avril 26, 2024

Eldritch – Cracksleep

Avis :

Passer le cap du dixième album, c’est une chose que de nombreux groupes souhaiteraient faire. Il faut dire que cela marque une étape importante et une certaine longévité dans le milieu. Un milieu où il est compliqué d’exister et de perdurer si on ne marche pas et si on n’arrive pas à traverser les frontières de son pays, ce qui est le cas avec Eldritch. Groupe italien formé au milieu des années 90, Eldritch a la particularité de changer très souvent de line-up et surtout de graviter autour du chanteur qui est d’origine américaine. Un choix plutôt judicieux pour l’export puisque tous les morceaux sont dans la langue de Shakespeare et que cela permet une écoute plus large dans le monde. Cependant, on trouve peu de résonance pour qui n’est pas un peu curieux. C’est-à-dire qu’hormis les fans de métal, peu de gens vont connaître Eldritch, qui a beaucoup changé de styles (passant du Prog au Thrash en allant vers le Heavy) avec les années. Cracksleep est pourtant le onzième album du groupe, et il survient quatre ans après le précédent, Tasting my Tears, qui nous avait laissé un petit goût de déception dans les tympans. Le groupe réussit-il à revenir à son meilleur ? Certainement, puisque Cracksleep retrouve des sonorités bien virulentes et un retour aux sources pour la formation.

Le skeud débute avec une petite introduction qui porte le même nom que l’album. On reste dans la piste qui ne sert pas à grand-chose, mais qui a le mérite de donner envie d’écouter la suite. C’est surtout avec Reset que l’on va commencer l’aventure. Avec ce titre, le groupe envoie directement les riffs bien lourds et bien gras. C’est bien simple, on nage dans un bon gros mélange de Thrash et de Heavy virulent, où le premier prime sur les couplets et les solos et le second dans un refrain plus doux, plus marqué, mais finalement moins percutant que le reste. C’est-à-dire que l’on va plus facilement bouger dans tous les sens lors des couplets plutôt que lors des refrains. Cependant, on ne peut renier un certain retour vers une violence exacerbée de la part du groupe italien. Cela fonctionne aussi avec Deep Frost, plus lent, plus mélancolique, mais qui met en avant des riffs puissants et une ambiance plus glaciale. Ce qui est marrant avec ce titre, c’est qu’ici, le plus marquant reste le refrain, très sensible, avec un piano en fond qui contrebalance la violence globale du morceau. Avec Aberration of Nature, Eldritch va encore plus loin, s’essayant cette fois-ci au Death au niveau des rythmiques, offrant des moments bourrins à souhait et qui ne laissent aucun répit. C’est très rapide, très sombre, mais ça marche très bien. Avec cet album, on peut dire que le groupe revient à ses premiers amours, comme le Thrash avec Voices Calling ou encore le gothique avec As the Night Crawls In.

Néanmoins, tout n’est pas parfait dans cet album. En premier lieu, on notera l’absence de titres vraiment marquants. Comme pour l’opus précédent, Eldritch semble avoir du mal à créer un hit. Si tous les titres sont plutôt bons, voire excellents, ils ne restent jamais bien longtemps en tête, la faute à des refrains pas suffisamment catchy et à des structures parfois trop complexes. Tout cela manque de simplicité et d’impulsivité. Ensuite, le deuxième défaut notable de cet album, comme pour le précédent, c’est la voix du chanteur. Avec de tels riffs et une telle violence dans les rythmiques, on aurait pu s’attendre à quelques growls ou des moments plus criés, mais il n’en est rien. La voix du leader est trop fluette pour ce genre d’exercice, et si cela marche sur certains morceaux comme Deep Frost ou encore My Breath, c’est tout simplement parce que le rythme est plus lent et qu’il peut poser sa voix. Malheureusement, cela ne marche pas vraiment avec Reset ou encore Night Feelings qui sont trop rapides. Enfin, le dernier défaut de cet album, c’est bel et bien sa conclusion. Avec Hidden Friend, le groupe veut conclure sur un morceau sombre et très lent, renouant avec un métal gothique qui leur sied bien. Sauf que là, entre un non rythme et une mélodie répétitive et pénible, le groupe termine son album de la pire des façons. Fort heureusement, tous ces défauts n’entachent en rien la qualité globale de l’album qui reste d’excellente facture et même au-dessus du précédent skeud.

Au final, Cracksleep, le dernier album des italiens de chez Eldritch, est un opus plutôt plaisant et tient bien ses promesses. A la fois violent et mélancolique sur certains titres, le groupe semble avoir retrouvé une certaine stabilité pour proposer une galette équilibrée et qui fait bien le taf. On regrettera cependant quelques scories évitables, comme un dernier titre pénible et une voix qui n’est pas toujours en accord avec les rythmiques virulentes voulues. On passe néanmoins un bon moment devant cet onzième opus.

  • Cracksleep
  • Reset
  • Deep Frost
  • Aberration of Nature
  • My Breath
  • Silent Corner
  • As the Night Crawls In
  • Voices Calling
  • Staring at the Ceiling
  • Night Feelings
  • Hidden Friend

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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