avril 26, 2024

L’Empreinte de Frankenstein

Titre Original : The Evil of Frankenstein

De: Freddie Francis

Avec Peter Cushing, Peter Woodthorpe, Duncan Lamont, Sandor Elès

Année: 1964

Pays: Angleterre

Genre: Horreur

Résumé:

Réfugié dans un laboratoire de campagne avec son assistant Hans, le Baron Frankenstein poursuit ses expériences avant d’être de nouveau chassé du village où ils ont trouvé refuge par un prêtre ayant découvert les agissements peu orthodoxes du scientifique. De retour au château familial de Karldstadt, ils vont tenter de faire revivre la créature, conservée dans la glace.

Avis :

Parmi les monstres de chez Universal, il y a deux films qui ont largement marqué le public et le cinéma dans sa globalité. Ces deux films sont Frankenstein et sa suite, La Fiancée de Frankenstein. James Whale avait réussi avec ces deux films à toucher le public avec un monstre à la fois terrifiant et touchant par sa naïveté, démontrant que finalement, le vrai monstre, c’est l’être humain. Le roman de Mary Shelley tombant dans le domaine public, c’est dans les années 50 que la Hammer décida de faire une saga autour du monstre, comme le grand succès Frankenstein s’est Echappé et sa suite, La Revanche de Frankenstein. Pas moins de sept films sur le baron et sa créature vont voir le jour, accentuant à chaque fois des thématiques différentes. Le succès est tel que les scénaristes et producteurs décidèrent d’en faire une série télé, qui ne restera qu’à l’état de projet, mais dont certaines idées amèneront à faire ce film, L’Empreinte de Frankenstein.

Le film peut se considérer comme une sorte de reboot de la saga. On retrouve le baron Frankenstein en train de faire des expériences sur la vie avec un jeune apprenti. Une fois de plus, alors qu’il arrive à réanimer un cœur, il se fait chasser par l’église et les villageois. Il décide alors de retourner dans son fief de Karldstadt, afin de vendre les biens de son château pour refaire un nouveau laboratoire. Arrivé sur place, il se rend compte que tous ses biens ont été volés par le bourgmestre, mais il découvre aussi que son monstre est coincé dans la glace et que pour le réanimer totalement, il lui faut l’aide d’un hypnotiseur. Jusque-là, le film n’a rien à voir avec l’original de James Whale. Sauf que le film va proposer en son sein un long flashback, racontant comment Frankenstein s’est fait bannir de son village et comment il a perdu le contrôle de sa créature. Sur le fond, le film essaye d’aller aussi loin de son aîné. C’est-à-dire qu’il va proposer la vision d’un monstre innocent, qui se demande ce qu’il fait là et qui va se faire manipuler par un homme pourri jusqu’à la moelle. Le côté humaniste de la créature se retrouve donc dans son incapacité à contredire les ordres d’un homme, qui est lui, le véritable monstre.

Le problème avec ce film, c’est que tout respire le cheap. Même en remettant le film dans son époque, certaines choses demeurent gênantes, notamment le maquillage du monstre, incarné ici par Kiwi Kingston. Déjà très critiqué à l’époque, on a l’impression de voir un homme porté un masque de carton-pâte sur la figure. Rien ne fait vraiment réel et du coup, on a un mal fou à s’attacher à cette pauvre créature. On devine même les marques de scotch et les chiffons entourant le visage de l’acteur. La conséquence est donc de sortir complètement de l’ambiance du film, qui se veut gothique à souhait, mais qui n’arrive pas rivaliser avec les films plus anciens. Ce maquillage, en plus de faire perdre de la crédibilité à la créature, va lui empêcher d’être expressive. On a l’impression de rien ne touche le monstre, qu’il est monolithique, soit tout le contraire du monstre incarné par Boris Karloff dans les films de James Whale. Alors on peut aussi y voir une certaine volonté de renouer avec le cinéma expressionniste allemand des années 30, notamment sur Le Golem, mais cela ne marche pas vraiment. On pourrait aussi penser au Cabinet du Docteur Caligari avec cet hypnotiseur maléfique, mais ces références ne sont pas intelligemment intégrées dans le métrage.

L’autre gros point noir du métrage, c’est son ambiance qui a perpétuellement le cul entre deux chaises. Si certains moments sont clairement matures et horrifiques, et notamment son tout début qui est bien gore avec de gros plans sur un cœur à vif, d’autres passages seront carrément enfantins. On pense notamment à la séquence d’hypnose où un homme fait la poule et la créature de Frankenstein, ou encore lorsque Peter Cushing, même s’il reste incroyable et porte le film sur ses épaules, se jette d’une fenêtre en faisant des nœuds avec des draps. On reste sans arrêt sur une ambiance qui change et qui n’arrive pas vraiment à choisir entre le côté noir et le côté plus jovial. Terence Fisher étant parti à l’étranger pour d’autres tournages, c’est Freddie Francis qui le remplace et on sent la différence. L’aspect gothique grandiloquent disparait presque au profit d’une réalisation plus carrée, plus aseptisée et qui pourrait coller au monstre de Frankenstein. Cependant, on sent que le réalisateur est plus à l’aise dans les thrillers d’épouvante que dans le pur film d’horreur gothique. Cependant, il reste des choses qui sont vraiment agréables dans ce film, et notamment la présence de Peter Woodthorpe en hypnotiseur sadique. L’acteur crève l’écran et sent de suite que son personnage est plus trouble qu’il n’y parait. Chacune de ses apparitions nous le fait détester encore plus et il se révèle être le grand méchant de cet opus.

Au final, L’Empreinte de Frankenstein est un film plutôt sympathique même s’il n’a pas l’aura des films précédents. D’ailleurs, le succès au box-office sera plutôt modéré, ce qui dissoudra le partenariat entre la Hammer et Universal. Il est vrai que certaines mauvaises choses côtoient d’autres très bonnes et il est juste dommage que le scénario ne creuse pas plus la psychologie du baron, dans cette volonté de créer la vie, de critiquer la religion, imposant des croyances que personne ne remet en cause. Des sujets à peine survolés dans ce film alors qu’ils auraient amené de la profondeur à un film qui en manque cruellement.

Note : 13,5/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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