mars 28, 2024

Detachment

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De : Tony Kaye

Avec Adrien Brody, Marcia Gay Harden, James Caan, Christina Hendricks

Année : 2011

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame

Résumé :

Henry Barthes est un professeur remplaçant. Il est assigné pendant trois semaines dans un lycée difficile de la banlieue new-yorkaise. Lui qui s’efforce de toujours prendre ses distances va voir sa vie bouleversée par son passage dans cet établissement…

Avis :

Tony Kaye est un réalisateur anglais qui connut un immense succès dès son premier film, le culte et très dur « American History X« . Sorti en 1999, le film qui évoquait le racisme a marqué les spectateurs à jamais. Mais depuis, qu’est devenu Tony Kaye ? Eh bien pas grand-chose chez nous puisque ces deux films suivants, « Lobby Lobster » et « Black water transit » demeurent encore inédits et seul son documentaire « Lake of Fire » est arrivé dans nos magasins, directement sorti en DVD et de manière totalement anonyme. Et donc pour vraiment avoir des nouvelles de Tony Kaye, il aura fallu patienter treize années pour revoir un film du réalisateur sur grand écran.

Et ce film, c’est « Detachment« . Sorti discrètement lui aussi, après le racisme, Tony Kaye évoque ici l’enseignement et la responsabilité, tout comme la confiance placée en ses professeurs. « Detachment » est un beau film à la fois dur et lumineux. Ici, le réalisateur offre une plongée intime et intéressante dans la vie d’un enseignant. Et même si parfois le film paraitra quelque peu confus, abordant des aspects de la vie de ces professeurs qui n’était pas forcément nécessaire, dans sa globalité, « Detachment » reste un beau film, porté par un excellent Adrien Brody.

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Henry Barthes est un professeur de littérature remplaçant. Il va d’établissement en établissement avec pour seul consigne de garder les classes au calme en attendant que les professeurs reviennent ou soient remplacés définitivement. Mais Henry n’est pas un professeur comme un autre. Son calme et son manque d’expression fait qu’il dégage quelque chose qui impose un certain respect. Si Henry arrive toujours à gérer, et même remettre dans le droit chemin, ses classes, dans sa vie personnelle, c’est quelque peu plus difficile et chaotique. Car entre son grand-père en maison de repos qui se trouve être sur la fin de sa vie, son passé, les non-dits qui le hantent et cette jeune fille, prostituée, qu’il a fini par accueillir chez lui, la vie d’Henry est loin d’être simple.

« American History X » était dur et réaliste, « Detachment » en sera de même. Avec ce film, Tony Kaye offre une plongée dans la vie d’enseignants dans un lycée difficile. Detachment abordera l’enseignement bien entendu, mais aussi les envies et les pourquoi des enseignants sur le choix de ce métier. Vocation ou accident, le réalisateur laisse la parole à ses professeurs en toute liberté, ce qui donne au film un ton documentaire qui est bien vu. Si le scénario suit principalement la vie d’Henry, professeur magnifiquement incarné par Adrien Brody, Tony Kaye s’autorisera aussi à développer la vie d’autres professeurs et d’élèves qui font partie de la vie de ce lycée. Ainsi « Detachment » apparaît comme un portrait complet de ce lieu, mais ce portrait si beau et juste soit-il est aussi la faiblesse du film, car le réalisateur s’évase un peu trop et à force de vouloir approfondir ses personnages, il finit par rendre son film confus et surtout parcouru de petites longueurs.

Le film offre d’une manière générale une intrigue soutenue sur la dévotion d’un professeur, sur son métier et comment il le conçoit. Le film développe bien la belle relation que ce professeur a avec une jeune fille d’une quinzaine d’années qui se prostituait et qu’il voudrait bien sortir de la rue. Si le film aborde aussi ce que l’on avait envie voir, c’est-à-dire une relation « d’entraide » et de confiance entre le professeur et une élève, la vie de ce professeur sera aussi entrecoupée de plongée dans d’autres parties de sa vie, moins intéressantes, comme le fait qu’il ait un passé douloureux. Ou encore tout ce qui touche à sa famille. Sans être inintéressant, le tout n’est pas utile et surtout ne fait pas avancer l’intrigue. Et finalement, on se demande le pourquoi de la nécessité d’approfondir et de volontairement noircir un film qui l’était déjà assez comme ça. Puis la vie de ce professeur est entrecoupée aussi d’incursions dans la vie d’autres personnages, comme par exemple la vie de la directrice de l’établissement (une directrice bien campée pour la trop rare Marcia Gay Harden). Avec ce personnage, le réalisateur aborde la difficulté de tenir un établissement. Le réalisateur s’aventure aussi dans les problèmes de couples de cette femme, ce qui permet de placer Bryan Cranston en mari délaissé, mais le tout est bien souvent mal amené et rend le film confus, qui finalement n’avance pas et l’on se demande où le réalisateur veut en venir. Mais heureusement, malgré les égarements du réalisateur, Tony Kaye arrive à rendre pratiquement tout le temps son film prenant, intéressant et même très touchant sur son final. Et ces bons éléments prennent le dessus sur les longueurs. On ressort de « Detachment » touché, avec la sensation d’avoir passé un joli moment de cinéma.

Un moment de cinéma qui est d’autant plus joli que la mise en scène est belle et intéressante. Sur un ton réaliste, entrecoupé de dessins sur des ardoises, « Detachment » est très plaisant à regarder. Certes, le film est un peu long, mais l’esthétisme, en plus de ce final touchant et lumineux, ce qui fait du bien, rattrape les défauts.

Comme je le disais, Adrien Brody est excellent, mais « Detachment« , c’est aussi de jolies révélations avec la jeune Sami Gayle qui incarne une jeune prostituée et Betty Kaye, la propre fille du réalisateur qui trouve là un rôle très touchant. « Detachment« , c’est aussi une Lucy Liu étonnante, une Christina Hendricks magnifique ou encore un James Caan très second degré.

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Bien moins puissant qu’ »American History X« , Tony Kaye, malgré des moments d’égarement, des longueurs et des maladresses, livre finalement un beau film sur l’enseignement, sur l’envie de faire cours, sur l’insouciance et voire même la bêtise des jeunes ou encore sur le malaise de l’adolescent.

Note : 14/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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