mars 19, 2024

Dominium Mundi – Livre 2 – François Baranger

Auteur : François Baranger

Editeur : Pocket

Genre : Science-Fiction

Résumé :

« Cette guerre pour laquelle il s’était engagé n’était pas une guerre de religion, ni même une simple guerre de conquête ou de colonisation, mais bel et bien une guerre d’extermination. »

2205. C’est le débarquement. Les troupes de l’Empire Chrétien Moderne se déploient dans les plaines arides d’Akya du Centaure.

À l’arrière, Albéric Villejust organise la rébellion qui gronde parmi les inermes.

De leur côté, Tancrède de Tarente et Clorinde ont retrouvé l’amour, une foi inébranlable, et comptent mener à bien leur mission, au nom du tout-puissant Pape Urbain IX. En tant que méta-guerriers, la prise de l’ultime tombeau du Christ repose en grande partie sur leurs épaules.

Mais sous l’implacable soleil centaurien, rien n’est gravé dans le marbre. Alors que les rebelles se cachent et s’organisent dans le désert, que les Atamides se révèlent plus dangereux que prévu, les luttes de pouvoir s’intensifient et des forces nouvelles s’agitent dans l’ombre. De ces zones obscures dépendront l’avenir d’Akya, des nouveaux Croisés et, à plus grande échelle, de peuples entiers…

Avis :

Avec sa vision démesurée du voyage interstellaire, ses personnages marquants et une intrigue pour le moins engageante, le premier tome de Dominium Mundi posait les bases d’un univers (au sens large du terme) original. Sa grande force résidant dans le parfait compromis entre roman historique et science-fiction. Au vu du final, nul doute qu’une suite était indispensable, même s’il est difficile de qualifier l’œuvre de François Baranger à un aspect aussi réducteur. Si la publication n’est pas simultanée et diffère de six mois, le récit se scinde à la manière des plus imposants livres de Stephen King (Dôme, Ça…). D’ailleurs, cela se remarque par le simple fait de débuter par la troisième partie de cette incroyable odyssée spatiale.

Il est donc inutile de dire que les deux ouvrages sont indissociables et qu’on ne peut outrepasser la lecture du premier opus. Ici, on entre de plein fouet dans la croisade pour libérer le tombeau du Christ sur Akya du Centaure. Si l’idée de base s’avère singulière, situer une telle relique sur une autre planète peut susciter quelques réserves. Un choix d’autant plus difficile à justifier que l’auteur continue son étonnant parallèle entre les erreurs du passé et les espérances du futur. En plus de poursuivre ce surprenant parcours en découvrant un nouveau monde, l’on a droit à des réponses crédibles qui, bien que fictives, offrent un regard différent sur la religion et ses fondamentaux.

En ce sens, l’inspiration du poème épique La Jérusalem délivrée y est encore plus prégnante. Les phrases symboliques directement tirées de l’œuvre du Tasse y sont toujours présentes et pertinentes. Les personnages baptisés du même nom, également. Cependant, les allusions sont tout aussi nombreuses devant les champs de bataille, les états d’âme des uns, la folie des autres. Outre certaines caractéristiques géologiques et environnementales spécifiques, Akya prend les atours de la nouvelle Terre sainte qu’il faut absolument reconquérir aux infidèles. Malgré un univers purement fictif, le travail de fond est proprement colossal pour retranscrire une véracité historique entre les lignes d’un XXIIIe siècle peu engageant.

Luttes de pouvoir, dissensions politiques, rébellions, manipulations des masses… Autant d’éléments susceptibles de provoquer des crises de conscience à même de faire évoluer l’intrigue. Malgré la densité du texte, la multiplication des points de vue offre un aperçu exhaustif et minutieux du contexte. L’équilibre entre les introspections, les affrontements et les dialogues permet de varier les situations sans rallonger inutilement l’ouvrage. La qualité d’écriture et du scénario est suffisamment développée et constante pour ne pas se lasser. On le serait à moins avec près de 1700 pages sur deux livres !

Par le biais de l’inéluctabilité de la guerre, Dominium Mundi se penche sur la nature humaine et sa propension à la violence. En sus de la thématique principale qui tend à confirmer que les erreurs du passé sont destinées à se répéter, il s’attarde aussi sur la colonisation. Ici, on assimile l’homme à un virus ou un cancer qui gangrène son environnement. Si le discours écologique n’est pas forcément évident ou de circonstances, cette croisade qui avance tel un rouleau-compresseur est similaire sur bien des points à la surexploitation des ressources extraterrestres dans Avatar. Le rapprochement des peuples est sans aucun doute un autre élément qui joue en faveur de cette hypothèse.

Dix années d’écriture ont été nécessaires pour aboutir à une œuvre colossale sur bien des aspects. Dix années pour narrer les ambitions velléitaires d’une humanité en perte de repères et de valeurs, si ce n’est ceux et celles d’une religion corrompue par le pouvoir et la vanité d’une poignée d’individus. Au-delà de toutes les considérations évoquées ici ou pour le premier tome, Dominium Mundi fait montre d’une grande maturité dans ses propos ou son approche de la littérature. N’ayant rien à envier aux classiques du space opera, l’œuvre de François Baranger joue également sur les codes du roman historique et de la fantasy. Au même titre que le vaisseau Saint-Michel, ses ambitions titanesques sont dûment remplies et respectent leurs promesses. L’auteur nous offre une inoubliable odyssée spatiale qu’il conclut de manière magistrale. Une véritable prouesse accessible aux inconditionnels de SF, mais aussi aux novices en la matière qui apprécient tout simplement les bonnes histoires.

Note : 18/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.