
Avis :
Pour de nombreux « puristes » (oui, le mot est entre guillemets, car les puristes sont juste des personnes qui se pensent au-dessus des autres en matière de goût), le Metalcore ne fait pas partie du monde du Métal. Trop Pop, trop aseptisé, trop de chant clair ou pas assez de solos, il s’agit d’un genre qui divise, et en fonction des groupes, on peut comprendre pourquoi. Grosse tendance sur les réseaux sociaux, et notamment Tiktok où de nombreux américains font du lipsing dessus, Dayseeker fait du Metalcore depuis 2012, et cela fait maintenant six albums qu’il a signé chez Spinefarm Records. Immense succès au pays de l’oncle Sam, chez nous, les choses sont moins impactantes. Bon, il faut dire aussi que le métal n’est pas forcément le plus mis en avant en France, donc cela n’a rien d‘étonnant.
Cependant, Dayseeker touche de plus en plus, et notamment un public à la fois féminin, mais aussi qui n’est pas issu de la scène métal. Cela est en partie dû au chanteur, Rory Rodriguez, qui joue de sa voix, avec des partitions très douces et émotionnelles, et d’autres moments où il peut gueuler comme un bûcheron. Mais ce n’est pas tout, Dayseeker aime jouer sur les textures, ajoutant alors des thématiques redondantes autour de l’amour, tout en faisant des clips qui ont l’air d’être des courts-métrages. Tout cela contribue au succès de la formation américaine qui propose son septième effort avec Creature in the Black Night, qui arrive pile au moment d’Halloween, et dont les titres peuvent laisser espérer une ambiance mortifère et quelques thématiques plus sombres, comme le deuil, la mort, ou encore l’horreur de l’être humain. Malheureusement pour nous, il n’en sera rien…
Le skeud débute avec Pale Moonlight, et toutes nos craintes se retrouvent synthétisées dans cette introduction. Le chant clair est vocoder au possible, il y a une grosse production en arrière-plan qui essaye de donner une atmosphère à la fois sombre et romantique, et le refrain ne donne pas forcément du grain à moudre. Et cela malgré des riffs un peu plus agressifs et des paroles qui restent en tête très rapidement. On retrouve tous les éléments du Metalcore moderne, avec le break qui se veut un peu plus nerveux, mais c’est tellement attendu, que cela ne surprend pas. De plus, on se rend bien compte que ce genre de morceau sera quasi indéfendable sur scène, tant la post-prod joue un rôle prépondérant dans l’ambiance. Bref, ce n’est guère surprenant, mais à la rigueur, on peut s’en accommoder, même si ça reste du tout-venant.

Par la suite, les choses ne vont pas forcément s’arranger, même si on peut noter une volonté de varier les atmosphères. Creature in the Black Night rejoue la même partition que précédemment, avec une volonté de rentrer dans un carcan radiophonique pour les américains. Le côté Pop est très imposant, contrairement aux moments plus rugueux. Ce sera la même tambouille avec Crawl Back to my Coffin, qui prend des aspects presque Pop-Punk dans son démarrage, avant de s’enliser dans une Pop sirupeuse qui n’a pas grand-chose à raconter. Certes, le groupe suit les pas de son précédent album, déjà mou du genou, mais là, on s’enlise dans un mielleux qui n’est là que pour attirer la midinette qui démarre dans le genre. Après, cela peut faire une bonne porte d’entrée dans le métal, et on ne va pas s’en plaindre. On n’est juste pas le public visé.
Certains morceaux peuvent faire un peu illusion, et devenir plus nerveux. Shapeshift contient ce qu’il faut de moments de bravoure pour nous convaincre, avec des riffs plus lourds. Bloodlust sera LE titre le plus virulent de l’album. Avec ce morceau, on sent que le groupe en a sous les pieds, et qu’il se freine pour rentrer dans ses notes de frais et faire vendre des disques au plus grand nombre. A contrario, d’autres pistes seront vraiment douces, voire molles, en fonction de ce que l’on recherche dans ce genre de groupe. Soulburn peut se voir comme un effort Shoegaze, le côté mercantile en plus. Alors que The Living Dead jouera plus sur une ambiance morose et insidieuse, version Pop qui fait pleurer les jeunes femmes un peu tendres. Et cela sans oublier le dernier titre, Forgotten Ghost, qui clôture un album sur lequel on n’a pas forcément envie de revenir….
Au final, The Creature in the Black Night, le dernier album de Dayseeker, manque cruellement de vivacité et d’une envie de nous secouer. Le groupe préfère jouer la carte de la sécurité pour faire parler de lui, en faisant des morceaux plus doux et plus Pop, afin de s’assurer la diffusion sur les radios américaines. C’est un choix comme un autre, et cela ne dégrisera pas les fans, déjà habitués à ce genre d’inepties chez ce groupe, qui compte bien sur ses influenceurs pour continuer à envahir la toile. Bref, même si ce n’est pas mauvais, ça reste très (trop) doucereux pour pleinement convaincre.
- Pale Moonlight
- Creature in the Black Night
- Crawl Back to my Coffin
- Shapeshift
- Soulburn
- Bloodlust
- Cemetery Blues
- Nocturnal Remedy
- The Living Dead
- Meet the Reaper
- Forgotten Ghost
Note : 11/20
Par AqME
