mars 19, 2024

Le Règne des Illuminati – Eric Giacometti et Jacques Ravenne

9782265093706WEB

De : Eric Giacometti et Jacques Ravenne

Editeur : Fleuve Noir

Genre : Thriller

Résumé :

Les Illuminati…
Ils vous surveillent depuis des siècles.
Désormais, ils vont vous contrôler.
Antoine Marcas, flic franc-maçon, affronte une organisation secrète qui se revendique des Illuminati, ce groupe occulte qui enflamme les imaginations depuis sa disparition mystérieuse au XVIII e siècle.
De Paris à San Francisco, Marcas remonte la piste d’une conspiration qui prend ses racines dans la Révolution française et traverse les siècles jusqu’au coeur de la Silicon Valley. Il devra déjouer les pièges du conspirationnisme ambiant pour retrouver le secret des Illuminati. Un secret aux frontières de la science…
Du règne de la Terreur de Robespierre et Saint-Just à l’assassinat du président Kennedy, des loges maçonniques de la Révolution au Bohemian Club américain, apprêtez-vous à plonger dans les arcanes de l’histoire secrète des États-Unis…

Avis :

Deux longues années auront été nécessaires pour qu’Antoine Marcas revienne sur le devant de la scène littéraire. Pour nous faire patienter, il y aura bien eu une adaptation en bande dessinée du Rituel de l’ombre, mais depuis les événements du Temple noir, le commissaire franc-maçon s’était exilé dans des contrées plus chaudes. Depuis le premier tome, le duo Giacometti/Ravenne a fait preuve d’une constance irréprochable, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, avec d’excellents thrillers sur fond d’ésotérisme et de symboliques maçonniques. Petit à petit, leur personnage fétiche est devenu un rendez-vous immanquable à chaque sortie et Le règne des Illuminati ne déroge pas à la règle.

Derrière ce titre, qui évoque nombre de théories du complot et d’agissements occultes, se cache une approche moins spectaculaire que ne laissent paraître les fantasmes véhiculés par l’une des plus célèbres sociétés secrètes (un comble !). Tant pour les connaisseurs du sujet que pour les lecteurs assidus de Giacometti et Ravenne, ce choix n’est guère surprenant. Favorisant le pragmatisme aux hypothèses vaporeuses, les auteurs se penchent sur les origines du mythe en mélangeant l’histoire avec un grand H (on a droit à quelques anecdotes inattendues) à la fiction. La construction se révèle homogène et des plus habiles dans sa progression.

On alterne entre passé et présent sans jamais privilégier l’un ou l’autre. Une partie du contexte se déroule vers la fin du XVIIIe siècle, soit au lendemain de la Révolution. Outre une reconstitution aussi soignée qu’immersive (ce qui n’est guère étonnant vu le talent de Giacometti et Ravenne), le récit offre un point de vue inhabituel et suffisamment crédible des événements pour semer le doute dans les esprits et, peut-être, avoir un avis différent sur les déclencheurs d’une page capitale de l’hexagone. Toujours est-il que l’aspect pédagogique (bien présent, il est vrai) n’empiète pas sur l’intrigue.

La partie contemporaine se montre plus nerveuse avec des rebondissements récurrents au fil de la progression, ainsi qu’une architecture des chapitres brefs et dynamiques afin de ne pas perdre le lecteur en cours de route. L’ensemble se révèle suffisamment efficace pour entretenir le suspense, même si certains pans de l’histoire deviennent assez prévisibles plus en amont. Seul bémol, de menues longueurs émaillent le fil rouge (ex : la relation entre Marcas et Bela). Rien de préjudiciable, mais des baisses de rythme qui aurait gagné à être amoindrie, malgré leur nécessité pour la caractérisation.

Protagonistes qui, au demeurant, parviennent à remplir leur office sans trop de mal. On retrouve Antoine Marcas qui demeure égal à lui-même avec une évolution mesurée au gré de ses aventures (qui se compte au nombre de dix dorénavant). Les intervenants secondaires ne sont guère en reste avec des personnalités marquées qui permettent de les identifier et de les cadrer en fonction de leur importance au sein de l’intrigue. Certains évoquent des célébrités (Lady B.), ainsi que les références afférentes, tandis que les autres (antagonistes en tête) font la part belle aux poncifs des théories du complot, sans pour autant sombrer dans la caricature.

Au final, Le règne des Illuminati est un excellent cru. L’approche réaliste d’un sujet aussi sensible qu’éculé écarte les fantasmes au profit d’événements crédibles. Il en ressort un sentiment de doutes qui planent sur l’histoire (en particulier la Révolution française), sans pour autant privilégier la paranoïa. L’objectivité ambiante n’occulte aucune hypothèse et propose, en sus d’une très bonne fiction, une intéressante réflexion sur la manipulation et l’influence d’une élite sur les masses. Un roman équilibré, à la fois prudent et engagé dans le développement de son thème.

Note : 16/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.