mars 19, 2024

La Carrière du Mal – Robert Galbraith

Auteur : Robert Galbraith

Editeur : Grasset/ Le Livre de Poche

Genre : Thriller

Résumé :

Lorsque Robin Ellacott reçoit ce jour-là un mystérieux colis, elle est loin de se douter de la vision d’horreur qui l’attend : la jambe tranchée d’une femme.
Son patron, le détective privé Cormoran Strike, est moins surpris qu’elle, mais tout aussi inquiet. Qui est l’expéditeur de ce paquet macabre ? Quatre noms viennent aussitôt à l’esprit de Strike, surgis de son propre passé. Quatre individus capables les uns comme les autres, il le sait, des plus violentes atrocités.
Les enquêteurs de la police en charge du dossier ne tardent pas à choisir leur suspect idéal – mais Strike, persuadé qu’ils font fausse route, décide de prendre lui-même les choses en main. Avec l’aide de Robin, il plonge dans le monde pervers et ténébreux des trois autres coupables potentiels. Mais le temps leur est compté, car de nouveaux crimes font bientôt surface, toujours plus terrifiants…

Avis :

Les deux premières enquêtes de Cormoran Strike avaient la particularité de mêler le polar à l’ancienne avec un contexte contemporain au cœur de Londres. Si la trame principale des intrigues n’avait pas grand-chose de surprenant à offrir, elle n’en demeurait pas moins plaisante à suivre. D’ailleurs, l’atmosphère si singulière qui en émanait n’y était pas étrangère. Pour ce troisième opus, l’on s’attend à un roman du même acabit. Les personnages étant connus et l’ambiance posée, il est à espérer une continuité à même de proposer une histoire moins statique en matière de progression et de structure narrative. Seulement, l’entame pour le moins étonnante et sordide est un peu comme l’arbre qui cache la forêt…

L’approche est pourtant loin de déplaire. On devine à l’évocation des événements que l’intrigue ne suivra pas le schéma balisé des précédentes aventures du détective privé. On s’écarte alors du crime initial pour s’attaquer de front à Cormoran Strike. Il s’agit donc d’une affaire personnelle qui laisse augurer quelques règlements de compte, ainsi que des révélations sur son passé ; du moins celles qui n’ont pas été étalées dans la presse à scandale. Ce choix reste judicieux pour tenter d’offrir un minimum de nouveautés au concept de base. Toutefois, l’ambiance que l’on pouvait apprécier auparavant est édulcorée au profit d’un contexte beaucoup plus lisse et banal qu’escompté.

Si les méthodes de détective se font encore « à l’ancienne » dans leur grande majorité, il n’en demeure pas moins que l’ensemble paraît surfait, voire prévisible, pour de nombreux tenants. D’emblée, on nous impose une liste de suspects. Le but des chapitres suivants est de les retrouver, puis de les interroger sans pour autant les écarter de l’affaire. Pour cela, les subterfuges qui amèneront (ou pas) à croiser des fantômes du passé de Strike sont aussi laborieux que vains. Entre des filatures qui n’intriguent personne, des discussions interminables sous couvert d’une fausse identité ou d’échanges stériles avec les forces de l’ordre, il semble difficile de ne pas démontrer les limites de l’idée de base.

Même le point de vue du criminel, qu’on devine aisément comme un psychopathe, n’apporte rien à l’histoire. Ni tension dramatique, ni suspense et encore moins d’explications. Le procédé est pourtant employé pour obtenir ce genre de résultat. On reste volontairement évasif, arguant une machination qui prend de l’importance au gré des pages, mais non. Les pathétiques tentatives de manipulation débouchent sur de tristes représailles. De même, les fréquentes maladresses du tueur sont peu crédibles et laissent à penser que ses bévues auraient déjà dû l’envoyer derrière les barreaux depuis longtemps. Quant au mobile, il est à peine évoqué et ne justifie en rien l’ampleur de cette rancœur.

En réalité, Robert Galbraith excelle surtout dans les relations sociales qui unissent et désunissent ses protagonistes. L’auteure (J.K. Rowling) se désintéresse très rapidement des investigations pour se lancer dans des élans romanesques où les états d’âme des uns côtoient les peines de cœur des autres. On joue sur les sentiments avec une bonne dose de pathos. On s’amuse à rabibocher les personnages ou à exacerber leurs divergences et l’on se retrouve avec un livre plus épais qu’il ne le méritait. D’ailleurs, le récit est tellement bavard que l’explication finale se précipite vers le premier venu pour conclure cahin-caha une affaire peu reluisante pour les services postaux.

Au final, La carrière du mal est une déception consommée. Roman surestimé à cause de la réputation de son auteure, cette troisième « enquête » de Cormoran Strike se complaît dans les acquis des précédents volets tout en oubliant leurs particularités, notamment au niveau de l’ambiance. N’en déplaise aux velléités mégalomaniaques de son antagoniste, l’histoire est d’une simplicité confondante et mal maîtrisée dans ses dernières pages. Robert Galbraith laisse des portes ouvertes et certains éléments inexpliqués à dessein. Cependant, la résolution de l’enquête reste proprement bâclée par un épilogue trop vite expédié, pour ne pas dire médiocre. « Tout ça pour ça », serait-on en droit de penser.

Note : 09/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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