Titre Original : Lord of the Flies
De: Peter Brook
Avec James Aubrey, Tom Chapin, Hugh Edwards, Roger Elwin
Année: 1963
Pays: Angleterre
Genre: Drame
Résumé:
Pendant la Seconde Guerre mondiale, un avion transportant des garçons issus de la haute société anglaise, envoyés par leurs parents en Australie pendant le Blitz, s’écrase sur une île déserte. Seuls les enfants survivent. Livrés à eux-mêmes dans une nature sauvage et paradisiaque, les enfants tentent de s’organiser en reproduisant les schémas sociaux qui leur ont été inculqués. Mais leur groupe vole en éclats et laisse place à une organisation tribale, sauvage et violente bâtie autour d’un chef charismatique. La civilisation disparaît au profit d’un retour à un état proche de l’animal que les enfants les plus fragiles ou les plus raisonnables paieront de leur vie.
Avis :
Adapter des romans, ce n’est pas nouveau et que ce soit dans la littérature fantastique ou pour les enfants, quasiment tous les livres à succès passent à la casserole pour une adaptation cinématographique. Il ne sert à rien de citer des exemples mais le phénomène est si dense que parfois on découvre le film avant le livre. Sa Majesté des Mouches n’échappe pas à la règle et c’est moins de neuf ans après la sortie du livre que le film voit le jour. Alors difficile de dire si le film est fidèle au roman si on n’a pas lu l’œuvre de William Golding, mais en faisant des recherches, il semblerait que la version de Peter Brook soit la plus fidèle et la plus réussie. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le film a eu la Palme d’Or à Cannes en 1963. Et il aura fallu attendre quelques années pour que Carlotta réédite le film dans une version bluray de toute beauté.
Non, les enfants, ce n’est pas mardi gras !
Le scénario du film suit scrupuleusement le fil rouge du livre. Un avion s’écrase dans l’océan pacifique et seuls les enfants s’en sortent. Ils sont alors livrés à eux-mêmes sur une île déserte et doivent se débrouiller pour trouver de la nourriture. Alors qu’un semblant de civilisation se met en place autour d’un jeune chef, le massacre d’un cochon pour manger de la viande va bouleverser l’ordre des choses et deux clans vont se former, celui des civilisés et qui veulent partir de l’ile et celui des sauvages qui retourne dans un état primaire. En fait, on pourrait presque croire que cette histoire est un essai sur le comportement de l’homme et même de l’enfant dans un contexte inconnu et sauvage. Du coup, on ressent une drôle de dichotomie entre ce qui pourrait être un livre pour enfants et sur une étude très adulte. Mais cela ne se ressent pas seulement sur le papier.
En effet, le film est d’une grande cruauté et d’une grande violence. Si au départ le film possède quelques moments d’humour avec les enfants qui s’amusent ensemble, cela va vite partir en vrille. L’élément déclencheur sera le premier cochon tué et la distribution de viande. Le clan se tourne alors vers le chasseur qui va devenir chef d’une tribu de petits sauvages. Et c’est à partir de là que le film va devenir très dur, tout simplement parce que l’auteur et le réalisateur ne font pas dans le sentiment. On aura droit à des enfants qui vont mourir et de manière ultra violente. Si la violence graphique est minime, surtout avec un film datant de 1963, ce sera surtout la violence latente, sourde, celle qui grince de plus en plus fort, qui va nous titiller.
Le film se veut très symbolique et chaque personnage à son importance. Par exemple, les chasseurs représentent l’instinct primaire de l’homme, la régression et un pas vers la violence pour se sustenter et s’amuser. D’un autre côté, Porcinet représente l’intelligence, le savoir et il ne sera jamais écouté dans une situation comme celle-là. Enfin, on peut dire que le petit Simon représente la sagesse, celui qui n’a pas peur tant qu’il n’a pas vécu l’expérience. Son destin sera funeste et il aura droit à la scène la plus difficile du film. Toute cette symbolique est plutôt bien foutue et on prendra plaisir à voir l’évolution de ces gamins, mais le film n’évite pas le fameux ventre mou en milieu de métrage. Malgré sa faible durée, environ une heure et demie, le film est assez mou du genou et parfois il ne se passe pas grand-chose.
Du point de vue des acteurs, certains enfants s’en sortent mieux que d’autres. Au départ, on a l’impression que personne ne savait jouer et les gosses regardent la caméra pour énumérer leur nom et prénom. Par la suite cela s’arrangera et on aura des jeux d’acteur de plus en plus fin et intéressant, notamment avec la présence incroyable de James Aubrey. On est loin de la calamiteuse prestation de Jean-Claude Van Damme dans Welcome to the Jungle, qui est la même histoire, mais avec des adultes (un film que l’on déconseille fortement). L’acteur jouant le jeune Simon est très bon lui aussi car il demeure très attachant, tout comme le personne de Porcinet qui représente la tête de turc de l’école. Bref, si au début ce n’était pas gagné, les jeux s’affinent par la suite.
J’espère que tu n’es pas musulman !
Au final, Sa Majesté des Mouches est un film très intéressant et presque instructif. Forçant le spectateur à s’attacher à certains personnages, le film ne fait pas de concessions et balance des morts d’enfants de manière cruelle, laissant le spectateur pantois. Si le film est assez longuet par moments, il n’en demeure pas moins un bon divertissement intelligent et qui fait froid dans le dos pour l’humanité. Avec la ressortie de Carlotta, c’est l’occasion idéale pour se replonger dedans et profiter d’une image exceptionnelle et de bonus fortement recommandable.
Note : 14/20
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Par AqME