mars 19, 2024

The Night Comes For Us

De : Timo Tjahjanto

Avec Iko Uwais, Joe Taslim, Julie Estelle, Sunny Pang

Année : 2018

Pays : Indonésie

Genre : Action

Résumé :

Après avoir épargné la vie d’une jeune femme lors d’un massacre, un assassin d’élite de la Triade se retrouve la cible de gangsters meurtriers.

Avis :

Le parcours de Gareth Evans est relativement atypique. Jeune réalisateur britannique, il va se découvrir une passion pour un art martial, le Pencak-silak après son premier film. Il décide alors de partir et de s’installer en Indonésie et fait la rencontre de Iko Uwais, chauffeur-livreur qui maîtrise parfaitement cet art. Ensemble, ils vont alors devenir des stars grâce à Merantau en 2009, mais surtout grâce à The Raid en 2012. Pourquoi parler de Gareth Evans alors qu’il n’a rien à voir avec The Night Comes For Us ? Tout simplement parce qu’il a révolutionné le film d’action avec The Raid (et sa suite) et que l’on retrouve dans le film qui nous préoccupe aujourd’hui, les mêmes producteurs et les mêmes acteurs, à savoir Iko Uwais et Joe Taslim. Représentant alors un concurrent digne de ce nom à The Raid, The Night Comes For Us a fait couler beaucoup d’encre lors de sa sortie sur Netflix, notamment par la rugosité de ses combats, son aspect complètement furieux et un gore exubérant. Mais est-ce que tout ce bruit en valait la peine ? Pas si sûr.

Il est certain que lorsque l’on pose ses yeux sur ce genre d’entreprise, ce n’est pas pour le scénario, mais bel et bien pour les scènes d’action. Cependant, si on peut trouver un fil rouge qui permet de donner du fond au problème, ce n’est pas plus mal et fini par donner du sens au métrage. Et c’est finalement tout ce qui manque à The Night Comes For Us. Le début du film est très haché. On se retrouve en bord de mer, un carnage a eu lieu, on voit un homme qui s’apprête à tuer une petite fille, puis on a un sermon sur les triades, le trafic de drogues et bien évidemment, des mercenaires surentrainés que l’on appelle les Six Mers. A partir de là, le film fait une ellipse, on retrouve la fillette et l’homme qui allait lui tirer dessus chez une jeune femme et on comprend que l’homme en question était l’un des six mers et qu’il a trahit le cartel pour sauver la peau d’une gamine inconnue. C’est alors qu’une horde de mercenaires va attaquer ce pauvre homme pour le tuer ainsi que la petite fille. Mais ce n’est pas tout. L’un des membres de la triade va faire appel à l’ami d’enfance du « héros » pour le tuer et prendre sa place. En bref, c’est très compliqué, d’autant plus qu’il y a plein de personnages secondaires qui viennent se greffer à l’histoire, qu’il y a aussi une histoire dans le passé et que dans l’ensemble, tout est très mal expliqué pour arriver plus vite au combat. Bref, une histoire alambiquée pour pas grand-chose et qui tente vainement de donner un fond au problème.

Alors oui, The Raid ne bénéficiait pas non plus d’un scénario ultra recherché, et on avait droit à de la castagne pour de la castagne. Sauf que, dans The Raid, on ressentait de l’empathie pour cette équipe de choc face à des camés de la première heure. Outre le fait que le héros se batte pour survivre afin de voir sa femme accoucher, il y avait aussi de la camaraderie, de l’entraide et une équipe soudée. Tout cela contribuait à créer de l’empathie pour les « gentils », dans l’espoir qu’ils s’en sortent. Avec The Night Comes For Us, on n’a pas tout cela. Le personnage central, en quête de rédemption tardive, se retrouve quasiment tout seul, et il y a très peu de liant avec les gens qui l’aident. On aura bien quelques bribes d’un passé houleux, mais ce n’est pas suffisant pour créer une quelconque empathie. De ce fait, on suit le film sans pour autant craindre les coups pour l’un comme pour les autres et l’ensemble manque d’émotion, malgré la présence d’une fillette à protéger et malgré une tentative rapide de créer du background autour de Joe Taslim et Iko Uwais. Du coup, on suit le film sans déplaisir, car il est généreux, mais on ne se sent pas impliqué à l’intérieur, et il est donc moins marquant que The Raid pour ne citer que lui.

Néanmoins, le film n’est pas mauvais pour autant. Comme dis plus haut, le film est extrêmement bien rythmé. On ne s’ennuie jamais, les combats sont âpres, violents, mais surtout, ils sont variés et lisibles. Timo Tjahjanto n’est pas un manche avec sa caméra et il rend chaque combat nerveux et puissant. On aura droit à de la baston dans une boucherie, dans la remorque d’un camion de police, ou encore dans un immense entrepôt. Le cinéaste parvient à bien utiliser l’espace, mais surtout, il n’utilise pas la shaky cam, ce qui permet de bien voir tout ce qui se passe à l’écran. Rarement des bastons n’auront été aussi intenses et puissantes. Et si parfois on frôle l’indigestion, tout cela reste parfaitement jouissif. Et le film n’oublie pas d’être gore, parfois à la limite du film d’horreur. Entre les membres cassés, les têtes explosées, les tirs à bout portant, les intestins à l’air, on en a pour notre argent. Très clairement, The Night Comes For Us est le film le plus sale de Netflix, mais aussi le plus nerveux. Il est dommage que l’on n’est pas cette implication émotionnelle et que certains personnages restent sous-exploités, comme cette femme en noir qui parle français et qui arrive comme un cheveu sur la soupe et qui ne sert finalement pas à grand-chose, hormis de servir de Deus Ex Machina pour sauver la fillette à la fin.

Au final, The Night Comes For Us est un film qui laisse un sentiment mitigé. Si on peut se réjouir de voir un film aussi généreux en baston et en gore, force est de constater qu’il n’a pas le niveau d’un The Raid en matière de surprise et d’émotion. Les personnages sont moins forts émotionnellement parlant, et le scénario, volontairement alambiqué et parcouru d’ellipses, empêche une véritable implication du spectateur dans cette histoire de rédemption et de vengeance. Bref, un film qui fait son taf premier, à savoir divertir avec de la castagne, mais qui manque d’un petit quelque chose pour le rendre vraiment marquant.

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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