a pas fini de nous secouer.

Cette bombe, on la retrouve aussi dans la mise en scène de Jan Komasa, qui nous livre un film brut. Un film violent et sombre. Un film qui n’est qu’une montée en puissance dont le final est un coup brutal qui nous laisse K.O. Ce qui est très fort avec ce film, c’est la façon dont Jan Komasa met en fascination son personnage et dans un sens, il nous met à la place de ces personnages, car l’on est autant pris et fasciné qu’eux par ce faux homme d’église. Jan Komasa rend tout ici magnétique, conjuguant passion, charisme, émotion, pour rendre le tout extrêmement tendu. Car oui, « La communion » passionne aussi car le film est d’une extrême tension et le metteur en scène nous tient car il peut ici se passer tout et n’importe quoi à n’importe quel moment.

Enfin, si tout est déjà énorme, « La communion« , c’est aussi un acteur brillant. Un acteur totalement possédé par son rôle, un acteur qui crève l’écran à tous les instants, au point que malgré de très bons personnages en arrière et des acteurs impeccables, on ne voit que lui, il n’y a que lui qui s’impose comme jamais. Avec ce film, Bartosz Bielenia s’impose comme une des grandes révélations de cette année, imposant un personnage puissant et surtout une performance puissante et presque perturbante.

« La communion » est donc une grande claque. Puissante réflexion sur le pardon et la culpabilité de l’âme, Jan Komasa débarque en très grande pompe sur nos écrans et après un tel choc, inutile de dire qu’on va guetter les futures propositions du réalisateur, mais aussi de son acteur, de très près.

Note : 18/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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