De : Andy Palmer
Avec Robert Englund, Jere Burns, Scottie Thompson, Clint Howard
Année : 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie, Horreur
Résumé :
Des serial killers en fuite arrivent dans une baraque foraine pendant Halloween et commencent à faire un carnage. Un groupe d’enfants, un shérif et son adjoint vont tenter de les arrêter.
Avis :
Robert Englund est un acteur qui est très connu des amateurs de cinéma d’horreur et de série Z. Il faut dire que c’est lui qui a donné, entre autres, ses lettres de noblesse à Freddy Krueger, puisqu’il en est l’interprète sur pas moins d’une dizaine de films. Figure emblématique du genre, aperçu dans la série V à l’époque, Robert Englund a ses fans qui le suivent dans toutes ses aventures. Pour autant, le comédien choisit assez mal ses rôles et au fur et à mesure des années, il a cachetonné pour de nombreux films d’horreur ratés, recevant un gros chèque juste pour une paire d’apparition. Des films qui sont exclusivement sortis en DTV chez nous et qui ne font pas long feu dans les rayons pour partir dans les bacs à un euro. Pour autant, on peut avoir une profonde affection pour cet acteur qui aura voué sa vie à l’horreur et à se construire une sorte de filmographie sanglante et délirante. Dernier méfait en date, The Funhouse Massacre (ou Massacre au Palais du Rire sur Netflix) où il apparait durant les dix premières minutes avant de se faire lâchement étrangler. Mais d’un autre côté, ce n’est pas lus mal, vu la qualité intrinsèque du bousin.
Ecrit à quatre mains et réalisé par un jeune premier qui a d’abord été acteur puis producteur avant de se lancer derrière la caméra, le scénario de The Funhouse Massacre est une insulte à toute personne ayant un tout petit peu d’intelligence. Une femme va pénétrer dans un asile secret-défense pour faire un soi-disant reportage, mais elle vient pour libérer tous ces psychopathes et les insérer dans un parc d’attractions spécial Halloween qui reprend les scènes de meurtre des cinq serial killer. Et bien évidemment de fournir un massacre plus ou moins jouissif et rétrograde au spectateur. Le départ ne sert clairement qu’à faire de l’exposition. On nous présente cinq tarés, un cannibale, un taxidermiste, un gourou, un tueur catcheur et un dentiste, puis on va les mettre en action dans le parc, sans aucun souci de temporalité ou de gestion de l’espace. Dès le départ, on voit où veut en venir le réalisateur, c’est-à-dire qu’il adopte un ton badin et débile d’entrée de jeu, pour fournir un gore craspec mal fichu mais régressif à souhait. Ici, il ne faut pas chercher de logique, de message caché ou de critique de quoi que ce soit, le but d’Andy Palmer est de fournir des morts, du sang et des punchlines qu’un enfant de six ans n’aurait pas osé proférer. Bref, quand on sait qu’ils ont été deux au scénario, on peut prendre peur ou se poser des questions sur l’état de santé de ces deux personnes.
Vu que le film ne raconte rien, si ce n’est l’histoire d’un pauvre type qui n’arrive pas à dire ses sentiments à une nana et que les évènements le poussent un peu à prendre les devants, ou encore celle d’un flic totalement raté qui va devenir un vrai bad boy sur la fin, on va essayer de se raccrocher à la mise en scène. Et là, c’est encore une fois une douche bien froide que l’on va se prendre sur le coin de la tronche. Andy Palmer ne possède aucune identité visuelle. Si le budget a dû être riquiqui, on voit bien qu’il n’a pas d’idées de plans et qu’il n’a pas envie de faire des choses osées. Certaines séquences sont carrément embarrassantes, comme lorsqu’il filme la « sutureuse » tourner sur elle-même avec deux têtes, mais le plan est sur le juste-au-corps de la nénette qui tourne et on ne voit strictement rien. On sent un vrai amateurisme derrière ce film et c’est très décevant. D’autant plus que l’on voit immédiatement les références du type, à savoir Rob Zombie, auquel il essaye de piquer quelques gimmicks sans jamais s’en approcher, délaissant un craspec réaliste pour du gore déluré et cartoonesque.
Et le gore, c’est peut-être ce qui fait la force du film auprès des plus indulgents. On ne peut renier le fait que le film est généreux là-dessus. Certains meurtres en gros plan sont bien sales et les têtes explosent autant qu’elles sautent du corps. Ce gore participe au délire du métrage, notamment dans son dernier tiers et son orgie meurtrière, mais il n’a pas d’impact sur le spectateur. C’est bien simple, ce gore n’est là que pour choquer ou dégoûter et certainement pas pour apporter de l’eau au moulin ou montrer que les serial killers sont vraiment des tarés profonds. De ce fait, si ça nous maintiendra éveillés, ça restera putassier et souvent mal foutu. Tout comme l’humour d’ailleurs. Un humour potache, débile, qui ne fait même pas rire. Le film se définit comme une comédie horrifique avec du gore dedans, mais il n’y a pas une once de finesse dans les gags. On aura droit à un type déguisé en Machete qui sera le fragile de service. On aura le couple qui baise à tout va dans les chiottes et se permet des vannes graveleuses ou encore les deux jeunes débiles qui ne comprennent pas ce qui se passe dans le parc. Des situations d’une nullité abyssale, qui seront plombées par un humour douteux et très puéril. Ici, on n’est même plus dans la régression, mais dans l’absurdité la plus absconse possible.
Enfin, difficile de s’accrocher aux personnages présentés, tant ils sont tous inintéressants au possible, aussi bien les méchants que les gentils. Le cinéaste a beau tenter tout ce qu’il peut pour présenter ses antagonistes, cela ne marche jamais, à cause des stéréotypes et des clichés. Le cannibale est un gros monsieur qui ne fait que bouffer, le taxidermiste un vieux monsieur tout moche, le dentiste un beau mec à la voix suave, bref, on a vite compris que ce n’est pas là-dessus que l’on va trouver des méchants crédibles (et d’ailleurs, ils se feront vite buter). L’accent est tout de même mis sur le catcheur gigantesque avec sa tête de clown, mais entre son mutisme et son inutilité dans le scénario, on tombe de haut. Au niveau des gentils, on reste sur le cul devant tant de méprise et de bêtise. On a droit à de jeunes gens vides de sens, avec un couple qui va prendre cher à cause de leur libido, ou encore un autre qui va s’en sortir grâce à leur abstinence. On aura droit au couple de flics qui ne marche pas, elle étant super forte et lui complètement naze. Bref, on a une palette de personnages fonctions qui ne servent à rien et pour lesquels on s’en battra légèrement les couilles…
Au final, The Funhouse Massacre est un très mauvais film et il rate tout ce qu’il entreprend. Si l’on prend la partie comédie, les gags sont lourds, c’est vulgaire au possible, et ça peut faire rire un ado un peu attardé. Si on prend la partie horreur, il faudra alors se contenter d’un gore décomplexé mais mal fait, qui ne fait absolument pas peur et montre bien que le réalisateur ne sait pas trop quoi faire avec ce qu’il a entre les mains. Pour faire bref, on nage dans un bouillon qui a tourné et dont les odeurs nauséabondes viennent nous piquer les narines de façon très désagréable…
Note : 02/20
Par AqME