avril 25, 2024

Meurtre par Procuration

Titre Original : Nightmare

De : Freddie Francis

Avec Jennie Linden, David Knight, Moira Redmond, Brenda Bruce

Année : 1964

Pays : Angleterre

Genre : Thriller

Résumé :

Une femme est conditionnée par l’intermédiaire de ses cauchemars, afin d’assassiner une autre femme. La tâche accomplie, l’instigatrice de la manipulation peut enfin épouser celui qu’elle convoite, mais elle est bientôt assaillie à son tour par des cauchemars.

Avis :

En 1960, Alfred Hitchcock va faire une petite révolution avec son film Psychose. En effet, il pose les bases de ce que l’on va appeler, le Proto-Slasher. Quelques années plus tard, on retrouvera des éléments de Psychose dans d’autres films du même acabit comme Scream et Urban Legend, qui deviendront un genre à part entière, le slasher. Mais avant ça, le film du maître du suspens va faire des émules, aussi bien en Angleterre qu’en Italie et c’est ainsi que va naître le giallo. Y voyant un filon intéressant, la Hammer, dans une volonté de varier son catalogue et de sortir un peu de l’horreur gothique, va vouloir faire des thrillers d’épouvante à la manière d’un Psychose. Et plutôt que de faire appel à Terence Fisher qui excelle dans l’horreur avec des films comme Le Fantôme de l’Opéra ou encore Les Maîtresses de Dracula, la Hammer va demander les services de Freddie Francis, qui va faire Paranoiac, avec Oliver Reed, puis Meurtre par Procuration.

Freddie Francis possède un style totalement différent de Terence Fisher. Il est plus réaliste dans sa façon d’apporter les choses et pose sa caméra de façon à être simple, mais très efficace. Si le thriller d’épouvante sera son sujet de prédilection, on va voir aussi que l’horreur pure lui sied à merveille. En effet, on retrouve dans Meurtre par Procuration une introduction puissante et très symbolique sur la thématique du film. On va donc suivre une jeune fille qui déambule dans un hôpital psychiatrique vide, avec une voix féminine qui la dirige dans des couloirs dénudés et glauques. Le réalisateur va filmer très proche de son protagoniste, de façon à créer une atmosphère anxiogène très forte au point de perdre son spectateur, ne sachant si on évolue dans un rêve, ou plutôt un cauchemar, ou dans la réalité. Ce passage là est très éprouvant, mais surtout très efficace. Et on trouvera des éléments similaires au sein du film, qui se déroule principalement dans une grande baraque.

Une maison qui va devenir un être à part entière. Freddie Francis va filmer cet antre comme un personnage dans lesquels plusieurs protagonistes évoluent. On aura droit à l’homme de main, à la servante, à l’institutrice, et on pourrait presque croire que cette demeure représente un monde à elle seule. Un monde fait de couloir, d’apparitions, de chassé-croisé, mais aussi de colère, de joie et de pleurs. Bref, il y a une réelle fonction dans ce décor et c’est ce qui marque dans ce film. Mais ce n’est pas tout. Si les acteurs ne sont pas des têtes d’affiche de l’époque, ils sont tous très bons, notamment David Knight en homme mystérieux, dont ce sera le dernier film, l’acteur se consacrant par la suite exclusivement au théâtre. Jennie Linden est aussi très forte dans ce rôle de femme fatale qui va apprendre à ses dépens que jouer avec la vie des autres n’est pas forcément amusant. Bref, le casting est parfait et il colle dans un sens à cette ambiance malsaine et étrange qui ressort du métrage. On pourrait presque croire que James Wan, avec ses Insidious, a repris un peu le principe, ou s’en est tout du moins inspiré, avec par exemple la poupée bien glauque qui revient inlassablement.

Cependant, malgré tous ces atouts, Meurtre par Procuration va perdre petit à petit de son intérêt, et cela à cause de deux choses qui se combinent. La première, c’est que l’on ne va pas trop comprendre pourquoi la seconde jeune femme va s’énerver aussi vite auprès de son mari et s’astreindre à hurler à tout bout de champ sans jamais chercher dans toute la maison. Non pas que Jennie Linden soit en surjeu constant, mais elle préfère hurler, devenir zinzin, plutôt que de fouiller toute la maison. On a du mal à comprendre pourquoi cette femme, si forte au départ, devient aussi inactive. Le scénario perd de son intensité du coup, et le spectateur se retrouve un peu perdu face à ce glissement de folie. C’est dommage parce que quelques effets sont relativement bien foutus, comme ces apparitions spectrales au détour d’un couloir, mais le personnage ne va jamais au bout de l’investigation. Il est étrange aussi que son mari ne se doute de rien et reste complètement placide face à la folie de sa femme. Enfin, le dernier truc qui empêche le film d’être vraiment bon, c’est sa chute finale, très attendue et un peu trop abrupte, ce qui gâche tout le mystère planant autour du maître de maison.

Au final, Meurtre par Procuration est un film intéressant et qui se veut très hitchcockien dans l’âme, mais qui n’en a pas la carrure. Si le film demeure efficace et plaisant sur l’instant, hormis son introduction, il n’y aura pas de scènes qui vont rester longtemps dans les mémoires, la faute à une réalisation propre, trop propre. Il est aussi dommage que le film se délite au fur et à mesure de son intrigue à cause de réactions disproportionnées ou d’absence d’action. En l’état, Meurtre par Procuration est un film honnête et agréable, mais qui est très loin d’égaler les chefs d’œuvre du maître du suspens.

Note : 13/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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