mars 19, 2024

Extinction – Matthew Mather

Auteur : Matthew Mather

Editeur : Fleuve Noir

Genre : Thriller

Résumé :

À la veille de Noël, à New-York, Mike Mitchell s’apprête à passer un réveillon en famille et compte sur cette période de fête pour apaiser les tensions dans son couple. Cependant ces projets vont être anéantis par une gigantesque tempête de neige qui s’abat soudain sur Manhattan et provoque un black-out total. Internet et les réseaux de communication ne fonctionnent plus, les infrastructures s’effondrent. Le désastre gagne progressivement tous les secteurs d’activités, paralysés par cette coupure soudaine. Rumeurs d’attentats, de cyber-attaque, thèses du complot… On accuse les Russes, les Chinois, les Iraniens. La panne généralisée alimente la psychose, renforcée par l’apparition d’une épidémie mortelle qui affole la population. Au milieu du chaos, Mike et ses voisins se retrouvent sans eau, sans chauffage, et bientôt sans nourriture… Dans ce tombeau à ciel ouvert qu’est devenu New York, l’ordre a laissé la place à la loi du plus fort. Alors que la trahison guette à chaque instant, Mike va devoir livrer une lutte sans merci pour sa survie et celle de sa famille.

Avis :

Si l’on apprécie les récits illustrant la fin de nos sociétés, ce n’est pas pour y entrevoir le reflet de l’avenir ou s’interroger sur les solutions capables d’endiguer divers problèmes. Ce genre d’histoires est similaire à un bon film d’horreur qui canalise un fantasme pour mieux l’exprimer à travers la fiction. Mais nous ne sommes pas là pour parler psychanalyse ou philosophie, mais d’un roman post-apocalyptique (enfin presque) qui a fait forte impression outre-Atlantique. Pour son premier livre, Matthew Mather plonge New York dans un black-out total. Il est vrai que le pitch de départ évoque d’autres récits du même acabit, notamment le jeu vidéo The Division dont la sortie française coïncide avec le présent ouvrage.

Si le contexte et le ton ne font aucun doute, l’intrigue tend toutefois à s’étirer plus que de rigueur dans les premières pages. L’entame s’appesantit parfois sur des points de détails inutiles, à tout le moins anecdotiques, ce qui vaut aussi pour le développement des personnages. On a l’impression que l’histoire tourne rapidement en rond. La faute à une trame où les atermoiements succèdent à des scènes évoquant celles qui les ont précédés. En cela, la construction peine à susciter l’immersion si ce n’est par l’urgence d’une situation qui ira en se dégradant. Et c’est là tout l’intérêt du roman, confronter le lecteur et les protagonistes à une escalade dans la panique.

Il est vrai que l’on soupçonne une cyberattaque et, éventuellement, l’invasion d’une nation ennemie qui évoque L’aube rouge de John Milius. Les indices disséminés çà et là concourent à cet état de fait. Pour autant, il ne s’agit que de spéculations suggérées par l’auteur lui-même en usant de subtiles références. La vérité, elle, se dissimule dans les ultimes pages. De fait, on a l’impression d’avoir été manipulé d’une manière assez habile. Toujours est-il que ce flou narratif permet toute largesse dans la folie humaine. Ici, le sentiment de perdition s’avance comme une justification aux pillages, aux agressions et autres violences qui repousseront le concevable jusqu’aux frontières de l’horreur.

Pourtant, Matthew Mather ne joue pas dans la surenchère. Ses propos et sa manière de les exposer demeurent crédibles à plus d’un titre. Étant un spécialiste de la cybercriminalité et de la nanotechnologie informatique, il fournit une documentation assez dense. Celle-ci se dissimule dans les dialogues où les hypothèses fusent, le tout accompagné de prétextes qui pourraient les expliquer. Certaines anecdotes sont étonnantes tant peu de personnes les connaissent ou les remarquent. Le fait de se servir d’une technologie similaire (Internet) pour contrôler les centrales nucléaires des États-Unis et discuter sur les réseaux sociaux est proprement stupéfiant. Un élément qui, dans les années à venir, aura tendance à se démocratiser en Europe…

Autre point primordial de l’histoire : le survivalisme. Là également, on touche à un domaine particulier qui joue autant sur le self-defense, la préparation et la gestion des stocks de vivres, la nutrition, les techniques pour se réchauffer, la prévention des maladies… Même si certains aspects paraissent répétitifs (surtout en extérieur pour se rendre au poste de secours) et en dépit de quelques réactions maladroites de la part des différents intervenants, Extinction offre une excursion survivaliste exhaustive. Le dernier quart tend à se tourner vers un cadre rural, voire complètement isolé de la civilisation, mais s’avère moins développé pour des raisons de rythme.

Malgré un démarrage poussif et quelques situations redondantes, Extinction est un roman des plus intéressants. Si l’on parle davantage de survivalisme que de post-apocalyptique (les deux sont pourtant étroitement liés), l’intrigue se révèle maîtrisée pour dépeindre les premiers jours d’un cataclysme dont l’origine nous échappe. Ici, on joue sur l’angoisse et l’ignorance pour mieux exposer les réactions d’individus prêts à tout pour survivre, fut-ce au détriment des autres. Si cela ne paraît pas très original (car déjà vu ailleurs), la crédibilité des faits avancés s’appuie sur un réalisme permanent. Il en ressort une impression oppressante tant l’auteur parvient à démontrer avec force la fragilité de notre système. Un livre qui soulève pas mal de questions.

Note : 14/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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