octobre 18, 2025

Sanguisugabogg – Hideous Aftermath

Avis :

S’il y a bien un sous-genre de niche dans le Death Metal, c’est bien celui de Brutal Death Metal, qui s’amuse avec une hyper violence prégnante, des textes qui lorgnent constamment sur la torture et un chant guttural qui tient souvent plus du borborygme qu’autre chose. Si on peut citer Cannibal Corpse ou Deicide parmi les précurseurs du genre, Sanguisugabogg compte bien se faire un nom sur cette scène relativement underground. Formé en 2019, le groupe sort son premier album en 2021 avec Tortured Whole, signant d’emblée chez Century Media Records. Depuis, les américains nous fournissent une nouvelle galette tous les deux ans, avec sa pochette dégueulasse, son nom en police illisible en fond, et un goût poussé pour les trucs immondes sur les corps humains. Hideous Aftermath est leur troisième album, et le kebab humain qui pose devant annonce clairement la couleur.

D’ailleurs, dès le premier titre on est dans l’ambiance. Rotted Entanglement est un monstre de Brutal Death avec des riffs très lourds, une rythmique plutôt lente, mais un chant qui semble provenir du fin fond d’une grotte humide. On pourrait croire que le titre, relativement long, est une parodie de Death, mais il est plus profond qu’il n’y parait, et recèle même quelques passages intéressants, à l’image de ce break instrumental massif. En gros, si les américains épousent une violence percutante et qui peut en rebuter plus d’un, c’est aussi un morceau technique et pas si désagréable que ça. Ceci étant, on n’est pas au bout de nos peines avec la suite. Felony Abuse of a Corpse, en duo avec PeelingFlesh (oui, rien que le nom donne la couleur), est un titre massif et cradingue qui est là pour frapper fort et ne faire aucune concession.

Si la batterie blaste moins que sur le morceau précédent, elle reste omniprésente et ne laisse jamais le temps de vraiment souffler. C’est d’ailleurs le but de ce genre, qui se veut aussi massif qu’un parpaing dans la tronche, et le groupe y arrive sans aucun mal. Ritual Autophagia sera dans le même registre, mais avec une voix encore plus caverneuse (on se demande comment c’est possible) et un riff qui se veut répétitif, faisant un réel travail de sape. On y retrouve le guitariste Todd Jones et l’ensemble est très lourd, sans aucun moment pour réfléchir ou s’aérer l’esprit. Mais encore une fois, le groupe arrive à trouver des éléments techniques qui montrent leur talent. C’est bourrin en diable, mais ça fonctionne. Heinous Testimony sera un titre plus court, et plus travaillé au niveau des guitares, du moins dans son introduction, qui part ensuite en eau de boudin.

En abordant Abhorrent Contraception, en featuring avec Defeated Sanity, on va se rendre compte que c’est certainement le titre le plus accessible de l’album. On reste dans du Brutal Death, mais la rythmique est plus classique, ça va moins vite, la batterie est plus légère, et les riffs ont plus de variations. De plus, le chant se révèle moins guttural que sur les autres morceaux. Il n’est pas étonnant que ce titre soit celui choisi pour mettre en avant l’album. Puis on sera surpris par Repulsive Demise, qui pourrait presque prendre des allures d’interlude s’il ne durait pas plus de quatre minutes. Ici, on a un côté Indus insoupçonné, et seul le chant nous rappelle que nous sommes sur du Brutal Death bien sale. Bien sûr, ce côté calme ne durera pas, puisque Erotic Behaviour viendra nous secouer les tympans par la suite.

Le groupe se lâche avec Sanctified Defilement qui envoie du lourd, et qui peut poser la question de la musicalité de l’ensemble. C’est parfois tellement lourd et bourrin que l’on n’a plus l’impression d’écouter quelque chose de mélodieux. Semi Automatic Facial Reconstruction n’est pas là pour rigoler non plus. Après une introduction qui ne fait que monter, le groupe nous asphyxie pour mieux nous percuter par la suite. Et le duo avec Travis Ryan, le chanteur de Cattle Decapitation, n’est là que pour bien nous finir, et nous faire du mal. Enfin, l’une des plus grosses surprises de l’album viendra de Paid in Flesh, avec Dylan Walker de Full of Hell. Car si le titre débute de façon cohérente avec le genre, la fin se révèle touchante et mélancolique au possible. Une sensation inattendue au sein de cet effort qui se veut sans concession et terriblement brutal.

Au final, Hideous Aftermath, le dernier album de Sanguisugabogg, est un effort qui nous éclabousse en pleine trogne. C’est bourrin, c’est sale, c’est guttural et ça suinte dans tous le sens. Pour autant, on ressent bien la technique des guitaristes qui en ont sous les doigts, et certains titres sont plus impressionnants que d’autres. De plus, si on a des morceaux un peu débiles sur les bords, ils permettent de mettre en exergue les autres qualités des musiciens, qui s’en donnent à cœur joie. Bref, si c’est un skeud destiné aux initiés du genre, il est aussi un disque intéressant dans son écoute et son nihilisme prégnant.

  • Rotted Entanglement
  • Felony Abuse of a Corpse feat PeelingFlesh
  • Ritual Autophagia feat Todd Jones
  • Heinous Testimony
  • Abhorrent Contraception feat Defeated Sanity
  • Repulsive Demise
  • Erotic Beheading
  • Sanctified Defilement
  • Semi Automatic Facial Reconstruction feat Travis Ryan
  • Paid in Flesh feat Dylan Walker

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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