avril 26, 2024

Tool – Fear Inoculum

Avis :

Si la scène de la musique métal est en pleine expansion avec son essor dans le domaine du digital, certains « vieux » groupes restent des valeurs sûres et n’ont pas vraiment besoin de cela pour faire le buzz et alimenter les espoirs des fans. En ce sens, Tool serait le grand gagnant, n’ayant rien proposé depuis treize ans et proposant d’un coup un album de sept morceaux, dont six dépassent aisément les dix minutes, quand ce n’est pas les quinze, les américains ont frappé un grand coup avec ce que l’on pourrait presque appeler une arlésienne. Il faut dire que le chanteur, Maynard James Keenan, était fort occupé avec ses deux autres groupes, à savoir A Perfect Circle et Puscifer, et que ce cinquième effort avait pris beaucoup de retard, annoncé qu’il était depuis 2013. Mais qu’importe puisque Tool possède une aura que peu de groupes peuvent se targuer. En seulement quatre albums, la formation est devenue une pièce maîtresse du Métal Prog et un groupe qui essaye des choses expérimentales et qui prend des risques. Il le prouve encore une fois avec Fear Inoculum, un album concept étrange, envoûtant, qui peut rebuter au départ de par la longueur des pistes, mais qui gagne en puissance et en technique après plusieurs écoutes. Bref, Tool revient en grande forme et cela fait bien plaisir.

Le premier titre éponyme de l’album, annonce la couleur et construit un schéma qui se retrouvera sur les autres pistes. En quelque sorte, on aura droit à une longue introduction dans une ambiance délétère, puis une montée crescendo en puissance avant un break éthéré puis un final grandiloquent. Avec Fear Inoculum, on navigue presque en eaux asiatiques avec une mélodie légère et à la fois pesante dans son fond, montrant que le groupe n’a rien perdu de sa superbe et de sa facilité à construire des ambiances à la fois oniriques et inquiétantes. Avec ce genre d’exercice, les musiciens se régalent, avec en première ligne Adam Jones qui trouve des accords parfaits et un Maynard qui peaufine sa voix, la modulant à sa guise et donnant une atmosphère brumeuse à l’ensemble. C’est doux, c’est beau et c’est maîtrisé à la perfection. Une perfection qui peut agacer et qui laisse finalement peu de place à la folie et à des moments moins maîtrisés et plus rageux. Pneuma sortira un peu de cette atmosphère à la fois étouffante et pourtant aérienne, pour aller vers un début plus grunge au niveau de la gratte, mais essayant toujours d’ajouter un élément d’ambiance étrange et osmotique à l’ensemble. Si le morceau est long, il reste parfaitement exécuté et bien plus « lourd » que le titre précédent. On se surprendra d’ailleurs à parfois hocher la tête en fermant les yeux (attention cet exercice est dangereux en voiture), appuyant des riffs tout simplement parfait et un chant syncopé au cordeau. Invincible sera du même acabit, tout en changeant de style avec la voix du chanteur, plus dans un délire de Métal Alternatif, posant sa voix mélodieuse sur des moments gracieux, tout en gardant en arrière une guitare qui ne demande qu’à exploser.

Avec Descending, Tool entreprend un titre qui bénéficie d’une ambiance particulière, apaisante, avec le bruit des vagues et une guitare qui laisse beaucoup de place au velours de Maynard. L’introduction est une invitation au voyage spirituel et sin on pourrait presque s’ennuyer au départ, le morceau révèle toute sa justesse après plusieurs écoutes, comme c’est à chaque fois le cas avec ce groupe qui est au-dessus du lot en matière de compositions et de structures. D’ailleurs si chaque titre est si long, c’est qu’il possède quasiment d’autres titres à l’intérieur, avec des variations de taré. Comme cette guitare sur Descending qui était aérienne au départ et qui va partir en gros riff bien lourd pour notre plus grand plaisir. Quant à Culling Voices, on aura là le morceau le plus calme de l’album jusqu’à son final surpuissant et qui laisse pantois devant tant de maîtrise et de justesse. Les superlatifs manquent parfois et c’est un peu le cas ici, puisqu’on a l’impression de se répéter sans cesse. C’est avec Chocolate Chip Trip que le groupe sort de sa zone de confort avec des accords électro et une batterie incroyable. On pourrait croire que ce titre est à l’honneur de Danny Carey, qui s’en donne à cœur joie, à un tel point que l’on a du mal à croire qu’il n’ait que deux bras. En dehors du temps et de l’album concept, ce morceau offre une pause avant le très gros 7empest. Le groupe clôture son album avec le titre le plus virulent, le plus lourd en matière de riffs et c’est un bonheur absolu.

Au final, Fear Inoculum, le dernier album de Tool, attendu depuis treize ans maintenant, est une belle réussite et prouve, si besoin l’en est, que le groupe américain est encore bien au-dessus du game dans le domaine du Métal Prog. Complexe, se découvrant après plusieurs écoutes, ne cessant jamais de surprendre, n’ennuyant jamais malgré des titres très longs, ce cinquième effort fait plaisir à attendre et redéfinit presque les codes du Métal, s’éloignant volontairement des carcans radiophoniques ou des titres calibrés pour un public lambda.

  • Fear Inoculum
  • Pneuma
  • Invincible
  • Descending
  • Culling Voices
  • Chocolate Chip Trip
  • 7empest

Note : 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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