avril 26, 2024

Slipknot – We Are Not Your Kind

Avis :

Dans les années 90, deux groupes se payaient des duels d’anthologie dans des battles musicales du côté de Des Moines. Ces deux groupes sont Slipknot et Stone Sour. Et alors que Corey Taylor était déjà le chanteur de Stone Sour, Slipknot raflait à chaque fois la mise jusqu’au jour où le chanteur d’origine a décidé d’aller voir ailleurs. Corey Taylor va alors se retrouver à la tête de deux groupes, mais va choisir dans un premier temps Slipknot et rencontrer un succès fulgurant en 1999, puis en 2001 avec l’excellent Iowa. Il se servira par la suite de la notoriété de son groupe pour faire monter Stone Sour qui deviendra à son tour une formation qui pèse. Bref, aujourd’hui, Corey Taylor, qui est certainement l’un des meilleurs chanteurs rock de cette génération, se retrouve à la tête de deux poids lourds et il jongle dans un exercice de style complexe. D’un côté la fougue et la violence de Slipknot et de l’autre, l’aspect plus posé mais nerveux de Stone Sour. Un chant crié proche du growl et un chant clair plus continu pour l’autre. De ce fait, certains fans du Slipknot de la première heure ont crié au scandale lorsque le chanteur s’est mis à faire du chant clair sur le groupe aux masques. Pour autant, cela permet un renouvellement permanent chez Slipknot, sortant quelques fois de sa zone de confort et optant pour des risques plus prononcés que chez Stone Sour. Et cela s’avère payant quand on jette une oreille à We Are Not Your Kind, le sixième album de Slipknot.

Après une introduction qui lance une ambiance étrange, le groupe va de suite se faire remarquer avec Unsainted, le premier hit choisi pour vendre l’album. C’est avec un titre comme celui-ci que l’on voit que Slipknot a fait du chemin. Le chant clair et l’ambiance presque lyrique de l’introduction montre un changement de cap, le refrain, presque pop rock évoque Stone Sour, mais tout le milieu est du Slipknot pur jus, avec ce qu’il faut de rage, de riffs lourd, de pont à tendance électro et d’un changement de rythme plus lent pour assommer son auditeur. C’est construit et malin, mais les plus hargneux trouveront cela trop sage alors que le groupe a rarement été aussi puissant. Birth of the Cruel va alors rassurer les plus rageux, puisque le groupe retrouve sa petite zone de confort et son atmosphère bien lourde et angoissante. Alors oui, il y a du chant clair au début, mais rapidement, le morceau se réveille et lâche une grosse bombe bien lourde qui atomise tout sur son passage. Corey Taylor possède une voix tout simplement incroyable et même les moments électro sont bien venus. Etrangement, c’est à ce moment-là que le groupe lâche un premier interlude avec Death Because of You, qui ne sert en fait qu’à annoncer le titre suivant, Nero Forte, certainement le titre le plus intéressant de l’album. Toujours dans le moule de la formation, les riffs ultra rapides sont servis par un chant saturé surpuissant et des percussions qui viennent renforcer une grosse lourdeur. Mais le plus intéressant dans ce titre, c’est clairement le refrain, rappé en growl avec des back-up en chant clair pour adoucir le tout. C’est d’une rare finesse et ça fonctionne à plein régime. Critical Darling sera dans la même veine que ce que propose le groupe habituellement, avec une rage percutante et un refrain en chant clair bien catchy qui permet à l’ensemble de ne pas ennuyer malgré sa longueur conséquente, plus de six minutes. Enfin, pour terminer cette première partie, Slipknot offre A Liar’s Funeral qui va fortement diviser. On dirait du Stone Sour, c’est tout doux au départ avant de vraiment se révéler, mais ça reste presque une ballade pour le groupe et même si on a déjà connu ça avec Vermillion, ça surprend toujours.

Pour bien commencer la seconde moitié, le groupe lâche une grosse bombe avec Red Flag. Titre tout simple, ultra puissant, avec des riffs d’une lourdeur rarement atteinte, on se surprendra à rapidement headbanger dans tous les sens avec ce titre qui ne fait pas dans la dentelle malgré les nombreuses allitérations électro qui le parsèment en arrière-plan. Ici, ce seront plus les rythmiques des guitares qui seront très intéressantes, notamment dans le refrain, implantant une mélodie lourde mais qui s’entend. What’s Next sera le deuxième interlude de l’album, servant tout simplement à introduire le morceau suivant, qui en aura bien besoin, puisque c’est à ce moment que l’on rentre dans la phase la plus risquée pour le groupe. La plus risquée car elle change radicalement de ton le temps de trois titres avec deux autres morceaux plus conventionnels pour le groupe. Spiders est un titre, au même titre que My Pain qui viendra un peu plus tard, qui mise tout sur l’ambiance. Si My Pain est un peu longuet et ne comporte quasiment aucune parole ni aucune gratte, avec Spiders, il y a un fond rock et presque gothique qui n’est pas du ressort du groupe. Pour autant, et même si le titre ne se jouera certainement pas sur scène, le morceau fonctionne, s’insinue petit à petit dans nos têtes et le résultat, aussi surprenant soit-il est satisfaisant. La prise de risque est réelle, la zone de confort s’éloigne et le groupe révèle une nouvelle facette intéressante. On reste plus partagé sur My Pain, trop long. Et puis il y a Not Long for This World. Le titre le plus difficilement perceptible de l’album. Le début est très lent, n’a pas beaucoup d’intérêt, puis le refrain, assez catchy, fonctionne plutôt bien. Mais dans son ensemble, ça reste un titre faiblard. Au milieu de tout ça, deux autres titres seront plus dans la veine du groupe, à commencer par Orphan, puissant et bien troussé, mais surtout Solway Firth, qui clôture l’album de la plus belle des manières, avec fougue, colère et surtout des riffs d’une grande puissance. Certainement le titre le plus amène pour faire des wall of death dans la fosse.

Au final, We Are Not Your Kind, le dernier album en date de Slipknot, est une belle réussite malgré le fait qu’il peut surprendre les plus assidus du groupe. Si la première moitié est percutante et laisse pantois sur sa qualité, la seconde change de ton à deux/trois exceptions près, et montre une autre facette du groupe, plus calme, mais gardant toujours un fond bien dark qui colle à l’identité de la formation. En bref, on est en présence d’un album varié, d’un groupe qui prend des risques et qui fait ce qu’il lui plait avec plaisir. Un plaisir que l’on ressent et que l’on prend en plein dans les tympans.

  • Insert Coin
  • Unsainted
  • Birth of the Cruel
  • Death Because of You
  • Nero Forte
  • Critical Darling
  • A Liar’s Funeral
  • Red Flag
  • What’s Next
  • Spiders
  • Orphan
  • My Pain
  • Not Long for This World
  • Solway Firth

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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