avril 26, 2024

Le Signe du Païen

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Titre Original : Sign of the Pagan

De: Douglas Sirk

Avec Jack Palance, Jeff Chandler, Ludmilla Tchérina, Rita Gam

Année : 1955

Pays : Etats-Unis

Genre : Historique, Aventure

Résumé :

Roi des huns, Attila tente de conquérir l’empire romain.

Avis :

Alors que Douglas Sirk entre dans sa dernière décennie de réalisation, il va tenter de délaisser le mélodrame pour s’aventurer vers un autre genre de cinéma, le récit historique. Il faut dire que la chose n’est pas aisée, car il risque de s’aliéner une partie de son public et la même année, il livre Tout ce que le Ciel Permet, qui fut très mal accueilli par la presse et Demain est un Autre Jour. Avec Le Signe du Païen, Douglas Sirk va tenter de raconter un pan assez peu connu de notre histoire, la tentative d’invasion d’Attila le Hun alors que Rome est le maître du monde. Un récit culotté pour l’époque, mais qui va surtout posséder tous les codes du mélodrame si cher au cinéaste et qui va cibler très précisément la religion, dans le mauvais sens du terme. Car si Le Signe du Païen est un vrai film historique avec de jolis décors et une partie un peu plus épique, le film se tourne volontiers vers l’humain et ses croyances pour trouver des réponses à des questions existentielles.

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Le démarrage du métrage est pourtant intéressant car il montre un Attila sous un jour nouveau avec un regard assez naïf. Certes, il s’agit d’un barbare sanguinaire qui aime collectionner les femmes, mais il montre une certaine pitié envers des ennemis robustes et une intelligence dans la gestion de son peuple et de son invasion. Le film commence alors par une bataille et une capture, où l’on va voir poindre une histoire d’amour entre un romain et la fille d’Attila. Un amour impossible comme les chérit tant Douglas Sirk. Ainsi, le portrait que dépeint le cinéaste d’Attila s’avère assez efficace, tout en nuance et permet de ressentir une certaine empathie pour lui et son acteur, Jack Palance. Ce sera d’ailleurs lui et Jeff Chandler qui tiendront le film sur leurs épaules dans des scènes intéressantes où le questionnement du sauvage, du barbare face à la civilisation sera le pilier central de toute réflexion. Et c’est au cours d’une courte scène que l’on va pouvoir voir la vision d’Attila, perdu dans ses us et coutumes mais se demandant si les habitudes de Rome ne sont pas surfaites et inutiles. Un choc culturel relativement bien mis en images, avec douceur, contrastant avec la vision sauvage que l’on peut avoir du personnage principal.

Cependant, dans son fond, le film n’est pas si guilleret que ça. Certes, il faut le remettre dans son contexte et dans son époque, à savoir une société très puritaine et très croyante, et du coup, Douglas Sirk fait en quelque sorte l’apologie du christianisme qui mettra en doute les idéologies d’Attila. Car même si cela reste assez anecdotique dans son déroulement et n’empêche pas de suivre correctement le métrage, la pilule sera dure à avaler pour tous les athées. En fait, dans ce film, on est en pleine apologie de la religion et surtout de la chrétienté qui semble sauver Rome d’une chute déjà programmée. Et c’est dommage car les idées païennes d’Attila ne sont pas bêtes, vivant comme bon lui semble afin de devenir l’homme le plus puissant de la planète. Ce qui est d’autant plus dommage que la réalisation de Douglas Sirk demeure assez plate et sans grande innovation. Si le départ était plutôt épique avec un combat rondement mené, la suite ne sera pas du même acabit et on ramera sévère pour arriver au bout du métrage. Le film se perd en palabres inutiles et parfois lénifiants et on se retrouve devant un choc des cultures qui ne tient pas la route.

Et il manque aussi très clairement des personnages secondaires forts. Outre la joute verbale entre Attila et Marcian, les présences féminines manquent de background et ne sont que des faire-valoir. C’est dommage, surtout venant de Douglas Sirk qui est un réalisateur donnant une place important à la femme, et pour se convaincre de cela, il suffit de regarder son dernier chef d’œuvre, Mirage de la Vie. En fait, il manque au Signe du Païen une belle palette de personnages secondaires afin d’appuyer la guerre entre Huns et Romains. Il manque aussi de la vie dans ce film, qui se contente de relater des faits, tout en y ajoutant parfois de l’humour qui n’a pas sa place dans un film comme celui-ci.

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Au final, Le Signe du Païen est un film mineur parmi tous les grands films de Douglas Sirk. Si le roi du mélodrame s’engage dans un autre genre, on peut voir que cela n’est pas très convaincant, même si c’est loin d’être mauvais et que le film comporte de bons moments. On lui préfèrera largement Tempête sur la Colline ou Le Temps d’Aimer et le Temps de Mourir du même réalisateur.

Note : 12/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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