De : Bob Fosse
Avec Shirley MacLaine, John McMartin, Ricardo Montalban, Sammy Davis Jr.
Année: 1969
Pays: Etats-Unis
Genre: Drame, Musical
Résumé :
À New York, la délicieuse et rêveuse Charity Valentine (Shirley MacLaine) exerce la profession d’entraîneuse au dancing Fandango et, malgré ses perpétuelles déceptions sentimentales, espère toujours, un prochain jour, « être aimée d’un amour véritable » par celui qui sera l’homme de sa vie. Sa récente mésaventure, qui lui a valu d’être dépouillée de toutes ses économies et poussée par « Charlie, son grand amour » du haut d’un pont dans un bassin de Central Park, ne la décourage pas, elle continue de croire en demain… Après avoir passé, selon elle, une soirée de rêve (qu’elle a terminé enfermée dans une penderie) avec la grande vedette de cinéma Vittorio Vitale (Ricardo Montalbán), une panne d’ascenseur lui fait nouer connaissance avec Oscar Lindquist (John McMartin), un timide agent d’assurances. D’abord sur ses gardes quand celui-ci l’invite pour une promenade, Charity ne tarde pas à tomber follement amoureuse du gentil Oscar…
Avis :
Si la comédie musicale a envahi les théâtres au début du XXème siècle, il n’aura pas fallu bien longtemps au cinéma pour s’emparer du succès des planches et le transposer sur les écrans. Genre totalement à part qui peut paraître désuet aujourd’hui, la comédie musicale a pourtant encore de beaux jours devant elle, avec quelques métrages qui osent s’aventurer là-dedans. Et s’il y a bien un réalisateur qui s’en est fait une spécialité, c’est Bob Fosse. N’ayant réalisé que 5 films avant de décéder, le réalisateur a choisi de faire trois comédies musicales, dont deux qui resteront dans les annales du septième art, Cabaret et Que le Spectacle Commence !. Mais avant tout cela, son premier film était aussi un drame musical, Sweet Charity, mettant en avant la vie dramatique et amoureuse d’une fille de joie. Sujet délicat, surtout pour l’époque, ce premier film de Bob Fosse est une jolie réussite même si certains moments sont assez longs et entachent le métrage.
En fait, le principal problème de ce film, c’est qu’il s’ancre parfaitement dans son époque et qu’aujourd’hui, il apparait un peu désuet. Surtout dans les relations amoureuses qui sont parfois bizarres ou construites de façon assez naïve. Non pas que cela soit dérangeant, et cette naïveté possède une relative fraîcheur, mais il devient difficile de se projeter dans une époque qui semble idyllique, sauf pour la pauvre Charity. Et si l’on suit la vie tumultueuse de cette entraineuse, il y a certains moments qui sont assez longs et des tableaux qui ne sont pas forcément réussis, comme ce passage dans le bar huppé où viennent des acteurs et de riches personnes. Un tableau drôle au demeurant, mais à l’ambiance yéyé qui fait opposition au monde plus cruel de l’héroïne. Le film se permet aussi des moments plus longs représentant les sentiments amoureux de Charity. Ces moments, en dehors de leur qualité technique irréprochable, sont longs et pas toujours judicieux, brisant un rythme intéressant.
Cependant, il est indéniable de reconnaître la qualité des chorégraphies et le nombre incroyable de figurants qu’il a fallu déployer. Si le premier tableau reste le plus intéressant dans son ambiance feutrée et sa volonté de montrer des femmes désabusées, le reste est un peu plus spectaculaire, mais perd en ambiance, ce qui est dommage. Bob Fosse mène sa barque avec une grande qualité et les tableaux s’enchainent plutôt bien même si certains sont un peu trop décrochés de l’histoire, comme l’apparition de Sammy Davis Jr en gourou d’une nouvelle religion hippie et qui sort un pamphlet contre la marijuana. Si le tableau est amusant, coloré et permet de souffler dans la vie assez sombre de Charity, il n’en demeure pas moins inutile et juste un prétexte pour mettre en avant une grande star de la musique.
Mais finalement, le plus intéressant dans tout ça, c’est l’histoire et non pas les tableaux musicaux. Profondément dramatique, Sweet Charity est un film sur l’amour et sur le fait que l’on ne peut pas effacer son passé. Le film questionne d’ailleurs sur le véritable amour, à savoir s’il existe ou pas. La pauvre Charity se fait avoir à chaque fois et dans les moments où elle croit le plus en l’amour de sa vie, elle tombe de haut, arrivant cependant à chaque fois rebondir grâce à une force vitale incroyable. C’est d’ailleurs le point central du film, l’espoir, mot qui apparait dans le nom de l’héroïne, qui ne se laisse jamais abattre trop longtemps, reprenant goût à la vie malgré les déceptions amoureuses, dont la plus douloureuse, la dernière, à cause de son passé qu’un homme n’accepte pas. Très mélo dans son déroulement, le film fonctionne tout de même et accroche grâce à une Shirley MacFarlaine touchante et pleine de grâce, que ce soit dans son jeu ou dans les moments de danse.
Au final, Sweet Charity est une comédie musicale surprenante et attachante malgré tous les défauts qu’elle possède. Un poil longuet, possédant des tableaux parfois inutiles ou sans grand intérêt, le film possède tout de même une technique irréprochable et propose une histoire sur la recherche de l’amour, sur la déception et le passé, mais aussi sur l’espoir et que la vie est plus forte que tout le reste. Bref, un film mélodramatique pas déplaisant, non dénué de scories rendant l’ensemble parfois indigeste, mai qui possède un joli message et qui reste un joli regard en arrière.
Note : 12/20
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Par AqME